Molenzorg

Tilff (Esneux), Luik


Collectie
Verdwenen Belgische Molens
Naam

Nouveau moulin
Fenderie de Tilff

Ligging

4130 Tilff (Esneux)
toon op kaart
Type
Onderslag watermolen
Functie
Korenmolen
Gebouwd
1542
Beschrijving / geschiedenis

Le nouveau moulin de Tilff est celui qui fut établi dans le cours du XVIe siècle à l'emplacement de l'actuelle usine de la Vieille-Montagne. En 1595, il est encore qualifié "nueff mollin" (1).

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1. - Collar II le Moulnier

C'est Collar ou Nicolas de Presseux, connu comme son père, sous le seul nom de « Collar le Moulnier » qui édifia ce nouveau moulin. Sous la date du 4 janvier 1542, il obtint du chapitre la concession du coup d'eau et un tiers de bonnier de terre pris des wérixhas sur la rive de la rivière ; sur ce terrain, il édifia la construction qui devint le nouveau moulin banal de Tilff. Il payait de ce chef au chapitre de Saint-Lambert une redevance annuelle de 13 muids spelte et 22 chapons dont la mention apparaît dans les comptes de la cathédrale dès l'année 1543 (2).

Le 15 février 1543, il avait assigné au chapitre certains biens à Tilff en garantie de son rendage (3). Enfin, le 23 janvier 1544, il se faisait confirmer par la cour de Tilff l'étendue des droits et devoirs du meunier suivant la constitution de 1393 (4). Si Collar, au cours d'un demi-siècle, n'a cessé de demeurer le maître du moulin banal, on peut se demander s'il le dirigeait lui-même. Nous avons vu son frère Jacques intervenir en 1546, 1549. Le 6 février 1544, Collar le Moulnier de Tilve donne en stuit pour neuf années à Henry fils feu Henry Martinon "le mollin, by, uzine, appendices et appartenances condist le mollin banale de Tilve... deux bonniers de pré joindant... etc... ". Il est dressé inventaire du matériel remis. Il est malaisé de savoir s'il s'agit ici du vieux ou du

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nouveau moulin. Certaines mentions nous donnent à penser qu'il s'agit plutôt du vieux moulin, mais dans ce cas, il est curieux de voir au même moment les deux moulins affectés de la qualification «moulin banal de Tilff» (5).

Collar le Moulnier, deuxième du nom, est la personnalité marquante à Tilff en cette seconde moitié du XVIe siècle ; son activité se manifeste en tous domaines. Avec Jean Fouaige et Jean Denis de Tilff, il obtint du chapitre les droits à la pêcherie de Tilff et paie le cens de ce chef, notamment en 1570. Cette même année, il a repris avec Guillaume de Surlemont le dîme de Tilff moyennant 100 muids spelte (6). Le 27 août 1572, il obtient avec le même Guillaume de Surlemont — son parent sans doute — et Hallen de Visé bourgeois de Liège « "le pouvoir d'enfoncer des bures pour extraire les mines de fer et autres minerais » dans les bois de Tilff sur une étendue de 20 bonniers situés au lieu dit en Froiture a passiau de Hayen et des » environs, moyennant redevance de la sixième parte de ce qui sera extrait" (7).

A cette même époque -. 1574 - son fils Guillaume reprend la brassine banale de Tilff. Dès 1550, Collar est cité en qualité de submayeur de la cour de Tilff, dans la suite il fut mayeur de cette cour de justice. Il est encore en vie en 1586 (4). Tel apparaît ce Presseux, mêlé à toutes les activités locales et pourtant nous sommes mal documentés à son sujet, car les archives de Tilff présentent de sérieuses lacunes à cette époque. Pour cette raison aussi, nous n'avons pu découvrir le nom de ses épouses. Nous savons uniquement qu'il fut

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marié deux fois et qu'il laissa de nombreux enfants: sept de ceux-ci sont mariés et apparaissent dans cette proportion (1/7) comme ayant-droits du meunier. Les quatre fils mariés interviennent à Tilff à des degrés divers: Collar III le Moulnier succède à son père et nous allons en parler. Guillaume le Brasseur apparaît dès 1574 à la brassine et il en sera question au sujet de cette demeure, ses descendants se retrouvent à Chinvaux. Jacques le Moulnier est mort peu après son père et avant 1592; dès cette date, ses enfants interviennent à Tilff, son fils Jean se fera une propriété en rassemblant autour de la ferme de Paradis, la plupart des anciennes terres des Presseux au-delà de l'Ourthe.

