Molenzorg

Laken (Brussel), Brussels Hoofdstedelijk Gewest


Foto: Arthur Cosyn, 1904. Verzameling Ons Molenheem
Collectie
Verdwenen Belgische Molens
Naam

Vallemolen
Valmolen

Ligging
Charles Ramaekersstraat
1020 Laken (Brussel)

rue Charles Ramaekers
op de Molenbeek
nabij de monding van de Heizelbeek
1,2 km NW v.d. kerk
kadasterperceel C47


toon op kaart
Type
Watermolen
Functie
Korenmolen
Gebouwd
voor 1517
Verdwenen
1887, ontmanteld / 1904, sloop gebouw
Beschrijving / geschiedenis

De Vallemolen of Valmolen was een watermolen op de Molenbeek, nabij de monding van de Heizelbeek, die voor 1517 opgericht werd. De molen maakte deel uit van de heerlijkheid van Ter Plast en werd in 1517 bewoond door herbergier Jan Kemmer.Hij staat afgebeeld op de Ferrariskaart (ca. 1775) als "Val Molen" en op een kaart van 1836 als "Valle Molen".

Eigenaars na 1830:
- voor 1834, eigenaar: de Villegas, graaf Pierre, eigenaar te Jette
- 08.05.1874, verkoop: Lemmens Gustavus, ingenieur te Sint-Joost-ten-Node (notaris Scheyven)

In 1866 werd een stoommachine geplaatst, maar er werd ook nog met waterkracht gemalen. In 1887 veranderde de molen in een woonhuis.
Op een ander plan van 1891 was het molengebouw aangeduid als "laiterie de l'ancien moulin". Later werd het gebouw een landelijke dansgelegenheid. tot de sloop in 1904.

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Le Valle molen ou Valmolen était un moulin à eau le long du ruisseau Molenbeek. Il apparait déja sur le plan de Ferraris de 1777 (Val Molen).
On trouve encore mention du moulin (Valle Molen) sur un plan de 1836.
Sur un autre plan de 1891, le moulin a disparu et il est indiqué laiterie de l'ancien moulin.

Bijlagen

Robert Van den Haute, "A deux pas de Jette. Le Valmolen à Laeken", in: Ons Graafschap. Jaarboek van de Geschied- en Heemkundige Kring van het Graafschap Jette en Omgeving, X,1973, p. 33-41.

Durant  des années le Molenbeek a fait tourner trois moulins en territoire laekenois (1); ainsi, vers 1570, en quittant Jette, on rencontrait  successivement le Valmolen, le Keizersmolen et  le  Sweerts- ou Cammemolen. C'est l'histoire du premier d'entre eux qu'on va lire ci-après.

L'emplacement du moulin est bien connu du fait qu'il ne devait tomber sous la  pioche des démolisseurs qu'au mois de juillet 1904 lorsque furent aménagés les  abords  du boulevard Emile Bockstael, ouvert  depuis peu. L'usine à moudre le grain occupait le carrefour  formé de nos jours par les rues Charles Ramae­ckers  et Alfred Stevens.

Son iconographie est - pour ce que nous en avons  retrouvé - fort pauvre. Il y a d'abord un  dessin d'Emile Puttaert portant  la mention autographe de l'artiste" A  Jette - 26  avril (18)60"; cette  localisation erronée  est cause que d'aucuns ont cru qu'il  s'agissait du moulin que l'abbaye de Dielighem possédait sur le Molenbeek, à Jette, à la sortie de l'actuel Institut du Sacré-Cœur  (2).

Il y a ensuite une photo prise par Arthur Cosyn en 1904 (3), juste avant la démolition de  l'usine, photo qui permet précisément de rectifier la souscription du dessin de Puttaert; la similitude entre les deux documents ne permet pas de doute. L'erreur de  l'artiste est bien pardonnable lorsqu'on songe que le moulin se trouvait à quelques pas seulement de la limite Jette-Laeken.

Les deux documents précités ont été pris du même côté, c'est-à-dire qu'ils nous donnent tous les deux le pignon oriental du moulin. Chez Puttaert toutefois on distingue la façade du bâtiment  en bordure de la rivière dont l'annexe à laquelle on accédait par un ponceau, annexe qui n'existait  plus  lorsque Cosyn photographia l'usine.

Les cartes  et plans  consultés - ne remontant pas au delà du 18e  siècle - ne donnent que le tracé extérieur de l'ensemble.

