Molen van Sippelberg
Sippelbergmolen
Molen van Ganshoren
Moulin d'Ganshoren
noordzijde van de Keizer Karellaan
hoek met Landsroemlaan / coin avec l'Avenue des Gloires Nationales
Sippelberg
(vroeger) Molenstraat
voor 1841: grondgebied Jette
kadasterperceel B52
De Sippelbergmolen stond op een grote hoogte, de Sippelberg, alwaar nu de Basiliek van Koekelberg staat, aan de noordzijde van de Keizer Karellaan (Avenue Charles Quint), op de hoek met de Landsroemstraat (Avenue des Gloires Nationales). De Keizer Karellaan straat maakt deel uit van de weg van Brussel naar Gent en heette in het begin van de 20ste eeuw nog de Molenstraat.
De molen werd opgericht voor 1595 en werd heropgericht in 1622 en 1660 na vernielingen, deze laatste door Maerten van Boterdael, bij vorstelijk octrooi van 21 juni 1660 en bij toestemming van de Heer van Rivieren.
De molen staat aangeduid op de Ferrariskaart (ca. 1775) en op de topografische kaart van Vandermaelen (ca. 1850) onder de benaming "M(ouli)n de Ganshoren".
In 1855 was de molen nog steeds het enige nijverheidsgebouw van Ganshoren.
Het perceel waarop de molen stond werd in 1841 overgeheveld van Jette naar de nieuw opgerichte gemeente Ganshoren.
Eigenaars na 1830
- voor 1834, eigenaar: Theys Egidius, landbouwer te Ganshoren
- 1842, erfenis: De Boeck Maria Catherina, weduwe van Theys Egidius (zijn overlijden)
- 09.02.1851, verkoop: De Munck-Van Tricht Joannes Theodorus, molenaar te Ganshoren (notaris Crick)
- 02.06.1873, onteigening: a) Compagnie foncière du Quartier royal de Koekelberg, b) Société civile West-End, te Brussel (akte rechtbank van 1ste aanleg te Brussel)
- 31.01.1879, verkoop: Naamloze Maatschappij van het Kwartier Leopold II (notaris De Doncker).
Uiteindelijk werd de standaardmolen in 1873 onteigend door de Compagnie foncière du Quartier royal de Koekelberg en de Société civile West-End" en in 1879 door de "Société du Quartier Léopold". De sloop volgde in 1880. Dit gebeurde in het kader van urbanisatiewerken op het plateau, gevraagd door koning Leopold II. Hij dacht om op de plaats van de toekomstige Basiliek van Koekelberg een pantheon te laten bouwen ter ere van bekende Belgen.
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Le moulin du Sippelberg s'était établi sur le Sippelberg, à l'emplacement actuel de la Basilique, rue Herkoliers (une très ancienne voie, faiant partie d'une route reliant Bruxelles à Gand). Ce moulin est mentionné dès 1622. Le moulin était incendié et détruit plusieurs fois et toujours reconstruit. Le moulin fut reconstruit en 1660 par Maerten van Boterdael sur le plateau du Sippelberg, suite à un octroi du Souverain en date du 21 juin 1660 et à une autorisation du Seigneur de Rivieren.
Mentionné sur la carte Ferraris (ca. 1775). En 1855 il est toujours le seul bâtiment industriel du village. Le moulin était finalement exproprié en 1879 par la "Société du Quartier Léopold" et demoli en 1880 lors du début des travaux d'urbanisation du plateau demandés par Léopold II qui pensait déjà de faire construire à l'emplacement de la future Basilique un Panthéon à la gloire de belges célèbres.
Le moulin est fréquemment cité lorsqu’on évoque le panorama tout au long du 19e. La rue a été détournée de son tracé primitif par le creusement de la tranchée du chemin de fer. Au début du 20e siècle, elle s’appelait encore rue du Moulin.
Robert Van den Haute, "Le pieu de prétention ou droit du premier occupant chez les meuniers d'antan", in: Le Folklore Brabançon, nr. 268, déc. 1990, p. 330-335,
Les moulins ont souvent retenu l'attention des chercheurs et nombre de ces usines possèdent leurs annales même si elles ont disparu du paysage. Et pourtant, bien des aspects de leur histoire demeurent peu ou pas connus, tel celui dont il va être question.
Elément indispensable à la vie d'un village, la destruction voire même le chômage temporaire du moulin engendrait des problèmes cruciaux pour ses habitants. Il est vrai qu'à longueur d'année on pouvait voir ceux-ci y porter, à dos d'âne ou sur une brouette, des sacs de céréales à moudre. Cette opération était continuellement renouvelée au fur et à mesure des besoins car il était dangereux de stocker de la farine; on ne connaissait pas encore la gamme d'additifs, de stabilisants et d'agents de conservation, pas toujours sans dangers, en usage de nos jours. On devait éviter que la gent souris et les vers, chers aux pêcheurs, y soient à la fête sans oublier les méfaits de l'humidité.