Léonard enfin s'installa à Liège où il fut prélocuteur; il épousa, suivant convenances du 10 novembre 1573, Barbe de Kemexhe (9). Lui et ses enfants apparaissent encore à Tilff au sujet de certains biens de famille, notamment de la brassine. Mais ils demeureront à Liège où ils furent prélôcuteurs et avocats; ils sont habituellement connus sous le nom "de Tilff" ou "Tilff", plus tard Presseux de Tilff. Un cinquième fils de Collar II le Moulnier est Georges de Tilff, prieur du monastère de Beaufays, et apparaissant à ce titre de 1597 à 1622. Il joua à Beaufays un rôle important, son épitaphe le dit « conservateur et second » fondateur des biens de ceste église ». Il intervint à Tilff, en 1598, au nom et en faveur des enfants de son frère, Guillaume le Brasseur (10).

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Les trois filles de Collar sont mariées à Bastin de Noirivaux (11), à Barthélémy de Crocktea et à Orban de Nynayne (12).

2. - Collar III le Moulnier

Ce troisième Nicolas ou Collar prend la succession de son père vers 1590, il est échevin de la cour de Tilff dès 1592, puis mayeur de cette cour comme son père; il intervient, en 1590 et 1595, dans divers arrangements de famille. Il est en procès en 1595 avec son frère Léonard au sujet des droits de mouture réclamés par ce dernier (13). S'il reprend la situation de son père à Tilff, son rôle fut beaucoup plus bref, car il est mort avant 1605. Il avait épousé Jehenne (dite de Theux, à Tilff), fille de Houbin Counet le Corbesier, de Theux (14). La mort de Collar va marquer pour sa veuve et ses enfants le début d'une période critique. Les quatre fils mariés de Collar II sont morts aux environs de 1600, et ces décès successifs posent les mêmes problèmes dans toutes les branches: difficultés de poursuivre l'activité familiale, nécessité de partages, mises aux enchères des biens et cessions de parts.

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En 1605, Jehenne de Theux est veuve de Collar le Meulnier et remariée à Massar fils Thiry Massar. Elle provoque un rendage proclamatoire du moulin le 6 septembre 1605. Pour ce faire, elle est assistée des mambours des enfants mineurs, à savoir son beau-frère, Henry Moraykenne de Verviers et le neveu de son premier mari, Noël fils de feu Léonard de Tilve, comme son père prélocuteur à Liège. L'acte donne une description précise du moulin à cette époque (15). La possession du moulin est adjugée à Lambert Warnotte, de Longdoz, qui paiera une demi-quarte de mouture chaque semaine en plus des charges. Le 5 novembre suivant, Lambert Warnotte surroge dans ses droits au moulin, Léonard Beaupain dit le Cuyre, fils de Jean Piron de Vaux-sous-Olne. Celui-ci s'oblige à exécuter les charges reprises au rendage et en outre à fournir à Warnotte «pour ses cruys une quarte de blan grain...» à livrer, chaque semaine, à la maison de Warnotte à Liège. Léonard donne en garantie divers biens situés à Trooz, notamment une maison et la moitié du moulin de Trooz (16).

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Le Cuyre s'installa à Tilff, mais cette installation ne lui fut pas heureuse ; sa femme devait y mourir l'année suivante. Le 3 janvier 1506 est fait "en la maison du mollin banal de Tilve le testament d'Isabeau femme Léonard le Cuyr, moulnier de Tilve". Parmi les témoins à cet acte figure "Jehenne relicte de feu Collard le Moulnier". Celle-ci bien que remariée à ce moment porte le nom de son premier mari qui marquait davantage à Tilff.

Il est à noter que nonobstant les difficultés qui l'avaient obligée à donner le moulin en rendage à un tiers, elle conservait avec le nouveau meunier des relations d'amitié (17). Il s'agissait de faire face à des nécessités immédiates, mais l'espoir de reprendre le bien familial devait subsister (18). Fut-il touché par le décès si subit de son épouse? Mais les affaires de Léonard Le Cuyre ne furent pas brillantes. Dès le 11 mai 1607, Massar agissant comme second mari de Jehenne avait obtenu des échevins de Liège d'être ressaisi des biens à rencontre de Léonard Le Cuyre "pour faute de paiement des charges et d'entretien des bâtiments" (19). D'autre part, Lambert Warnotte avait de son côté fait valoir ses droits. II apparaît le 11 octobre 1608 comme