Chez Ferraris (1771-1778) on voit un rectangle dont un des petits côtés s'appuie au ruisseau. La carte  manuscrite  de G. de  Wautier (vers 1810) donne le même dispositif mais agrandi: un petit avant-corps est venu se greffer sur la  façade principale, celle qui s'ouvrait vers l'est et où aboutissait le bout de chemin mettant le moulin en communication avec la route allant de Molenbeek­ Saint-Jean à Meysse. D'autres annexes furent accolées ultérieurement  ainsi que le  montre le dessin de Puttaert où l'on voit à l'avant-plan un grand hangar en planches où on abritait  probablement les chariots eu autres  véhicules.

Il y a aussi les plans cadastraux de Vandermaelen (1835) et de Popp (vers 1865)  (4) qui indiquent fort peu de changements sauf  la construction de quelques annexes derrière le moulin proprement dit.

Mals l'usine représentée sur les documents dont il vient d'être question n'était par  la  première à avoir moulu du grain en ce site.

Un acte de 1672 appelle péjorativement le moulin creupelmoelen c'est-à-dire insuffisant, ne   répondant  pas à ce qu'on était en droit  d'en attendre. Il avait probablement pas mal d'années derrière le  dos et de plus, devait avoir  souffert des vicissitudesdu temps. Ne l'oublions pas, à chaque  siège ou  menace de siège  de  la ville de Bruxelles, le  Magistrat  faisait détruire ou  incendier les  mou­ lins et maisons  de  quelque importance de la périphérie  de  la cité  pour empêcher que  l'assaillant n'en fasse usage. De même, un assaillant qui se  retirait  bredouille, se livrait également  aux  mêmes  actes  de vandalisme. Or, la région qui nous intéresse a vu passer et repasser combien d'armées sans oublier  les bandes ir­régulières qui adoptaient  les  mêmes  tactiques. Songeons  seulement aux 16e  et 17e  siècles qui sont  marqués d'un point noir dans  notre histoire nationale.

C'est probablement à la suite de ces événements que le Valmolen se sera trouvé, lui  aussi, en  très mauvaise  posture au point de se voir décocher le nom de creupelmolen (5). Fort heureusement, ajoute ce même document de 1672, le moulin avait  été depuis  rénové  complètement  au point de devenir un rechtenmolen répondant à tous les desiderata. Et de fait. c'était maintenant  un moulin double comptant deux roues à palettes actionnant  l'une, un moulin à blé (corenmolen), l'autre servait à moudre le  seigle (roggemolen). Ce  dispositif n'avait  rien d'exceptionnel; dans la  région bruxelloise on en rencontrait beaucoup. A Schaerbeek, par exemple, il y  avait deux usines de ce type à peine  distantes d'un kilomètre l'une de l'autre. La nécessité  de  produire  davantage  découlait de l'augmentation du chiffre de  la population  non seulement  dans les villages des­ servis mais surtout dans la capitale, ce qui nécessitait un rendement  accru.

Les documents contemporains précisent qu'au Valmolen il y  avait  tweebuitenraderen (roues  à  palettes), twee  binnenraderen  (leurs pendants  à l'intérieur du bâtiment), twee molenboomen (deux arbres  moteurs) en twee gestellen (bâtis Intérieurs comportant entre autres chacun une lanterne, une paire de meules, etc.)  (6).

De  rester des années dans l'élément liquide et d'être  soumis à  toutes les intempéries, les  installations  extérieures  - celles en bois surtout  - se dété­rioraient  rapidement et il fallait régulièrement procéder à leur renouvellement. Ainsi, pour ne donner qu'un exemple, une grande partie du barrage  dut être remplacée parce que, dit le document, il était "door Oudheid van tljde verrot en vervallen".  (7).

Comme  l'indique son nom, le moulin avait une val ou chute.C'est à dire qu'il était  du  type  qu'on rencontrait le plus dans la région bruxelloise où les ruisseaux n'étaient guère rapides à  cause du peu de pent.

Le problème de leur débit et la recherche des  moyens à mettre  en œuvre pour, nonobstant cet handicap, produire la force motrice indispensable à la mouture, furent  toujours des plus préoccupants. Pour faire tourner son «mo­teur" à la vitesse voulue pour pouvoir moudre un maximum, le meunier cher­ chait à retenir l'eau, à la faire monter le plus haut possible afin qu'elle puisse  tomber avec le plus de polos sur sa  roue à palettes. Il obtenait cela grâce à l'établissement d'un  barrage  muni  de vannes qu'on levait ou descendait suivant le niveau désiré.