Point de passage obligé, c'est au moulin qu'on pouvait le mieux être in formé sur tout ce qui se passait au village et même aux environs; bien plus que son curé, notre Jean-Farine connaissait l'histoire intime et la "petite histoire" du lieu, ce qui le qualifiait pour remplir les fonctions d'échevin ou d'assumer toute autre parcelle de la gestion de la localité.
C'est aussi une erreur de croire que ce fut le machinisme du 19e siècle qui vint mettre un terme à l'existence des moulins. On oublie trop souvent qu'un coup terrible leur fut porté avec l'intrusion, au 18e, de la pomme de terre dans notre régime alimentaire. Il y eut bientôt trop d'usines, lesquelles ne purent plus travailler à temps plein et ne plus nourrir son homme. Beaucoup d'entre elles entrèrent bientôt de plein pied dans l'Histoire.
Le conflit, dont le moulin à vent de Ganshoren fut quelques années l'enjeu, nous fait connaître une curieuse coutume propre aux meuniers de jadis.
Cette usine était située sur le Sippelberg - ce qui, grosso modo, corres pond à l'emplacement de l'actuelle basilique nationale du Sacré-Coeur dite aussi de Koekelberg.
On ignore quand et par qui il avait été construit; tout laisse croire que ce fut l'abbaye de Dieleghem mais malheureusement les documents font défaut, les archives de ce monastère ayant été par deux fois détruites quasi entièrement. Un de ces papiers ayant échappé aux désastres nous apprend que cette usine fut réduite en cendres en 1617 sans qu'on en donne la cause. Il est vrai que ce genre de catastrophes était le propre des moulins à vent en bois. Non seulement le feu du ciel ou suite à une négligence du meunier pouvait les dévaster, mais il arrivait aussi qu'on les détruise de propos délibéré. C'était le cas, par exemple, lorsqu'une ville, à l'approche de l'ennemi, créait un no men's land autour de ses remparts; on incendiait les clochers et les moulins, allant jusqu'à renverser ces derniers, pour empêcher que l'assiégeant ne les convertisse en observatoires pour diriger le feu de son artillerie mais aussi pour épier la tactique déployée par la place forte.
Mais le désastre de 1617 ne pouvait être fait de guerre car la région goû tait encore un certain calme, ce qui ne serait plus le cas dans les années qui allaient suivre.
En août 1619 deux maîtres meuniers s'associèrent et obtinrent l'autorisation de réédifier l'usine et de faire usage du vent, droit accordé uniquement par le souverain ou le seigneur local selon le statut du village concer né; dans le cas présent ladite permission fut donnée par les archiducs (ten regaerde van den Wint henne hoocheden toecommende).
L'abbaye jettoise ne réagit pas à la nouvelle de cette réédification. Elle n'entrera en lices qu'une vingtaine d'années plus tard, le 10 mars 1631 lors que le moulin sera en pleine activité. Avec la folie procédurière de l'époque on allait faire le bonheur des avocats et des marchands de papier et de plumes d'oie. Pendant que se croisèrent dupliques, tripliques et quadrupliques, on ne cessa de moudre ce qui importait le plus pour les habitants.
Mais la fatalité voulut compliquer à plaisir le conflit et pendant que se jouait cette joute juridique, le moulin brûla une nouvelle fois de par la négligence du meunier !
Sa journée terminée, celui-ci avait oublié de mettre l'usine à l'arrêt et était bravement rentré chez lui ; il exploitait plusieurs moulins et ne résidait pas à Ganshoren. Dans la nuit, un vent violent se leva et les ailes se mirent à tourner follement - de quoi fasciner el Quijote - échauffant les engrenages en bois, lesquels prirent feu et le communiquèrent à toute l'instal lation. Des voisins tentèrent d'intervenir mais en vain. Tous viendront déposer que l'incendie avait pris naissance à l'intérieur et que le désastre était imputable au meunier (culpa van den molder door het laten loopen).
Quelle serait l'attitude de l'abbaye et du seigneur local suite à ce nouveau désastre?
Avant François Il de Kinschot. rares avaient été les seigneurs de Jette Ganshoren qui s'étaient intéressés de près et directement à l'existence de ce village à deux têtes; certains d'entre eux n'y avaient jamais mis les pieds. Un mayeur, homme de confiance, les y représentait et avec le concours de sept échevins présidait à sa destinée. Cela avait permis aux abbés de Dieleghem, installés à demeure, de profiter de cette situation et d'en arriver à se considérer comme les véritables seigneurs de l'endroit. Mais avec l'ar rivée de François Il de Kinschot cette situation changea du tout au tout; celui-ci non seulement séjournera souvent sur ses terres mais s'intéressera à la vie de ses sujets, ce qui facilitait la tâche du mayeur et des échevins qui, avant cela, n'auraient jamais osé affronter les chanoines et leur prélat.