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"demeurant à présent au mollin banal de Tilve" et demande, à son tour, à la cour de Tilff un record en ce qui concerne les droits du meunier (20). Mais on va bientôt fermer cette parenthèse malheureuse et l'héritier des Presseux va reprendre l'exploitation du moulin. Hubert, fils du dernier Collar et de Jehenne de Theux, est en âge d'exercer ces droits et le 10 décembre 1619, sa mère reporte en sa faveur les biens constituant le moulin banal (21). Hubert supportera les charges et paiera en outre à sa mère un setier de mouture héritable. Il est prévu qu'après le décès de Jehenne, Hubert pourra prétendre à sa part du setier en question. Jehenne avait trois autres enfants et à l'occasion du mariage de ceux-ci, elle leur cédera à chacun « une quarte de moulture hors du stier dû » par Hubert son fils... ». Le 29 décembre 1624, cet abandon est fait à Jean Wathier qui vient d'épouser Marguerite, fille de Nicolas le Moulnier (22) ; le 7 septembre 1627 à Gérard fils du même, à l'occasion de son mariage (23) ; enfin le 4 septembre 1630, à Nicolas Bastin, mari d'Elisabeth fille Collar le Moulnier (24).

3. — Hubert le Moulnier

Hubert rétabli à la tête du moulin banal reprend les affaires en main et les mène heureusement, semble-t-il, puisque lui et son fils vont s'y maintenir pendant tout le XVIIe siècle. Il s'était marié à Tilff avant 1623 à Jeanne, fille de Clément delle Vigne.

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Après avoir désintéressé certains de ses frère et sœurs en rachetant leurs droits de mouture, il doit se procurer des capitaux ; pour ce faire, il établit notamment une rente de 50 fl. bb. au profit de Jean Borlé, marchand à Liège; il donne en garantie tous ses biens dont le moulin de Tilff et mobilise, en outre, le crédit de sa belle famille : Lambert delle Vigne son beau-frère intervient à l'acte et donne en garantie supplémentaire sa maison à Tilff (25). L'activité de Hubert le Moulnier semble avoir été profitable et dès lors sans histoire. Il est mort avant 1676. Il laissait trois enfants qui reprirent le nom de Presseux : Clément, dont nous allons parler, Jeanne de Presseux mariée avant 1676 à Jean Bouxhon, qui fut mayeur de la cour de Tilff (1677) et mayeur des bans de Seraing et Plainevaux, et enfin Catherine de Presseux qui fut l'épouse de Jean-Guillaume de Surlemont (26).

4. - Clément de Presseux

Bénéficiant des efforts de son père, Clément de Presseux retrouva une situation analogue à celle de ses aïeux au siècle précédent. Jusqu'à sa mort, il conduisit les destinées du moulin banal. Du vivant de son père, il fut échevin de Châtelet avant 1656, puis par commission du 11 février 1656, échevin de Tilff (27). Il fut en outre greffier de Tilff, dès avant 1676 et capitaine de cette localité (1677) (28). Il est mort avant 1696. Clément de Presseux avait épousé Pétronille d'Olne, fille du colonel Pierre-Mathieu d'Olne, chevalier du S. E. R. et

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seigneur d'Olne (29). Il en eut plusieurs enfants, baptisés à Tilff, de 1675 à 1684, dont deux seuls survécurent : Hubert de Presseux, né en 1675 et vivant encore en 1706 et Catherine de Presseux, mariée avant 1706 à Jacques Wilkin, d'Olne (30). C'est au nom de ces enfants, mineurs à ce moment, que le 6 janvier 1696 le moulin banal de Tilff fut donné en rendage à Sébastien de Bouharmont et Jean-François Heyne qui s'engagèrent à verser annuellement 800 fl. bb. de rente y compris toutes charges (31). A ce moment, le moulin était exploité par un locataire.

5. - Bouharmont, Heyne et Daywaille. Début de la fenderie

Sébastien Bouharmont, ou de Bouharmont, appartient à une famille que l'on trouve à Chênée à la même époque. Jean-François Heyne venait de s'allier à une famille qui allait marquer à Tilff au XVIIIe siècle, en épousant Marie-Catherine Dupont (32). Les nouveaux maîtres du moulin semblent s'être intéressés davantage à l'utilisation du coup d'eau à des fins industrielles.

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C'est de cette époque que date la mise en marche, à côté du moulin à farine qui subsiste, d'une fenderie qui deviendra laminoir dans la suite (33). Nous ignorons les accords pris entre les deux acquéreurs : Heyne paie le cens au chapitre en 1697, puis Bouharmont en 1698 et à nouveau Heyne en 1699. Jean-François Heyne est mort à Tilff le 6 novembre 1700 et c'est sa veuve qui paie le cens cette année et les suivantes ; de 1705 à 1719, la redevance est payée par Michel D'Aywaille en sa qualité de mari de la veuve Heyne et possesseur du moulin de Tilff (34).