Mais,si cela  profitait au meunier qui se, livrait ' à cette opération, cela pouvait ipso facto nuire aux deux moulins à voisins, celui en  amont et  celui  en aval. Ces  excès en la matière suscitèrent bien des  inimitiés, des disputes, de querelles. Nous connaissons un cas, à Schaerbeek, où  un meunier, obsédé   pa les manœuvres de son confrère en amont, 'alla tuer celui-ci à coups de fourche' (8).

Quels étaient, à vrai dire, les inconvénients qu'entraînait  le fait de  «serrer l'eau. comme on disait?

Le  moulin en aval ne recevait plus la  quantité minimum d'eau nécessair pour faire tourner   convenablement son usine  tandis  que le voisin enamor voyait l'élément liquide  stagner devant   son  barrage  et surtout  à hauteur des chute et de sa roue à  palettes. Le résultat est qu'il se formait, devant cette dernière, des dépôts de terre, de sable, d'herbes, de branchettes et autre débris; aussi devait-on souvent  aller désembourber ladite roue, ce qui se solda par des  heures voire des  jours de chômage.

Pour mettre fin à de tels abus, la Chambre des Tonlieux de  Bruxelles ava édicté des règles  sévères et  prévu de lourdes amendes à  charge des contrevenants (9). On détermina la hauteur  maxima que l'eau pouvait atteindre  au barrage de chaque moulin et  cela parun clou  de juge (pegel)  scellé  dans  le dispositif,  opération qu'on confiait  aux waeterschatters  de  ladite   Chambre. De: inspecteurs de cettemême autorité sillonnaient  à longueur d'année dans nos régions pour surprendre  les meuniers qui feignaient d'ignorer la  présence d ce clou et  faisaient  jouer leurs vannes au mieux de leurs intérêts égoïstes.

Rappelons que le  barrage comportait  deux compartiments verticaux et en faisant  qu'un à première vue: celui  juste en face de la roue à palettes par lequel  l'eau passait pour tomber sur la dite  roue  était la  vanne d'abé  tandis que l'autre comportait les glissières  qu'à volonté on  hissait ou abaissait pour laisser s'écouler l'eau non employée.

Le clou de jauge du Valmolen se trouvait, à la fin du 17e  siècle, l'usine étant en repos, à 6,5 pouces  au-dessus du plan d'eau (10); quant  à la chut! elle  avait une hauteur de  9 pieds 8 pouces. Ledit clou  qui s'ornait  met S.M Bourgeoins cruys (11)  dut être replacé et renouvelé plus d'une fois. Cela  se faisait  à  la demande des propriétaires  et meuniers ou d'office par les Waeterschalters précités et  toujours en présence des autorités locales.

Nous ne connaissons pas les dimensions de roues à palettes de notre moulin, nul document n'en fait état. Comme partout dans nos régions, les roues proprement dites auront été en chêne tandis que les palettes  étaient le plus souvent en bois  de frêne. A examiner le dessin de Puttaert, il semblerait  que la largeur de la roue équivalait au tiers de  sa hauteur.

A  chaque changement de  locataire, le  propriétaire  - souvent représenté par un notaire - et le candidat-preneur  faisaient le tour de l'installation et actaient la valeur de toutes les parties de celle-ci. Cela  nous vaut quelque détails à  propos des meules dont  la valeur était fonction  de leur  épaisseur En 1729, on  note que, pour le corenmolen, le liggende steen  (la meule inférieure dite gisante parcequ'elle  ne bouge   pas) avait 7,5  pouces d'épaisseur et le loopende  steen (la supérieure dite  courante) 12  5/8  pouces. Pour le langher molen (celui pour moudre le  seigle) la supérieure mesurait 12 1/4 pouces de hauteur tandis que pour la gisante on note "is niet meetbaer"  sans qu'on dise pourquoi  (12).

En 1742, même opération. Cette fois on  lit  pour le corenmolen: la gisante à 6 pouces, la courante 11 7/8; pour le langhen molen: la gisante 3 1/8  et la courante 7 7/ 8.  On ignore si cette diminution était le fait  des retailles succes­sives  qui étaient à charge du  meunier   (13).

Avec  les  années, le rendement des moulins à  eau diminua ce qui avait des répercussions fâcheuses   sur  les revenus du propriétaire et de l'exploitant; ce dernier se trouvera souvent dans l'impossibilité de payer le fermage aux dates prévues dans le  bail.

