Johnatan BARTHELEMY, "Le Moulin Naisse, Virton", www. moulinnaise. be
La roue à aubes droites de Henry de Clercq, marchand de poudre qui avait obtenu le 30 septembre 1577, l’autorisation de pouvoir chercher, tirer et souquer en par tout le pays de Luxembourg et comté de Chiny tout le salpêtre qu’il pourra trouver, actionna un moulin près de Virton avec une petite place de paquis joindant icelle, gisantes entre les eauwes à fin d’avoir tout meilleur commodité de secher lesd pouldres, et ce tant et si longtemps que led moulin aura et sera en estat. Le moulin à poudre fonctionna jusqu’au milieu du XVIIe. siècle et fut transformé en scierie, le 2 octobre 1665.
A partir de cette date, la chambre des comptes accorda à perpétuité à Henri Anselle, bourgeois de Virton, la place sur le ruisseau du dessouts du moulin banale de Virton avecq le cours des eauwes dudt ruisseau, ensemble la petite place des pasquis dépendante d’icelle pouldres où l’on y séchissait les pouldres pour y construire et ériger de nouveau une scierie à sier le bois.
Les bois environnant servaient de trésors aux communes, forges, scieries et tanneries, là où une chute d’eau pouvait donner l’énergie hydraulique, il ne fut donc jamais question de les partager.
La scierie Anselle, enregistrée au cadastre de la ville dès 1850, fut transformée en un moulin à tan avec tannerie par Jules Collignon, en 1875, c’est d’ailleurs cet emplacement qui sera racheté par Jean Naisse en 1928. Le site, après restauration et transformation, sera la dernière scierie hydraulique à Virton.
la première roue à aubes droites installée au XVIe. siècle afin d’actionner le moulin à poudre, c’est une roue à aubes concaves qui permit à la scierie de fonctionner, dès le siècle dernier. Cette dernière entraînait une scie à cadre, une scie circulaire ainsi que des raboteuses et mortaiseuses. Cet ensemble de machinerie permit aux menuisiers, charpentiers et particuliers de la région jusqu’en 1968 quand le dernier propriétaire Jean Naisse cessa toute activité.
En effet, à cette époque, les roues hydrauliques généralement employées sont des roues verticales dites de dessus ou à augets ou des roues à aubes qui sont frappées en dessous. Le choix des roues dépendait de la configuration géographique du site. Les roues par-dessous se retrouvent essentiellement dans les régions de basse altitude où les courants sont larges et abondants, alors que l’alimentation des roues par-dessus se faisait grâce à une arrivée d’eau canalisée dans un chenal d’amenée suspendu muni d’une vanne, permettant ainsi de réguler le débit d’eau.
L’idée de substituer des aubes courbes aux aubes droites de l’ancien système vient de l’ingénieur Poncelet. Cette technique nouvelle permit au moulin de gagner en vitesse, grâce à une roue présentée face au courant et sous pression, en une direction tangentielle à la circonférence de la roue. L’eau s’élève alors sans choc jusqu’à la hauteur due à la vitesse relative qu’elle possède pour redescendre plus vite en acquérant de nouveau, mais en sens contraire du mouvement de la roue une vitesse relative à celle qu’elle avait en montant. On peut donc écrire que la vitesse absolue conservée par l’eau en sortant de la roue est nulle. Cette technique a confirmé que l’énergie réellement transmise pour une roue à aubes courbes pouvait, dans le cas d’une chute de 0,8 à 2 mètres, avoir un rendement de 60 à 75% en fonction de la hauteur totale de l’eau du réservoir au point le plus bas de la roue.
Ceci représente un avantage certain sur les roues à aubes droites qui ne rendaient que 25 à 33% de rendement.
Située au bord du Ton, la roue à aubes courbes de la scierie est intégrée dans un ensemble de construction réaménagé aux XVIIIe. et XIXe. siècle. Le logis de 2 niveaux et 3 travées est percé de baies à linteau droite et appui saillant. Le rez-de-chaussée du bâtiment, surélevé, est disposé autour d’une porte centrale précédée d’un perron à double volée.