C'est à ce titre que Michel D'Aywaille releva du chapitre le 4 avril 1710 « une cour, maison, moulin banal, estableries, fenderie » et héritages y contigus, by, battes, coup d'eau, appendices » et appartenances situés audit Tilff» (35). C'est le 18 août 1705 que la veuve de Jean-François Heyne se remaria à Michel D'Aywaille, qui reprit la direction des entreprises du premier. Il fut aussi échevin et mayeur de la cour de Tilff (36). Michel D'Aywaille eut bientôt de la peine à faire face aux diverses obligations qu'il avait assumées et nous le voyons harcelé de multiples procédures: en mai 1711, Bartholomé Bawin, chanoine de Molhain, receveur des Bourses de Hoensbroech

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fait "déminer" contre D'Aywaille pour une pièce de pré sur l'Isle; en octobre 1711, Catherine de Noirivaux, veuve d'Octave de Massary, agit en paiement d'arriérés de rentes garanties par le moulin; en décembre 1711, M. Bartholdi agit de même; le 3 novembre 1711, Hubert de Presseux réclame 295 fl. 10 patars de rente échus l'année précédente, etc... (37).

Devant cette situation lamentable, Sébastien de Bouharmont réapparaît. Le 2 mars 1712, il verse à Hubert de Presseux agissant pour lui et Wilkin son beau-frère, un capital de 5910 fl. bb. plus 295 fl. 10 patars échus en 1712 et 871 fl. bb. d'arriérés; moyennant quoi les héritiers Presseux lui reportent 295 fl. 10 patars de rente, restant dus des «cruys» constitués lors du rendage de 1696 (38).

Le 19 mai 1712, Bouharmont est de même subrogé aux droits de la dame de Massary (39). En 1720, Bouharmont apparaît ressaisi des biens de Michel D'Aywaille et paie le cens cette année et l'année suivante. Il dut mourir peu après laissant comme héritier Toussaint Closar.

6. - Les Closar et de Rossius

L'héritier de Bouharmont est Toussaint Closar (ou Clossart) le jeune, marchand bourgeois de Liège où il habite dans la paroisse Sainte-Catherine (40). Dès 1722, il paie le cens comme héritier représentant Bouharmont, et continue à assurer le paiement de la redevance annuelle jusqu'en 1740, époque de sa mort. Entré en possession de ces biens à Tilff, il en augmente l'étendue par des acquisitions qui lui sont consenties par deux gendres de Thomas Dupont,

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à savoir le 31 juillet 1723, par Antoine Masson (2 bonniers, 17 verges de bois et une pièce de pré) et le 13 octobre 1723, par Michel D'Aywaille (41). Son successeur fut un chanoine Clossart, son fils ou son frère, qui paie le cens de 1741 à 1748 (42). Ce dernier eut lui-même comme héritier son parent Laurent-Louis-Joseph-François de Rossius qui fut chanoine de Saint-Paul, élu doyen de cette collégiale le 25 novembre 1778 et qui mourut le 25 mars 1793 (43).

Tous ces propriétaires successifs n'ont plus exploité l'usine et le moulin ; ils ont sur place un ou plusieurs locataires. Ce sont ceux-ci qui paient le cens à la décharge du propriétaire: de 1724 à 1726, Henry Dardenne; 1729-1730, l'épouse Grisar; 1732-1739, Gérard Jacqmart; 1740 et suivantes, Jean Adam le jeune (44). Dès le 17 novembre 1760, le chanoine de Rossius donna la fenderie à bail à Thomas Cambresier, marchand, bail renouvelé le 15 mars 1763, puis avant 1767. Le 27 mars 1767,

Cambresier sous-loue la fenderie à Martin et Daniel Grisard, pour trois ans, à partir du 1 mars suivant. Le 2 janvier 1770, le même Cambresier la donne en location à Conrard Joseph Grisard, pour trois ans, à prendre cours le 1 mars 1770 (45). Le chanoine, puis doyen de Rossius, fit un testament qui instituait un majorat au profit de Joseph de Rossius, son cousin. Le surplus de ses biens devait être partagé en cinq

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parts attribuées par lui, l'une à l'Hospice des Incurables, les autres à ses parents : les enfants de Charles-Pascal de Rossius (sauf Joseph), les enfants du ménage de Ghisels-de Rossius, les enfants du ménage de Goer de Bilstain-de Rossius, et les enfants de Louis-Casimir de Rossius. Par acte du 17 brumaire an VI, les administrateurs de cette hérédité vendirent à Jean Grisard, de Vaux-sousChèvremont, la fenderie, le moulin et le coup d'eau de Tilff (45).