La  cause de  cette  dégradation est en grande partie attribuable·au ruisseau dont le débit, avec le temps, devenait de plus en plus faible et de plus en plus irrégulier. Celà  était dû au défrichement des terrains  boisés qui bordaient la rivière. De  tels sites retiennent  l'eau  et  ne  la libèrent que graduellement. Mais une  fois  ces  mêmes  lieux  essartés, il n'y a plus de réservoir  si l'on peut  dire; il y a trop d'eau au moment de la fonte des neiges et aux pluies tonentielles mais cela n'est d'aucun profit. Il faut les  laisser passer le plus rapidement pos­sible pour ne pas provoquer d'inondations  en  amont. Rappelons  que, à  Jette, le Laerbeekbos pendant des siècles  s'étendait  jusqu'au Molenbeek et l'enjambait même partiellement. Mais  plus tard, une  large  bande fut  défrichée  pour gagner des  terres  à la culture. On ne peut  aussi  oublier les étangs  assez nomb reux dans la région. Entre le moulin à  eau de  Jette et le  Valmolen, soit  sur  une distance  d'un  kilomètre  à peine, on comptait encore, au début du 19e  siècle, cinq  étangs  sur la seule  rive sud du Molenbeek. Or, certains d'entre eux avaient été convertis en pièces d'eau d'agrément faisant  partie de domaines de plaisance appartenant' à des familles aisées de Bruxelles ou étaient  loués  à  des groenvisschers (marchands  de.poissons  d'eau douce). Afin de ravitailler ces étangs ou d'en renouveler  l'eau, les moulins étaient régulièrement astreints au chômage. Ce n'étaient pas  là  les  seu!es sèrvitudes qui frappaient lesmeuniers.

Voulant remédier à cet étàt  de choses, l'abbaye  de Dielighem avait  converti des   prés   longeant   le   ruisseau  entre  l'actuel!e chaussée de  Dielighem et de l'avenue du  Sacré-Cœur  en  étang, immense nappe  d'eau  appelée  le Vondelvijver et  cela,  pour disposer  d'une importante  réserve  d'eau  pouvant   dépanner son moulin en  cas  de pénurie ou de sécheresse.

Les  propriétaires du Valmolen cherchèrent,  eux  aussi,à améliorer  le rende­ment  de  leur  usine.  En 1624, ils s'accordèrent avec les propriétaires du château voisin, dit de  ter-Plast,  et  turent  autorisés à déplacer une  canalisation souter­raine servant  à l'évacuation  de·s  eaux  jaillissant   dans  les  carrières des abords du Stuyvenberg; cette  opération permit,  dès  lors, de  déverser  les  dites .eaux dans le  Molenbeek en amont du Valmolen: l'autorisation leur était accordée  ten eeuwigen dage ten dienste van den molen (14).

Mais  la situation continua  de se désagréger au point qu'en  1741, Jean Dominique de Villegas, comte  de Saint-Pierre, propriétaire du Valmolen, voulut transformer l'usine en rosmolen c'est-à-dire  dont   la force motrice ne  serait  plus produite par l'eau mais bien par un arbre vertical placé  au  milieu d'un manège et que des chevaux feraien  tourner à  longueur de  journée. Sa demande fut agréée  par les Etats de Brabant par acte du  12 août  de  cette même année.  Mais après  établissement d'un devis et la  supputation du bénéfice que cela pourrait rapporter, on s'aperçut que  la  première  installation et son amortissement, l'achat de chevaux  et leur entretien, etc. que  tout cela  finirait parcoûter plus que ce qu'on  pouvait espérer ramasser, aussi le projet fut-il abandonné et l'acte  de conclure  hetwelcke allen meer  soude  monteeren ais de incomste (15).

Et  le Valmolen continua de travailler à la petite semaine  jusqu'au  jour où il fallut abandonner tout espoir. Ses annexes  furent démolies, après  écroulement peut-être; on  ne  les voit  plus su la photo prise  en 1904. La roue et  le  barrage disparurent à leur tour; il ne  demeura  bientôt  plus que le bâtiment principal et une petite chute d'eau d'à peine  un demi-mètre  de hauteur. La bâtisse n'en continua pas moins de s'appeler "moulin" - bien qu'elle  eut été convertie en estaminet.  Puis, un jour, on fit table rase et le ruisseau, voûté, se trouva ravalé au rang d'égoût !

 * * *

Par qui le premier Valmolen avait-il été construit et à quelle époque? Aucun document n'en  parle, aussi faut-il  procéder par déductions.

Le  prieuré de Grand-Bigard fut tout au long de l'Ancien Régime  propriétaire de ter-Piast, le   hameau de Laeken où était située l'usine, et cela pour l'avoir reçu des chevaliers de Bigard  (16).

Dès lors se pose la question: est-ce cette communauté religieuse qui établit  le moulin à moins que ce  ne soient les de Leu (Sieeuws). importante famille bruxelloise à qui ce même site avait été donné en  fief  par le prieuré, hypothèse plausible car des liens intimes existaient entre  eux et certains de Leeu furent  prévôt de  la communauté (17).

