Guillaume Merlin, bourgeois de Mons eut octroi le 16 mai 1735 pour un moulin à vent au Pâturage de Quaregnon, à condition de louer ceux de Jemappe et de Frameries. Il les remettra au bout de 25 ans dans le même état que H. L. Castaigne et Ophain, dame de Bois-Seigneur-Isaac et d'Ophain, veuve feu le conseiller et receveur général des actes et subsides du Hainaut, Antoine Belhomme, les aura relivrés.

Ce troisième moulin devait d'autant mieux servir les habitants de la prévôté de la ville de Mons soumis à la banlité des dits moulins et les empêcher d'aller moudre ailleurs. Il ne satisfait pas les habitants, en ce qu'ils supposaient que lorsqu'il ne faisait pas de vent, ils ne pouvaient avoir leurs grains moulus. Pour les apaiser de ce chef, Merlin se fit délivrer en octroi, le 20 janvier 1740 pour l'érection d'un moulin à eau à moudre grain "à un endroit de Quaregnon, situé entre le pont dit au Bourdeau et la Planche de Wasmueul, près du ruisseau de Wasmes et éloigné d'un quart d'heure de la rivière et ce pour le terme de 35 ans, du 16 mai 1741 au 16 mai 1775, l'autorisant de diguer à cette fin le ruisseau et de le mener et approfondir où il conviendra pour donner à l'eau la pente n écessaire", à charge d'une reconnaissance de cinquante florins par an, outre celle de 1200 florins par an qu'il paie pour les trois moulins à vent de Jemappe, Frameries et du Pâturage de Quaregnon octroyés le 16 mai 1735 pour 25 ans, terme prorogé à 35 ans en 1740. Merlin se trouvait alors engagé dans un procès frayeux devant le Conseil de Hainaut contre les habitants des villages qui prétendaient se soustraire à la banalité des moulins.

Dans une requête du 14 décembre 1763, Guillaume Merlin écrivait, "nonobstant ce double avantage et la construction de ces deux moulins, ces mêmes habitants viennent d'imaginer un autre moyen de se soustraire à la banalité. Ils s'avisent d'aller brasser en la ville de Saint-Ghislain pour avoir occasion d'y faire moudre leurs brays; ils font ensuite transporter chez eux les bierres qu'ils y ont brassé et pour d'autant mieux colorer la fraude qu'ils commettent à la banalité des moulins de Sa Majesté ils prétendent que c'est de la bierre qu'ils achettent en la dite ville de Saint-Ghislain qu'ils font ramener chez eux".

Le remontrant réclame donc contre la fraude et demande qu'on la réprime. Le conseiller rapporteur donne son avis sur la banalité, "il est impossible de soutenir une banalité des moulins, surtout de ceux à vent, puisque la banalité" ne peut être en son entier que pour autant que les moulins puissent servir le publique, et qu'après qu'un particulier a posé son grain trois jours dans le moulin ne pouvant l'avoir moulu le peut transporter où bon luy semble pour le faire moudre, et il ne paroit que le dit fermier aurat bien de la peine de gaigner son procès contre les habitans des villages cy-devant dis".

En 1792, Joseph Hulin est fermier des deux moulins banaux de Sa Majesté à Quaregnon. François-Joseph Bernier est fermier du moulin à vent de Sa Majesté au Pâturage. A Pâturage il y a au-delà de 700 ménages, à Quaregnon plus de 200 ménages assujettis à la banalité des deux moulins qui s'y trouvent.

Le moulin à vent existait encore en 1833.

Jules DEWERT

Archives générales du royaume à Bruxelles, Conseil des Finances, carton 761, 789.
Philippe Vandermaelen, "Dictionnaire géographique de la provincie de Hainaut", Bruxelles, 1833.
Alphonse Gosseries, "Les moulins domaniaux de Mons", Annales du Cercle archéologique de Mons, XXX, p. 133, 134.
Jules Dewert, "Les moulins du Hainaut. Arrondissement de Mons", Annales du Cercle d'histoire et d'archéologie de Baudour, t. 4, 1939, p. 1-202.
"Moulins en Hainaut", Bruxelles, Crédit Communal, 1987.
G. Bavay, "Patrimoine et histoire des moulins en Hainaut", Mons, Hannonia, 2008 (Analectes d'Histoire du Hainaut, tome XI).