7. - Les Grisard

Jean Grisard, acquéreur des usine et moulin de Tilff, subrogea dans ses droits son frère Conrard-Joseph Grisard, par acte du 26 pluviôse an VI (notaire J. J. Haxhe) (46). Conrard-Joseph Grisard-Limbourg demeura propriétaire de ces biens jusqu'à sa mort survenue en 1833. Ses enfants, Philippe-Charles Grisard et Sophie Grisard, épouse du baron Louis de Waha, vendirent le 24 octobre 1837, ces

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usines à la Société de la Vieille-Montapne qui les possède encore. L'acte de vente mentionne outre le laminoir, la fenderie et le moulin à farine (47).

En 1858, la Société de la Vieille-Montagne, ayant succédé aux maîtres du moulin et de la fenderie se considérait comme propriétaire exclusif du bief et elle contestait à leur voisine, la veuve Parmentier, le droit d'introduire une barquette dans le bief supérieur de l'usine et de l'amarrer au mur du jardin de cette dame. Celle-ci soutenait au contraire y avoir «navigué» de temps immémorial. Il faut noter en effet que le jardin de la propriété Parmentier est riverain du bief sur toute sa limite nord, et que les habitants de cette propriété doivent traverser ce bief pour atteindre la rivière.

Ce petit conflit de navigation intérieure se termina, comme il se devait, par une transaction : le droit de propriété de la société sur le bief est reconnu, mais le droit d'accès par voie d'eau à la propriété Parmentier est concédé et organisé. On y précise les conditions d'usage de l'escalier menant vers le bief, escalier que l'on peut voir encore à cet endroit (48).

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Notes

(1) Une saisie pratiquée le 24 mai 1595, par Guillaume Paton, époux de dame Eva de Hoensbroech sur l'Ile de Tilff, précise la situation de celle-ci en ces termes : « un yslea extant au mittant de l'eawe droit » à l'opposite du nueff mollin à Tilve... ». A. E. L., Cour de Tilff, œuvres, 7, f° 70. 2

(2) En 1543, ce nouveau cens est mentionné comme suit : «Item Collardus filius qudm Collardi le Moulnier de Tylf pro decursu » aquae et tertia parte unius bonuarii terra ad ripam dicti fluminis » jacenti et situatas, in qua tertia parte bonnuarii et decursu aquaa » ptas idem Nicolaus edificare fecit molendinum unum bannale... » A. E. L., Cathédrale, Grande compterie, cens et rentes, reg. 167. L'année suivante et dans la suite, ce cens est noté : « Pro molendino bannali seu decursu aquœ et una tertiali journalii » weriscapii in Tyf... » A. E. L., idem, reg. 168 et suivants.

(3) A cet acte passé devant les Echevins de Liège, il est dit « repre» neur de la course de la riviere et flu d'eawe passent ens aisemences » de la ville, haulteur et seigneurie dudit Tilve... » BORMANS et SCHOOLMEESTERS, o. c., tome V, p. 330.

(4) A. E. L., Cour de Tilff, œuvres, 3, f° 83.

(5) A. E. L., Cour de Tilff, œuvres, 3, f° 84.

(6) A. E. L., Cathédrale, Grande compterie, cens et rentes, reg. 194.

(7) SCHOONBROODT, Chartes de Saint-Lambert, n° 1152. BORMANS et SCHOOLMEESTERS, o. c., tome V, p. 393.

(8) Le 4 septembre 1586, « Collar le Moulnier l'aisné notre confrère » comparaît devant la cour avec Jean de Velroux et Guillaume de Surlemont aussi échevins. Ils prennent accord au sujet de la dîme grosse et menue de Tilve. A. E. L., Cour de Tilff, œuvres, 23, f° 131 v°.

(9) Convenances produites devant les Echevins de Liège le 3 novembre 1580. A. E. L., Convenances et testaments, Greffe Haremie, 1580-1583, f° 120, Barbe de Kemexhe était fille de Noël de Fexhe dit de Kemexhe, bourgmestre de Liège en 1553 et d'Adile de Bry (celle-ci était fille de Thiry de Bry, le vieux). Léonard de Tilff fit son testament le 24 août 1599 et mourut peu après. A. E. L., Convenances et testaments, Greffe Stephany, 1595-1601, f° 223.