Une  descendante, Marie Sleeuws, porta. vers 1310, une partie  u fief laekenois en dot  à son époux Jean  van Buyseghem  dit  Buys  (18).  Or, ce  dernier appartenait  à une famille où de père en fils on  était  exploitant  de moulins; ils détenaient habituellement  plusieurs usines à la fois et, entre  autres, à cette même  époque,le Voortmolen qui  tournait à Schaerbeek au lieu-dit Jérusael m (19).

De  tout quoi il n'est pas interdit de penser que le  Valmolen existait  déjà. Plus tard, une descendante directe, Marie van Buyseghem  dite Buys et son époux Jean van Heck aliénèrent  leur  part du Valmolen qui, vers 1504, passa alors dans le patrimoine de  Gheert Kemmerjans (20). Un  copropriétaire  du moulin, Wencelin de  Leeu (21). en fit autant à peu de temps de là et Kemmer­ jans se trouva posséder l'entièreté de l'usine ainsi que les terres voisines. Il n'était pas meunier  de son  état  mais tenait sur la Grandplace de Bruxelles  la taverne  portant enseigne Au  Sac. On  sait  qu'il mourut le 29  décembre  1525  et que son épouse le suivit dans la tombe le 13 juin 1550. Tous deux reposaient  à Sainte-Gudula.

Ce fut lèur fille Pétronille  Kemmerjans qui hérita de leurs biens. Quoique fille de cabaretier, mais dont  la  bourse  devait être abondamment garnie, elle avait  épousé maître Jean Reynen, avocat et   procureur  au Conseil de Brabant. Les époux allaient acquérir d'autres  terres à  Laeken aux abords du moulin. Pétronille mourut en 1570 et son mari trois ans plus tard (22).

Le ménage comptait plusieurs enfants qui, tous, occupèrent des situations fort  enviables. Ainsi, leur 'fille  aînée devint dame en Laeken c'est-à-dire pn priétaire d'une des sept seigneuries  de ' l'heptàrchie de cette même commun son  frère Godefroid Reynen, à qui écut une partie du Valmolen, entrep1 des démarches pour revaloriser cette usine. Il s'adressa à la Chambre des Tonlieux de Bruxelles pour que  soit mis  fin au trouble qu'il  subissait   dans l'exploitation de celle-ci. Grâce à ce document on  sait  qu'il  y avait, à  cette époque trois moulins à Laeken  sur le Molenbeek. Le Keizersmolen, qui était la cause 

Cette part du moulin fut loin d'être une source de   jouissance  pour le acquéreurs. Les tracasseries de la  part  des   autres  membres de la famir Reynen se multiplièrent. Tout y régnait sauf la concorde,  d'autant  plus   qu certains d'entre eux avaient élargement   hypothéqué leur quete-part  (25). Il y et des  saisies  qui  n'allèrent pas  sans  déranger la douairière della Faille qui n'avait rien à voir dans  ces difficultés financières mais ·néanmoins en  subissait  le  contre-coup! De guerre lasse,  elle céda  ses droits, en 1656, à Anne Reynen, fille de Godefroid Il Reynen  et  épouse de Charles de Kempenere (26).

 Cette opération n'eut pas le don d'apaiser les esprits. Ajoutez à cela qu' y eut bientôt des mineurs d'âge parmi les copropriétaires et que leurs curateur se trouvèrent en butte à la malveillqnce des autres détenteurs de parts (27).

Enfin, en 1727, les détenteurs de parts qui étaient trois: Gaspard de Beautor les enfants mineurs de feu François van Heymbeke  et François-Joseph de Pargaert décidèrent de commun accord de vendre  le  Valmolen (28). Cela se fait devant la Chambre d'Uccle; on désirait  obtenir récolter 6.800 florins  agent déchange. C'était vouloir beaucoup;  il y  eut  dix-huit vacations et  à  l'issue  de le dernièreon se contenta de ramasser 5.100 florins qu'on s'empressa de se partager.

L'acquéreur n'était autre que Jean-Dominique de Villegas - fondateur  de la branche de Jette   - et on épouse MarJe-Thérèse du Bois dite van del Bossche. Le Valmolen allait rester dans leur  famille  jusqu'au moment de la démolition en 1904. Seront successivement  propriétaires  du moulin  après  leu décès: Marie-Françoise de  Villegas, douairière du baron Jacques de Surmonl dont  la succession fut  liquidée en 1815. Balthasar de  Villegas (t 1835), Pierre  dt Villegas (t 1855) et  enfin Léon Balthasar de  Villegas qui mourut en 1917   (30).