A cette tension sur le plan local vinrent s'ajouter les événements extérieurs ; la région bruxelloise allait avoir le triste privilège d'être visitée à plu sieurs reprises par les armées du Roi-Soleil et celles des alliés lui faisant face. Pendant dix ans, les Jettois demeurèrent sans moulin et durent, pour faire moudre leur grain, aller loin voire jusqu'à Relegem. Sur le moulin à eau que l'abbaye possédait à Jette, on ne pouvait trop compter; les défrichements faits sur les rives du Molenbeek avaient fâcheusement troublé l'écologie de la région traversée. Le débit du ruisseau était à ce point per turbé que souvent il empêchait l'usine de tourner; l'existence en amont d'un bassin de retenue ne pouvait garantir l'énergie indispensable au bon fonctionnement.
Devant cette situation doublement néfaste, François Il de Kinschot. comtifié depuis 1659, entreprit les démarches pour obtenir de la Chambre des Comptes le renouvellement du droit d'usage du vent, ce qui lui fut ac cordé le 21 juin 1660 et entériné par la Chambre des Tonlieux le 27 mai de l'année suivante.
Aussitôt après, il fit annoncer par voie d'affiche et de proclamation au sortir de la messe dominicale, qu'il vendrait la parcelle sur laquelle s'était trouvé le moulin détruit mais avec cette restriction qu'il était interdit d'y réédifier une nouvelle usine. Par contre, il mit, à quelque temps de là, à la disposition d'éventuels amateurs meuniers une autre parcelle de terrain destinée, elle, à recevoir un moulin. Or, la dite parcelle était voisine et joux tait celle frappée d'interdit !
Il se présenta un amateur, Adrien van den Daele, qui fut autorisé par le comte à édifier le moulin tant souhaité par les habitants.
Comme bien on pense, cette interdiction d'une part et cette autorisation d'autre part ne pouvaient laisser le monastère indifférent et c'est alors qu'on assisterait à l'application d'un usage molinier rarement ou jamais évoqué, à notre connaissance, par les historiens.
Dans les jours qui avaient suivi l'incendie, le preter ou garde-champêtre de Jette-Ganshoren s'était rendu à Bruxelles, au domicile du comte, pour lui rapporter que faisant sa ronde, il avait trouvé sur les lieux du sinistre, des serviteurs du monastère occupés à décharger un tronc d'arbre pour le ficher entre les quatre dés de maçonnerie du moulin détruit. C'était ce qu'on appelait un pieu de prétention (eenen staeck tot pretentie) pour pré server le droit exclusif du monastère comme premier occupant d'y rééditer une nouvelle usine.
Nanti d'instructions comtales, notre homme, le lendemain, revisita les lieux et y trouva Aert Seghers, meunier, occupé à dégager le site. Il lui in terdit, au nom de son maître, d'entreprendre quoi que ce soit alors qu'à deux pas de là tournait le moulin dont l'édification avait été favorisée par le comte. L'abbaye, elle, devait, peut-on croire, se frotter les mains devant ces faits. Les hommes de loi sauraient faire valoir ses droits sur la dite par celle et peut-être aussi en partie sur le nouveau moulin tournant à quelques mètres de là. Aussi ne se contenta-t-elle plus d'échanges de fastidieux et filandreux dossiers mais déterra-t-on la hache de guerre.
En homme avisé, et de surcroît homme de loi, le comte, en voyant la détermination du monastère, trouva sage d'aller aux informations avant d'entreprendre quoi que ce soit. Il fit demander si le fait d'avoir planté un pieu sur les lieux du sinistre conférait un droit exclusif comme premier occupant. Dans ce qui était considéré comme la bible ou recueil d'arrêts relatifs aux biens immobiliers, le Recht Domaniael de Martinez, on ne trouva aucune allusion à cet usage. La Chambre des Comptes, le 22 octobre 1660, avait déjà avisé Kinschot que, selon les dirigeants du métier des meuniers, quiconque dont l'usine venait à être détruite par le vent ou renversée, pouvait en ériger sur le site une nouvelle par priorité à conditions que soient demeurés sur place les quatre dés de l'usine détruite. C'est tout ce que la haute autorité put donner comme renseignement mais on n'excluait pas l'existence de certains usages et traditions propres au métier des Jean Farine mais n'ayant jamais été codifiés.
Kinschot voulut en savoir davantage et fit ouvrir une enquête précisément auprès d'anciens doyens de la profession.