(10) A. E. L., Cour de Tilff, œuvres, 7, f° B 110 et 128. L. NAVEAU, DE MARTEAU et A. POULLET, Recueil d'Epitaphes de Henrivan den Berch, tome II, p. 382, n° 2248. J. STEKKE, Le monastère et l'église de Beaufays lez Liège, pp. 6 et 22. Le successeur de Georges de Tilff à Beaufays est Nicolas de Tilff. Ce doit être son neveu, Collar ou Nicolas fils Jacques le Moulnier, qui est cité à Tilff le 8 janvier 1592. A. E. L., Cour de Tilff, œuvres, 7, f° 11.

(11) Bastin de Noirivaux habitait l'endroit dont il porte le nom, lieu-dit à Prayon ( Forêt). Il est dès 1584, comparchonier de l'exploitation du Fonds des Plombières à Prayon. J. YERNAUX, La Métallurgie liégeoise et son expansion au XVIIe siècle, p. 43. Il apparaît comme gendre de Collar le Moulnier dès 1590. A. É. L., Cour de Tilff, œuvres, 7, f° 81. Lui et ses descendants intervinrent fréquemment à Tilff. Nous les retrouverons à la brassine. Bastin de Noirivaux est l'auteur de la famille de ce nom qui fut alliée dans la suite aux Cox, de la Vignette Goesuin, Henkart, Molinghen, Oupie, Massaro, Bex, Lambrecht, etc...

(12) Marguerite, fille Collar le Moulnier apparaît en 1595, comme étant veuve de Barthélémy de Croktea. A ce moment sa sœur mariée à Orban de Nynaine (Ninane) est décédée tout comme cet Orban. Ils laissèrent deux orphelins qui intervinrent à Tilff : Pierre et Jehenne mariée, plus tard à Gérard le Graile. A. E. L., Cour de Tilff, œuvres, 7, f° 81 ; 8, f°s 38 v° et 9, f° 43.

(13) Jugement rendu le 18 juillet 1595. A. E. L., Cour de Tilff, œuvres, 7, f°9 73 v° et 81.

(14) Ce mariage se situe avant 1585. Il s'agit d'une des plus importantes familles de Theux, dite Mayet, Counet, etc... Jehenne, la femme de Collar le Moulnier est fille de Houbin Counet et d'isabeau; elle est la sœur de Mathy Counet, corbesier à Theux et d'Anne qui fut l'épouse de Henry Moreaken, de Verviers. A. E. L., Cour de Theux, œuvres, 32, f° 112v°; 35, f08 32 v° et 48; 36, f° 128.

(15) Le moulin banal est ainsi décrit:
"Une court, maison avec ses » appendices et appartenances à scavoir:
une cuisinne, chambre ou chauffeur joindant à icelle, ung chauffeur deseur ladite cuisinne, ung planchier emprès dudit deseurtrain chauffeur, ung grenier, une cave, ung forny estant devant ladite court, maison,
Item le mollin banal, by, uzinne, avec ses appendices, joindant et annexe, condist le mollin banal de Tilve, auquel y at deux pierres, ung estauble de cheval, ung de vache, ung grand planchier deseur ledit mollin;
Item une pexherye emprès dudit moliin, Item trois formes de lict extans en ladite maison,
Item endit mollin, deux vans, ung styer, unne quarte, ung polen gnoulx, ung reige, une hamende de fer, ung tamy, quatre marteaux de ferre, une grande banse,
Item ossy ung cortizea estant devant ledit mollin,
Item ung aultre deryer iceluy ensquelz y sont plantez pluisieurs abres portants fruyets. contenant le tout ensemble un demi tyrchal journal ou envyron sans touttefois livrer verge ny mesure, extans gissans et scituez en la hauteur de Tilve qui furent jadis spectans et appartenans à feu Collar le Moulnier l'aisné jadit maieur de Tilve et paraprès a un Colar le Moulnier ossy maieur dudit Tilve, joindant la totalité derier vers Liège, à l'eawe d'Ourte et az aise» mences, d'amont et devant a ung cortil appartenant à ladite vefve, vers Brunssarde à Sassis".
Charges: chaque semaine: 2 stiers mouture; rentes héritables: 13 muids spelte rente et 22 chapons de cens; 13 fl. S patars; rentes rédimibles: 10 carolus d'or et 2 a. d'or.
A. E. L., Cour de Tilff, œuvres, 8, f° 24.

(16) A. E. L., Cour de Tilff, œuvres, 8, f° 39.

(17) A. E. L., Cour de Tilff, œuvres, 8, f° 38.