* * *

Que  sait-on des meuniers qui exploitèrent le Valmolen ?

Voici ceux dont le nom  est venu jusqu'à nous.

Georges STOCKMANS, signalé  de  1655  à 1672. Il appartenait à une im­portante famille de meuniers de la région bruxelloise; il était aussi colocataire du moulin à vent de Ganshoren tandis que son frère avait pris le Cammemolen à bail   (31).

Catherine  VAN DE SANDE, veuve Peter BOGAERTS, citée  dès 1672; elle vécut  près  d'un demi-siècle  au  Valmolen. Dans  les  dernières années, elle s'était assuré le concours de son beau-fils, Jean de CANTER  (32). Celui-ci, après la mort de Catherine, continua  de  travailler   au  moulin  jusqu'en 1729 ; il fut quel­ ques années  l'associé de André  PANNELS  dont la  famille figure aussi par les dynasties de meuniers bruxellois (33).

Judocus de BASER, meester molder van Brussel, s'installa  au moulin après la  conclusion  d'un bail  avec le comte Jean-Dominique de Villegas le 24  jan­vier 1729.  Il était  apparenté à Jean de CANTER précité. Ledit  bail  prit cours à  la ml-mars et  le loyer était de 250  florins argent  de  change  l'an. L'objet du contrat est décrit comme étant "sekeren  terwe  ende  corenmolen gestaen ende gelegen tot Laecken geheeten den Valmolen metlen huyse, stalle, Schueren, boomgaert  gelijck  oock de Weljdendaeraen gelegen  (34).

Le preneur pouvait  résilier le contrat de trois en  trois ans et il lui était interdit  de sous-louer l'usine  sans accord préalable du propriétaire. Le loyer devait être payé en deux fois au cours de l'année. Le preneur  s'engageait  à entretenir convenablement l'usine et particulièrement les Cammen (les  engrena­ges), splllen (la lanterne), tappen (les tourillons), banden (cerclages  des roues et des  meules), cabels, winden (courroies), zeelen (cordages), Schuddeberden (vannes), buyten ende  blnnenraderen (roues  extérieures et intérieures), ende generalyck alle  andere roerende wercken soo buyten als binnen, ende naement­lyck oock den meuleboom (arbre moteur)  (35).

L'épinçage des meules, c'est-à-dire la retaille était à la charge du preneur. Au  fin du bail, au moment  de la prise de congé, on ferait appel aux bons offices d'experts pour refaire le tour du propriétaire et, entre autres, pour mesu­rer l'épaisseur des meules dont le degré d'usue était  dédommageable au pro rata des pouces perdus en hauteur  (36).

Parmi les autres  obligations imposées au meunier, il y avait celle de curer le  ruisseau depuis son  usine jusqu'au ponceau en aval  sous  le  chemin de Molenbeek-Saint-Jean-Meysse   (37).

Sur le dessin de Puttaert, reproduit ici, on voit que le Molenbeek était bordé d'arbres; le meunier ne pouvait les couper mais  seulement  truncken de trunckboomen ende sleuren  de opgaende ende wlntscheuten des arbres fruitiers (étêter les saules, émonder les lutais et couper les  pousses folles). Il pouvait supprimer les  arbres morts à la condition de les remplacer. Quant aux impôts grevant l'usine,  ils étaient payés par le propriétaire et le locataire fifty-fifty  (38).

Les comptes de  gestion font apparaître que le meunier devait certaines corvées tels  que transports pour le  propriétaire; on sait ainsi  que de  Baser avait véhiculé du hoe (foin), houlle (charbon), et de la "torve asse" (cendre de tourbe employée comme  engrais). Il devait livrer de  la farine  à de Villegas et par-ci par là on mentionne un sac de première qualité appelée belle-fleure  (39).

Si, au début, les relations entre bailleur et preneur furent placées  sous le signe de  l'entente cordiale, celles-ci  ne tardèrent  pas à se gâter. Dès 1730, le meunier eut difficile de payer le fermage, situation  qui devait aller empirant. En 1732 de Villegas fit effectuer une saisie-arrêt sur les biens meubles de Baser et sur un quart de la caution déposée en sa faveur. L'année d'après on  fit une nouvelle saisie, aussi de Villegas fut-il heureux de voir partir son locataire en 1735.

L'usine fut alors louée à Peter GEETS et à son épouse Jean van den Borre, maitre-meuniers à Bruxelles (40).