Adossée à droite du logis, l’ancienne tannerie Collignon s’ouvre sur trois niveaux, dont le second est composé de neuf baies. Contre la tannerie et en fort retrait, la scierie proprement dite repose sur les vestiges des moulins plus anciens, comme témoigne le haut soubassement en gros appareil de calcaire le long de la rivière et la façade postérieure qui portent les traces des nombreux remaniements. Les ouvertures ont un encadrement rectangulaire en calcaire.
L’intérieur du moulin conserve, en mémoire du passé, la machinerie qui a servi à actionner la scie à cadre dite «le Haut Fers» pendant plus de cent ans.
Afin de garantir au lieu son passé et de le mettre à l’abri des intempéries qui menacent toute construction, , l’ensemble des bâtiments et son mécanisme ainsi que les alentours ont été classés en novembre 1990 et des travaux de conservation sont en cours.
Dans un site superbement conservé, où l’eau et le bois conditionnaient directement la vie économique d’une région, le visiteur admirera la roue à aubes courbes par le dessous, toujours en état de fonctionnement, ainsi que son assemblage à un grand pignon à dentures en bois. Les poulies de transmission par courroies avec l’appareil d’accouplement à la scie à cadre aux masses imposantes sont aussi visibles. Le public est accueilli sur le site de la scirie et une salle didactique illustre le passé.
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La Lettre du Patrimoine, trimestriel, édition spéciale, avril - mai 2014, p. 50, ill. Interventions de maintenance 2013 Province du Luxembourg Virton Tannerie et scierie hydraulique Objet des travaux: démontage et réparation d'un pignon et de l'axe d'entraînement du chariot de sciage. Maître de l'ouvrage: privé Montant des travaux: 1.552,43 € Montage financier: SPW - DGO4 - Département du patrimoine. Direction de la restauration: 60 % des postes subsidiables (soit 931,46 €) / Maître de l'ouvrage: solde
La Lettre du Patrimoine, trimestriel, édition spéciale, avril - mai 2014, p. 51, ill. Interventions de maintenance en 2013 Province du Luxembourg Virton Tannerie et scierie hydraulique Adresse: Virton, rue du moulin, 18 Arrêté de classement: 09/11/1990, comme monument, la tannerie (façades et toitures) et la scierie hydraulique (façades, toitures, tout le mécanisme avec la roue à aubes); comme site, l'ensemble formé par ces bâtiments et leurs abords. Objet des travaux: réparation d'un pignon et de l'axe d'entraînement du chariot de sciage-compléments. Maître de l'ouvrage: privé Montant des travaux: 1.173,70 €. Montage financier: SPW - DGO4 - Département du patrimoine, Direction de la restauration: 60 % des postes subsidiables (soit 704,22 â,¬) / Maître de l'ouvrage: solde.
Literatuur
- Commission Royale des Monuments, Sites, et Fouilles, Fondation Roi Baudoin, Loterie Nationale, Ministère Wallon de l'Equipement et des Transports en collaboration avec l'asbl Qualité & Village, Wallonie, "Itineraires au fil de l'eau", Alleur, 1994, p. 42. - L. Robberts, Tayart de Borms, L., Matthys A. (ed.), Les Ouvrages Hydrauliques, Alleur, 1997, p. 121; - Jean Naisse, Le moulin de Naisse, lieu-dit 'La scierie'. Fiche 00.B1.4., Namur, Division du Patrimoine du Ministère de la région Wallonne, 2000, ill. - "Patrimoine et eau en Pays de Gaume". - Johnatan Barthélemy, "Le Moulin Naisse, Virton", www. moulinnaise. be - La Lettre du Patrimoine, trimestriel, édition spéciale, avril - mai 2014, p. 50-51, ill.
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