(18) Les mêmes nécessités amenèrent Jehenne et les tuteurs de ses enfants à donner en rendage proclamatoire, le S avril 1613, certaines pièces de prés « desoub le Banheyd, par delà la rivière ». Elles furent acquises par le neveu de Jehenne, Pyron Franckynet, gendre de Guillaume le Brasseur. Comme nous le verrons plus loin, le 15 avril suivant ils ont mis de même en rendage proclamatoire, la maison du Saulcv, joignant le moulin et qui devint plus tard la maison de Stenbier. A. Ë. L., Cour de Tilff, œuvres, 8, f08 137 v° et 153.

(19) A. E. L., Cour de Tilff, œuvres, 9, f° 89

(20) A. E. L., Cour de Tilff, œuvres, 8, f° 63 v°.

(21) A savoir: "une court, maison, mollin banale, une uzine et appen» dices, estableries, avec toutes leurs appartenances situés audit Tilve où elle demeure, joindant vers Surlemont, à la rivière d'Ourte, d'amont au Sr de Hille, d'aval a Saulcy; deux petits jardins situés par dessus et par dessous ledit mollin". Jehenne à ce moment est veuve de Massar Thiry Massar, mais elle fait état des droits récupérés par celui-ci. A. E. L., Cour de Tilff, œuvres, 9, f° 89.

(22) A. E. L., Cour de Tilff, œuvres, 9, f° 179.

(23) A. E. L., Cour de Tilff, œuvres, 10, f° 109.

(24) Ce Nicolas Bastin était établi à Châtelet. A. E. L., Cour de Tilff, œuvres, 10, fos 154v° et 11, f° 96.

(25) A. E. L., Cour de Tilff, œuvres, 10, 153 v°.

(26) Le 7 juillet 1676, Clément de Presseux et les époux Bouxhon cédèrent à Catherine de Presseux, non mariée à cette époque, leurs droits dans une maison à Tilff, ayant appartenu aux delle Vigne et saisie par leur père. A. E. L., Cour de Tilff, œuvres, 16, f° 115Catherine de Presseux, veuve de Jean-Guillaume de Surlemont, fit son testament le 10 octobre 1706. Ce testament fut produit le 31 janvier 1725 devant la cour de Tilff. A. E. L., Cour de Tilff, œuvres, 19, à la date.

(27) A. E. L., Cour de Tilff, œuvres, 13 f° 5

(28) A. E. L., Cour de Tilff, œuvres, 15, f° 128; 16, f° 115.

(29) E. POSWICK, La Noblesse Limbourgeoise, p. 226.

(30) Les baptêmes des enfants de Clément de Presseux ont eu lieu à Tilff, les 7 août 1675, 17 juillet 1678, 6 novembre 1680, 1ER octobre 1682, et 27 janvier 1684. ETAT-CIVIL DE TILFF, registre des baptêmes ancien, non repris aux tables.

(31) Les mineurs sont représentés par Guillaume d'Olne, seigneur de ce lieu, agissant pour son père, Pierre-Mathieu d'Olne, aieul et mambour des enfants. Le contrat est passé en la maison de J ean- H ubert de Tignée, seigneur de Sclayn. qui devint bourgmestre de Liège en 1706. Ce dernier avait épousé Anne-Catherine d'Olne, fille de Guillaume et petite-fille de Pierre-Mathieu. A. E. L., Cour de Tilff, œuvres, 16, f° 109; E. POSWICK ; o. c., pp. 226 et 227.

(32) Marie-Catherine Dupont, baptisée à Tilff, le 7 octobre 1669, était la fille de Thomas Dupont et de Catherine de Josez. Elle eut de Jean-François Heyne, une fille, Gertrude morte à Tilff le 6 novembre 1700 et trois fils: Thomas-Joseph, Jean-Guillaume et Jacques, qui furent émancipés devant la cour de Tilff, le 21 juillet 1716. Le dernier de ces fils mourut à Tilff, le 19 février 1717.

(33) Le 15 mai 1802, il est noté à Tilff, l'existence d'un moulin autrefois banal et d'un laminoir avec cette précision : «la fenderie » de Tilff aujourd'hui laminoir a été mise en activité en 1696 ». A. E. L., Fonas Français, n° 1839, Tableau des usines de Tilff. Nous devons ce renseignement et plusieurs autres concernant l'usine de Tilff à la complaisance de M. Georges Hansotte qui prépare une étude sur les usines de la vallée de l'Ourthe.

(34) A. E. L., Cathédrale, Grande compterie, cens seigneuriaux de Tilff, aux dates. Pendant son veuvage, Marie-Catherine Dupont avait acquis, le 20 mars 1701, un bonnier sur l'île voisine du moulin. A. E. L., Cour de Tilff, œuvres, 16, f° 211 v°.