Fut-ce à la  suite des guerres de Louis XIV ou à la déchéance du moulin, le propriétaire rencontra les mêmes difficultés qu'avec de Baser (41). Les Geets abandonnèrent la partie en 1739 et furent remplacés, pendant neuf  mois, par Judocus SEGHERS (42). Un document nous apprend qu'il produisait en moyenne 12 sacs de  farine par jour dont  trois revenaient  de plein droit au propriétaire.

Cela  faisait, lit-on, 360 sacs par mois et 3.280 pour le temps qu'il passa au Valmolen. Chacun de ces  sacs ayant une contenance de 2 setiers donnait un total de 6.288 setiers pour les trois trimestres (43).

A  son départ  - à moins que ce ne  fut à son décès - le moulin fut repris par Peter GEETS dont il a été question. Son fils se porta garant de la  gestion de son père mais la situation ne  fut guère plus brillante que la première fois.

Le 7 février 1742 Jan CEULEMANS lui succéda. Le contrat était  similaire  aux précédents à cette différence  que maintenant  de Villegas se réservait al het fruit  of de vruchten die ieder jaer op de boomen soo happelaers, pelrelaers, notelaere  ende  krieckenlaere slaende sur le site du moulin.

Le bail fut renouvelé en 1753.

L'usine sera ensuite exploitée par des meuniers  associés, François CEULE­MANS (44), fils du précédent, et Jan VAN DER BORGHT (45); ils renouvelèrent leur bail en 1789. Le citoyen Ceulemans - nous sommes sous  régime  français - éprouvera des difficultés financières à paritr de  1798 et sera bientôt  redevable de deux années de fermages.

Après lui, son  fils, Jacques CEULEMANS (46), tentera  mais en vain de re­dresser la situation; mais ses dettes atteignirent bientôt la somme rondelette de 4.355 florins !

Vraiment le métier de meunier sur le Molenbeek ne nourrissait  plus son homme. Ceulemans finit par  accepter, le cœur  gros, qu'on vende publiquement ses deux chevaux, ses vaches,ses karren, ploegen, eggen, het molders en ackers gerief, zijn hoey, stroey, ainsi qu'une partie de  son mobilier sans oublier le produit à venir de ce qu'il avait semé et  planté (47).

C'était pour le Valmolen une fin bien lamentable...

Notes

(1) Arch. Générales du Royaume, Greffes scabinaux n° 4.158, t. 166 v° et 187.
(2) Collections iconographiques de l'I.R.P.A.
(3  A. COSYN, Laeken Ancien et Moderne, Bruxelles, 1904, p.7.
(4l Section C, parcelle  47.
(5  Archives de l'Etat à Namur, Fonds de Corroy-le-Château, n° 2.359.
(6) Idem.
(7) A.E.N., Corroy, n° 2358.
(8) R. VAN DEN HAUTE, Les Moulins de Schaerbeek, étude inédite.
(9) MARTINEZ: Het Recht Domaniael, Bruxelles,1692, et A.E.N.,  Corroy, n°  2.359.
(10) MARTINEZ, op. cit., p.  262.
(11) A.E.N., Corroy, n° 2359.
(12) Idem.
(13) Idem.
(14) A.G.R., Gr. scab., Bruxelles, no 4.525 f° 3. A.E.N., Corroy, n°  2.357. A.G.R., Chambre  des Comptes de Brabant,n° 44.843, f° 175 v° et n° 44.845, f° 314 v°.
(15) A.E.N., Corroy, n° 2.359.
(16) L. GALESLOOT, L'Ancienne Heptarchie  de Laeken Notre-Dame, Gand, 1878, p. 38.
(17) Pour cette famille voir: H.-C. van PARYS et F. de CACAMP: Généalogies  des familles Inscrites aux  Lignages de  Bruxelles en 1376, Bruxelles, 1971, pp. 222 et ss.
(18) Pour les van Buyseghem dits Buys, voir idem, pages 277 et ss.
(19)  Voir note 8.
(20) A.G.R., Chambre des Tonlieux, n° 82, 1n 115.
(21) A.G.R., Gr. scab., 4.517.
(22) Pour les Reynen, v. Bibl. Rie, Ms Il, 6.607, f° 207.
(23) A.G.R.,  Gr.  scab., 4.516 f° 187 et 4.529.
(24) B.A., Mss  II, 6.540, t. 60, 11.
(25) A.G.R., Gr. scab. 4516 et 4.525, f° 81 v°.
(26) A.G.R., Gr. scab. 7.241.
(27) A.E.N., Corroy, n° 2.357.
(29) Idem et A.G.R., Gr. scab., 7.241.
(29) A.G.R., Gr. scab.,  4.524 et 4.525.
(30) A.E.N., Corroy, 2.359.
(31) A.G.R., Gr. scab., 9.502. A.G.R.,Office fiscal, 2.330.
(32) A.G.R., Etats de Brabant, 6.022,  f° 30 et 6.023. A.G.R., Gr. scab.,  4.525, t. 3. A.E.N., Corroy, 2:.57.
(33) A.G.R., Gr. scab., 4.525, f° 10. A.E.N., Corroy, 2.360.
(34) A.E.N., Corroy, 2.359, 2.360 et  2.361.
(35) A.E.N., Corroy, 2.360.
(36) Idem.
(37) Idem.
(38) Idem.
(39) A.E.N., Corroy, 2.359.
(40) A.E.N., Corroy, 2.359 et 2.360.
(41) Idem.
{42) Il appartenait, comme les autres meuniers cités, à des familles bruxelloises qui, depuis des  siècles,  exploitaient des moulins dans la région entourant la capitale et à l'intérieur de celle-ci.
(43) A.E.N., Corroy, 2.362.
(44) A.E.N., Corroy, 2.359.
(45) A.G.R., Etats de Brabant, 6.023 !0 '37, 6.024 1° 16, 6.026 fo 16, 6.027 !0   16, 6.028 fQ 8.
(46) A.E.N., Corroy 2.359.
(47) ldem

