Indissociable du vieux château, le hameau du Grand Moulin lui doit assurément son origine. Blotti à ses pieds, il s'est développé au confluent de deux ruisseaux: La Julienne d'abord, dont la vallée est l'épine dorsale du village de Saive et le ruisseau des Fosses (anciennement «ruisseau des Claires Fontaines») descendant du plateau de Tignée (du lieu-dit «La vieille prison» précisément).

Le nom du hameau rappelle l'existence de son moulin que l'on qualifiait de « grand » par opposition à celui du Mousset (le «petit" ou "moulin Lecloux"). Sa roue à aubes était actionnée par les eaux d'un bief greffé sur la Julienne et longeant le talus en contrebas de la ferme.
Du XIIIe s. au XVe s., il appartint au seigneur (ainsi que le moulin de Saivelette) mais les textes anciens (cour de justice de Saive) ne mentionnent pas qu'il fut un moulin banal. (c.a.d. une propriété dont le seigneur prend en charge l'entretien en contre-partie d'une utilisation obligatoire et payante par ses sujets).

En plus du moulin, le seigneur possédait également un vivier regorgeant de poissons. Son emplacement est inconnu mais il est cité, comme le moulin et le château d'ailleurs, dans l'acte de fondation de la paroisse (1279). Il est probable qu'il était plutôt situé sur le plateau, le long de la première enceinte du château (A l'emplacement du chemin actuel, au débouché vers l'ancienne ferme).

Il fut cédé durant le 15e siècle à des particuliers moyennant une rente annuelle.

Sa production vers 1770 était de 50 sacs de grains de blé par semaine (Importés de Hesbaye).

Son dernier exploitant fut la famille Outers. Le “Grand moulin” a cessé son activité dans les années 1930, bien des années avant la seconde guerre. La vanne du déversoir se trouvait à la sortie du Faury, près du sentier. qui montait chez Volders.

Le bief passait au pied du vieux château pour arriver sur la roue à aubes. Au pesage des sacs, il y avait une grande balance à plateaux. Monsieur Outers avait deux filles, dont la petite, Maria, était le contre-poids idéal. Elle était mince et fluette. Elle pesait 49 kilos 600. Comme les sacs pesaient 50 kilos, le compte était bon. La différence, 400 g, était pour le meunier qui cuisait ses pains pour lui-même, pour sa famille et pour les nécessiteux. Car, pour lui, la solidarité n’était pas un vain mot et il distribuait généreusement ses pains à tout qui était dans le besoin. “Li moûnî Outers”, se. plaisaient à dire les gens du coin, “c'èsteût on vî brave ome! I n’soreû polu fé ritche ! II èsteut ossi bon qu’iI pan qui magnive !” Et ce n’était pas Madame Yvonne Rombaux-Maréchal, la nièce de Maria “dè molin Outers” qui nous contredira. Elle habitait Haute-Saive et elle doit s’en souvenir.

Devenu cabinet médical et maintenant maison d'habitation. Plus de roue. Deux meules sur pelouse.

Michel ORY & Marie ERNOTTE-HOUSSET

Literatuur

Edouard Poncelet, "La seigneurie de Saive", Bulletin de l'institut archéologique liégeois, tome XXII, 1891.
Georges Abraham, "Promenade historique à Saive - Notes de Toponymie et d'Histoire", 2ème édition, Blegny-Mine, 1996.
Adrien Valentiny, "La seigneurie de Saive", mémoire de Licence - Université de Liège, 2006.
Philippe Vander Maelen, "Dictionnaire géographique de la province de Liège", Bruxelles, 1831.
Henri Del Vaux de Fouron, "Dictionnaire géographique de la Province de Liège", Liège, Jeunehomme, 1841.
Charles Meerts, "Dictionnaire géographique et statistique du royaume de Belgique", Bruxelles, Vanderborght, 1845.
Hervé Hasquin e.a., "Commnunes de Belgique: dictionnaire d'histoire et de géographie administrative. Wallonie", 2 vol., Bruxelles, La Renaissance du livre, 1980-1983.
Herman Holemans, "Enquète auprès des communes de la Province de Liège", 1984.
Lucien Simon, "Moulins de chez nous", Dison, Fondation Adolphe Hardy, 1992, p. 201.
"Marie Ernotte raconte: Les Moulins de Saive, www. saive. be
Michel Ory, "www. saive. be"
Visite de Roger Delin en 1990.