(35) Le bien est dit'«joindant la totalité vers Cinque Vaux à l'aisance, » vers le bois de Brinsode ou Sur Cortil, au chemin ou à la dite aisance, » vers l'église à Monsieur de Stembiert abbé de Visé et tréfoncier, » d'autre côté à la rivière d'Ourte... ». A. E. L., Cour de Tilff, œuvres, 18, f°23.

(36) Ils eurent à Tilff, de 1706 à 1714 cinq enfants. Les trois aines : Barthélémy, Jean-Pierre et Marie-Catherine D'Aywaille furent émancipés le 21 juillet 1716, avec leurs frères utérins.

37) A. E. L., Cour de Tilff, œuvres (et saisies), 17, fos 105, 112, 119.

(38) A. E. L., Cour de Tilff, œuvres, 18, f° 96 v°.

(39) A. E. L., Cour de Tilff, œuvres, 18, f°151.

(40) Il était fils de Toussaint Clossart l'aîné et de Marguerite Cornet. Toussaint Clossart le jeune avait, entre autres, deux sœurs: l'une, Elisabeth Clossart avait épousé en 1696, Jean-Barthelemy de Plenevaux, qui fut plusieurs fois bourgmestre de Liège; l'autre, MarieMarguerite Clossart fut l'épouse de Guillaume-Charles de Rossius d'Humain.

(41) A. E. L., Cour de Tilff, œuvres, 19, f03 21 et 28.

(42) Il s'agit peut-être de Jean-Jacques Clossart cité comme chanoine de St-Paul à Liège dès 1726. Un autre chanoine de St-Paul, JeanJoseph Clossart, était fils de Toussaint l'aîné, mais il était mort en 1719. O. J. THIMISTER, Histoire de l'église collégiale de Saint-Paul, p. 624.

(43) O. J. THIMISTER, 0. c., p. 323. Laurent-Louis-Joseph-François de Rossius, né à Liège, baptisé à St-Servais, le 27 décembre 1721, était fils de Guillaume-Charles de Rossius et de Marie-Marguerite Clossart.

(44) A. E. L., Cathédrale, Grande compterie, cens seigneuriaux de Tilff. (

(45) Nous avons trouvé le détail de cette succession dans les archives du Premier Président Toussaint Dandrimont, archives conservées par le baron de Cartier d'Yves, au château de Buresse. L'acte de vente à Jean Grisard mentionne, par erreur, comme origine de toute la propriété l'acte de vente Masson à Clossart insinué à Tilff, le 31 juillet 1723. Cet acte ne concernait que certaines pièces de bois et de pré. A. E. L., Archives de la Conservation des Hypothèques, reg. 20, n° 86.

(46) Jean Grisard (1743-1800) et Conrard-Joseph-Hubert Grisard (1754-1833) étaient fils de Conrard-Joseph Grisard, maître de fenderie à Henne (Vaux-sous-Chèvremont) et de Marie-Isabelle Charlier. Conrard-Joseph-Hubert Grisard épousa à Theux, en 1802, CatherineIsabelle de Limbourg, fille du célèbre médecin spadois Jean-Philippe de Limbourg. Il poursuivit les activités industrielles auxquelles étaient mêlées tant sa belle-famille que sa famille. En 1815, il acquit des héritiers du comte d'Arberg de Valengin, le domaine de la Rochette qui comportait le château, treize fermes et 350 hectares. Il laissa deux enfants : a) Philippe-Charles-Conrard Grisard (18051864) bourgmestre de Chaudfontaine. Le petit-fils de celui-ci obtint en 1933, de joindre à son nom celui de la Rochette ; b) Sophie Grisard (1803-1840) fut l'épouse de Louis baron de Waha-Baillonville. Leur fils devait dans la suite épouser l'héritière de Colonster, Léonie de Chestret de Haneflfe.

(47) A. E. L., Archives de la Conservation des Hypothèques, reg. 545, n° 7.

(48) Acte passé par le notaire Renoz de Liège, le 14 avril 1858. A. E.L., Archives de la Conservation des Hypothèques, reg. 1103, n° 45.

Pierre HANQUET

Literatuur

Georges Thiriard, "Tilff-sur-Ourthe. Monographie de l'origine à la fin de l'Ancien Régime suivie d'un glossaire toponymique", Bomal sur Ourthe, Editions Jean Petitpas, 1976, 284 p.
Pierre Hanquet, "Anciennes demeures à Tilff", Chroniques archéologique du Pays de Liège, 46e année, n° 1, janvier-mars 1955, p. 5-43.

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Laatst bijgewerkt: zondag 29 januari 2017

 

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