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Arthur Cosyn, "Les anciennes Seigneuries de Laeken", in: Annales de la Société Royale d'Archéologie de Bruxelles, tome 30 fasc. I, p. 39:
"En 1517 Gérard Kemmer Jans, tavernier du "Sac" à Bruxelles, fit l'acquisition du moulin de Ter-Plast, c'est-à-dire due Vallemolen. Il l'acheta à Wencelin de Leeu. En 1573, ce moulin appartenait à Godefroid Reynen, avocat au Conseil de Brabant, petit-fils de Gérard Kemmer Jans. D'après l'acte de 1517, le moulin et ses trois atangs étaient contigus aux biens ayant appartenu à Walter Magnus, puis à Guillaume T'Serclaes.
Le moulin fut cédé par Godefroid Reynen à Charles dellla Faille et Hélène Maes, son épouse. Un accord intervint entre eux en 1624. Jean-Dominique de Villegas de Kinschot en fit l'acquisition een 1727 (Sekeren watermolen met huysinge, boomgaert, weyden, twee vyvers, etc., ter  plaetse geheeten de Valle, wesende eenen terwen ende coren molen, groot t'saemen drye bunderen... aen welcken molen den heere baron de Poederlé ten eeuwigen daege moet laeten volgen het waeter commende van de Poelbeke (schepengriffie N° 4525)).
Après avoir été longtemps transformé en petite ferme ou en guinguette, le Vallemolen fut rasé en 1904, lors de la création du boulevard Emile Bockstael et du voûtement du Molenbeek."

Literatuur

Robert Van den Haute, "A deux pas de Jette. Le Valmolen à Laeken", in: Ons Graafschap. Jaarboek van de Geschied- en Heemkundige Kring van het Graafschap Jette en Omgeving, X, 1973, p. 33-41.
Arthur Arthur, ""Laeken Ancien et Moderne", Bruxelles, Bulens, 1904, passim.
Arthur Cosyn, Les anciennes Seigneuries de Laeken", in: Annales de la Société Royale d'Archéologie de Bruxelles, tome 30, fasc. I, p. 39.
M.A. Duwaerts e.a., De molens in Brabant, Brussel, Dienst voor Geschiedkundige en Folkloristische Opzoekingen van de Provincie Brabant, 1961;
Herman Holemans, Kadastergegevens: 1835-1980. Brabantse wind- en watermolens. Deel 1: arrondissement Brussel-Hoofdstad, Kinrooi, Studiekring 'Ons Molenheem", 1989;
Paul Bauters & Marc Villeirs, Les moulins à eau et à vent de Woluwe-Saint-Lambert et de la région bruxelloise. Histoire et technologie / Water- en windmolens van Sint-Lambrechts-Woluwe en van het Brussels gewest. Geschiedenis en techniek, Woluwe-Saint-Lambert/Sint-Lambrechts-Woluwe, 1996 (Musée communal de Woluwe-Saint-Lambert, cahier n° 2 / Gemeentelijk museum van Sint-Lambrechts-Woluwe, tijdingen n° 2)
Mailbericht Wim van der Elst, voorzitter van Laca, 06.11.2013.

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Laatst bijgewerkt: woensdag 18 december 2013

 

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