En juin 1807, le Préfet de "l'Ourte" autorise le sieur Jehoulet à installer sur la Méhaigne une batterie à chanvre. Une batterie se compose d'un petit bâtiment avec une roue extérieure qui a l'eau pour moteur et dont l'arbre donne le mouvement à une seconde roue intérieure: celle-ci souléve alternativement et perpendiculairement six et quelque fois huit piéces de bois, faisant marteau, de 4 m de hauteur sur 14 cm d'équarrissage. Ces espéces de marteaux frappent verticalement un seuil horizontal en pierre, élevé de 50 cm au dessus du sol. Aprés que le chanvre a été roui, lavé, séché et écrasé sous la maque, la filasse qu'on obtient contient encore beaucoup de substances étrangéres, dont il faut se débarasser. Pour ce faire, on en forme des paquets que l'on soumet à l'action de la batterie. Un homme assis au niveau du seuil de la batterie place et retourne alternativement, en tout sens, ces paquets sous les pilons. Les fils du chanvre qui a passé sous cette machine se divisent et se séparent fort bien, et la filasse est mise en état d'être livrée au commerce (5 centimes par kg à l'époque). On filait aussi peu de chanve.

Cette autorisation préfectorale est accordée à condition de ne pas rehausser de plus de 10 cm le niveau de la riviére à l'endroit du barrage et des digues, et de prendre des dispositions pour que l'accés du gué et du pont légérement en amont soit toujours possible. Un canal d'amenée des eaux sur la roue à établir aura 5 md e largeur et une vantellerie sera établie pour la remise de l'eau à la riviére. D'autres dispositions traditionnelles concernent le clou de jauge, la surveillance des travaux par l'ingénieur, la résiliation éventuelle de l'autorisation et la remise en état des lieux.

En 1858, le site, devenu moulin à farine, est vaendu par la famille Jehoulet.
En 1873, ce moulin abandonné et appartenant à la famille François Lambotte est racheté ainsi qu'une petite carriére située dans les bois de la commune par les Parmentier.

Ceux-ci, possédant en outre une carriére importante de petit granit à Modave, transformérent le moulin en atelier de découpage de blocs de pierres. Ils utilisaient toujours leur roue à aubes et avaient installé à l'intérieur un dispositif pour le sciage des pierres. Plusieurs maîtres carriers vont alors se succéder. Au XIXe siécle, le site présentait un long bâtiment en moellons de calcair e percé de six porte sen plein cintre, perpendiculaire au bief, tel qu'il apparaît encore aujourd'hui.

Au début du 20e siécle, la famille Joie rachéte le site et se fournit en blocs de pierre aux carriéres de Vinalmont det de Modave. Initialement ces blocs étaient acheminés par de lourds chariots. Plus tard, une ligne ferroviaire reliée à la gare de Moha et un pont roulant d'ouvriers travaillaient dans l'aterlier.
Vers 1929, le fils Joie modenris les installations. Il remplaça la roue par une turbine hydraulique de type Francis et améliora le systéme de découpage (découpe des blocs en lamelles moins épaisses et modification des lames). L'atelier n'utilisait plus qu'une dizaine d'ouvriers.

Aprés la seconde guerre mondiale, le petit granit ayant moins d'utilisations, on dut s'orienter dans le découpage du marbre (6 châssis de découpage). Les pierres du Mémorial "Mardasson" à Bastogne ont été façonnées sur ce site.
En 1966, l'atelier Joie cessa ses activités.

En 1985, J.L. Willot, rachéte le moulin, il remet en route l'ancienne turbine pour le chauffage de l'habitation et effectue diverses réparations au barrage et aux vannes.
En 2004, son projet hydro énergétique permet de revendre vers le réseau une production d'environ 130 MWh/an.
En 2008, une nouvelle turbine de type Kaplan est mise en place.

Léon François, Hatrival

Le moulin du pont Jehoulet a été réhabilité il y a quelques années par son propriétaire qui y a installé une turbine Francis de 28 kW et projette d'y installer une turbine supplémentaire de type Kaplan et de puissance similaire.

Le troisiéme obstacle sur le Méhaigne en remontant de la Meuse est le barrage Willot à Moha (km 60,150 ; Me 03). Ce barrage servait anciennement à fournir la force motrice dans une scierie de pierre puis le site a été réhabilité dans les années 1990 pour y installer une turbine hydroélectrique qui se décharge par un tuyau perché dans un court canal de fuite (hauteur de chute = 2,5 m). Le déversoir présente une dénivellation Dh=1,9 m et est équipé de deux vannes levantes de vidange. Une passe à poissons à bassins a été aménagée en rive gauche en 1988 et a fait l'objet de contrôles intensifs par le LDPH-ULg de 1990 à 1999 puis plus lâchement de 2000 à ce jour.
Le site (Me3) du barrage Willot sur la Méhaigne à Moha avec ses principaux constituants. De haut en bas : barrage avec rehausse vers la prise d'eau hydroélectrique, vue par l'aval de l' échelle à poissons à bassins + piége de capture, grille avant le passage de  l'eau dans la turbine.

Literatuur

(Léon François), "Le moulin du Pont Jehoulet. De la sciérie de pierres à la centrale hydroélectrique de Moha", dans: "Les Amis des Moulins", bulletin n° 16, août 2008, (p. 15-18).

Jean Claude Philippart, m.m.v. M. Ovidio, G. Rimbaud, A. Dierckx & P. Poncin, "Rapport 2009 à la Commission Provinciale de Liège du Fonds Piscicole de Wallonie. Bilan des observations sur les populations de l'anguille dans les sous-bassins hydrographiques Meuse Aval, Ourthe, Amblève et Vesdre, comme bases biologiques à la prise de mesures de gestion en rapport avec le règlement anguille 2007 de l'Union Européenne", Liège, Université de Liège - Faculté des sciences. Département des sciences et gestion de l'environnement. Unité de biologie du comportement, mars 2010, 161 p.

Frédéric Praillet e.a., "Le Pays Burdinale Mehaigne a de l'énergie. Hydro-énergie au Payes Burdinale Mehaigne. Vade-mecum à destination des porteurs de projets", Braives, Maison de la Mehaigne et de l'Environnement Rural asbl, février 2011 (PWDR 2007-2012 - Axe Leader), 92 p.

Philippe Vander Maelen, "Dictionnaire géographique de la province de Liège", Bruxelles, 1831.
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