Jean van der Noot, jadis doyen des meuniers de la région de Louvain, déclara sous serment que celui dont le moulin venait à être détruit par le feu ou renversé gardait le droit de faire usage du vent sur le site mais était tenu de planter un pieu (eenen staeck, pael off diergelijck Instrument) là où s'était trouvé l'axe vertical du moulin détruit, opération devant avoir lieu dans les trois jours suivant la catastrophe, faute de quoi on perdait tous droits. D'autres meuniers citèrent des exemples survenus entre autres à Erps, Reet, Niel, Kontich, Boom, Willebroek et autres lieux. Pierre Vinck, autre an cien, affirma avoir été plusieurs fois le témoin oculaire de cette pratique et particulièrement au quartier de Malines où le pieu devait être planté entre le 3e et le Se jour. D'autres confrères firent des dépositions similaires et le dernier qui fut entendu, Jean Beuckelaers, meunier à Neder-Heembeek, affirma que le pieu devait, au contraire, être fiché à l'endroit endéans les vingt-quatre heures et encore fallait-il que les dés soient demeurés sur place. Il en avait été le témoin au moulin du Herminusberg à Putte-lez-Berlaar où il était en apprentissage au moment de la catastrophe.
D'autres exemples furent encore rapportés mais qu'il serait fastidieux de répéter : une chose était certaine, la tradition existait et était encore res pectée, différait seulement le temps imparti pour planter le pieu.
Devant toutes ces dépositions, à l'issue d'une enquête qui lui revint assez cher, dépositions dont l'abbaye, si elle avait pu exhiber le moindre titre ancien, malheureusement détruit au cours des siècles, et dont elle aurait pu se prévaloir, on trouva préférable, de part et d'autre, de composer et de se faire des concessions réciproques.
Il fut convenu que le monastère recouvrait ses anciens droits supposés sur le moulin à la condition de payer au souverain les trois-quarts du cens pour l'emploi du vent, le dernier quart était à charge du meunier exploitant. De plus, les chanoines, en échange du droit de pouvoir faire moudre gra tuitement leur grain, donneraient annuellement douze setiers de seigle et douze florins du Rhin en espèces au comte. Celui-ci, de son côté, renonçait à faire travailler l'usine gratuitement pour lui et pour les siens et payerait pour le malt destiné à la brasserie existant dans les dépendances du château de Rivieren.
Ces conventions demeurèrent en usage jusqu'à la fin de l'Ancien Régime.
(Onderschrift afbeelding)
Le moulin a vent de Ganshoren qut,de longues annees durant, fuit'objet d'un conflit entre te premier comte de Saint-Pio de Jette et l'abbaye de Dieleghem. (Croquis inédit daté du 12 févrter 1847
(Onderschrift foto)
Le même moulin photographié en 1879. Son emplacement correspond a celui de l'actuelle basilique du Sacré-Coeur dite de Koekelberg.
Note
On trouvera toutes références archivistiques relatives à l'usine en question dans notre article: Les Moulins à Vent de Ganshoren paru dans COMTÉ DE JETTE, 1972, pp. 13 à 23. Quant aux dépositions des maîtres moliniers, actées devant notaires,voir Archives Générales du Royaume: Chambre des Comptes 47.203; Chambre des Tonlieux de Bruxelles 149 et 419; Office fiscal2.330.
Robert Van den Haute, "Les Moulins à Vent de Ganshoren", Comté de Jette, 1972, p. 13-23.
Robert Van den Haute, "Le pieu de prétention ou droit du premier occupant chez les meuniers d'antan", in: Le Folklore Brabançon, nr. 268, déc. 1990, p. 330-335,
M.A. Duwaerts e.a., De molens in Brabant, Brussel, Dienst voor Geschiedkundige en Folkloristische Opzoekingen van de Provincie Brabant, 1961;
Herman Holemans, Kadastergegevens: 1835-1980. Brabantse wind- en watermolens. Deel 1: arrondissement Brussel-Hoofdstad, Kinrooi, Studiekring 'Ons Molenheem", 1989;
Paul Bauters & Marc Villeirs, Les moulins à eau et à vent de Woluwe-Saint-Lambert et de la région bruxelloise. Histoire et technologie / Water- en windmolens van Sint-Lambrechts-Woluwe en van het Brussels gewest. Geschiedenis en techniek, Woluwe-Saint-Lambert/Sint-Lambrechts-Woluwe, 1996 (Musée communal de Woluwe-Saint-Lambert, cahier n° 2 / Gemeentelijk museum van Sint-Lambrechts-Woluwe, tijdingen n° 2).
Koekelberg racontée par ses rues. Koekelberg verteld door haar straten, in: Koekelberg News, Périodique d'information / Informatieblad, dec. 2009, p. 12-14.
"Geschied- en Heemkundige Kring van het Graafschap Jette en Omgeving", jaarboek 1976.
Ons Molenheem, 2003.
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