Au sud du village, à un kilomètre du centre de la localité, apparaît le lieu-dit "champ du Moulin".
Le toponyme est confirmé par la toute proche "ferme du Moulin" ou encore par la "rue du Moulin", qui conduit à cette dernière. Le site est typiquement celui des moulins à vent.
Il correspond à la pointe d'une crête bien dégagée qui se prolonge en s'abaissant progressivement jusque dans le village d'Eugies. A moins de 500 mètres au nord-est de la ferme se trouve d'ailleurs un site dit "Tout vent".

Le 27 février 1773, remise à la Chambre des Comptes de la requête de François-Joseph de Verchin habitant du village d'Eugies, à deux lieues de Mons, tendant à obtenir octroi pour l'érection d'un moulin à moudre grains audit village.

Le 15 juin 1787, avis de l'official Brogniez sur la demande que fait Lector de pouvoir construire un moulin à moudre grains au village d'Eugies.

Le 25 aôut 1787, remis à M. de Kulberg les actes de novembre et décembre 1786 et 2 janvier 1787 concernant la demande faite par Jacques-Joseph Michez de pouvoir ériger un moulin au village d'Eugies et la requête des habitants du village d' "Ugies" de pouvoir ériger eux-même ce moulin.

Octroi, du 30 août 1787, pour l'érection d'un moulin à vent, en faveur des gens de loi d'Eugies, au profit  des seuls habitants de cet endroît, à placer sur un terrain appartenant en propriété à Antoine Denis, ancien mayeur d'Eugies, et à portée du grand chemin du Mons à Blaugies, aux frais de la communauté, à charge d'une reconnaissance annuelle d'un muid de froment. Il n'y sera perçu que le 32e jour droit de mouture, au lieu du 16e qu'on paie aux moulins banaux.
Il n'y avait à Eugies, pour ses 950 habitants, aucun moulin.
Cela annulait une demande faite en 1786 par Michez, de Montigny-sur-Roc, moyennant une indemnité de cent florins. Mais il y avait eu à cette demande opposition du prince de Gavre, seineur du lieu, qui évoquait la qualité d'étranger de Michez et une demande faite par feu son père le 26 avril 1767.

Le 22 juin 1789, la communauté d'Eugies obtient une prolongation de six mois pour la construction de son moulin à vent (octroi du 30 août 1787).

La criée du moulin à vent fut faite à Eugies, proche le pilori, vers onze heures du matin après son de cloche, le 31 janvier 1788. Il devait être construit sur le modèle de celui qui existe actuellement au pâturage de Quaregnon.

Il fut adjugé aux prix de 8149 livres à Jean-François Claise, deumeurant à Frameries. Il devait être en activité le 25 août 1788. L'entrepreneur n'avait pu l'achever pour la fin d'août mais peu après, le 28 octobre 1788, un échevin d'Eugies et l'entrepreneur ont déclaré au préposé Renier que le moulin était achevé et prêt à tourner. Renier ajoute: "et l'entrepreneur que j'avois fait appeller m'a assuré que ce moulin avoit tourné la première fois le 6 décembre dernier, et qu'il continuoit depuis lors à être en activité".

Le moulin a vent a disparu entre 1789 et 1830.

Jules DEWERT & Gérard BAVAY

Archives générales du royaume à Bruxelles, Conseils des Finances, carton 770, 786.
Archives générales du royaume à Bruxelles, Conseil du Gouvernement général, liasse 1148, farde 134; liasse 1160, farde 134D, n° 13.
Jules Dewert, "Les moulins du Hainaut. Arrondissement de Mons", Annales du Cercle d'histoire et d'archéologie de Baudour, t. 4, 1939, p. 1-202 (43-45).
"Moulins en Hainaut", Bruxelles, Crédit Communal, 1987.
Gérard Bavay, "Patrimoine et histoire des moulins en Hainaut - Inventaire descriptif" - Analectes d'histoire du Hainaut, tome XI, Mons, Hannonia, 2008, p. 224.