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De Moeren (Veurne), Vlaanderen - West-Vlaanderen

Verdwenen molen

karakteristiek

Naam
Maasmolen, De Maas, La Meuse
Ligging
W. Cobergherstraat 1
8630 De Moeren (Veurne)
noordwestzijde
1700 Gemeten
kadasterperceel A333
Vlaanderen - West-Vlaanderen
toon op kaart
Gebouwd
1789 (hout) / 19de eeuw (steen)
Verdwenen
1899, sloop
Type
Stenen grondzeiler
Functie
Poldermolen
Database nummer
6822

Beschrijving / geschiedenis

We verwijzen naar "De Moeren. Sint-Karelsmolen" voor een algemeen overzicht van de drooglegging van De Moeren.

De Maasmolen of de Maas stond op de Ringsloot aan de noordwestzijde van de W. Cobergherstraat (nr. 1), ten zuiden van de Sint-Lodewijkshoeve.

De Maasmolen werd in 1789 gebouwd als een houten achtkante grondzeiler, voorzien van een vijzel, als één van de molens om De Moeren te bemalen, meer bepaald de 1700 Gemeten op Oostenrijks (= thans Belgisch) grondgebied. Hij stond aan de westzijde van de hoek van de W. Cobergherstraat en de Moeresteenweg.

Later werden de houten wanden van het molengebouw vervangen door een stenen muur.

We zien hem, telkens zonder benaming, aangeduid in de Atlas der Buurtwegen (ca. 1844), op de topografische kaart van Ph. Vandermaelen (ca. 1850) en op de kadastrale atlas van P.C. Popp (ca. 1860) met het rond grondoppervlak van een stenen molen.

Eigenaars na 1830:

- voor 1834, eigenaar: Falanpin Jacques, eigenaar te Parijs (F)
- 17.02.1834, verkoop: Falanpin-Dufresne Fany (notaris Cuvelier)
- 23.04.1834, verkoop: de Chastenet de Puysegur, eigenaar te Saint-Benoit (F) (notaris Cuvelier)
- later, eigenaar: de Chastenet de Puysegur - de Charitte Anne Jacques Ladislas, eigenaar te Saint-Benoit (F)
- 06.02.1844, deling: a) Thibaut de la Carte - de Chastenet de Puysegur Augustin Marie Faustin, b) de Chastenet de Puysegur Marie René, eigenaar, c) de Chastenet de Puysegur Jacques Léopold, eigenaar, d) de Chastenet de Puysegur Marie Marguerite, e) de Chastenet de Puysegur Marie Pauline Elisabeth, f) de Chastenet de Puysegur Xavier Amand en g) de Chastenet de Puysegur Jacques Philippe Auguste (onderhandse akte)
- 15.07.1870, verkoop: a) Vanderhaeghen-Tolette Alfred Philippe Auguste, en consoorten, te Lille (F) en b) Maatschappij van Uitdrooging der 1700 Gemeten (onderhandse akte)
- later, erfenis: a) Vanderhaeghen ALfred Philip August, de weduwe, b) Vanderhaeghen Alfred Philippe August, de erfgenamen en deelhebbers en c) Maatschappij tot uitdrooging van 1700 Gementen, te Lille (F) (overlijden van Alfred Vanderhaeghen)
- later, verkoop: Maatschappij van uitdrooging van 1700 Gemeten, te Lille

De Maasmolen werd in 1899 gesloopt.

Lieven DENEWET & Herman HOLEMANS

Aanvullende informatie

Mémoire sur le dessèchement des Moëres de Furnes.

Le Rapport provincial de la Flandre Occidentale, pour 4840 contenait ces lignes: « On s'étonne avec raison du profond oubli qui couvre le nom de presque tous les gé- nies à qui la Belgique est redevable de la splendeur de ses monuments et de l'hahile ordonnance de ses ouvrages hydrauliques. Demandez à qui l’on doit la cathédrale, l'hôtel-de-ville et la halle d'Ypres; à qui le jubé de Dixmude; demandez comment et par qui s'est opéré le dessèchement de la grande et de la petite Moere entre Furnes et Dunkerque, celui de la Moere de Meetkerke, etc. » J'avais en portefeuille des notes qui pouvaient

AVANT-PROPOS.

A résoudre le problême du dessèchement des Moeres et j'ai cru devoir les publier dans le mémoire qui suit. Le premier honneur de la grande entreprise de ce dessèchement revient tout entier à Wenceslas Coberger, d'Anvers, homme trop peu connu encore et qui mérite de l'être davantage. Je lui ai consacré une biographie à la suite de ce mémoire, afin de le relever le plus que possible de l'oubli où il a été laissé trop longtemps. D'autres se sont occupés avant nous de l'histoire des Moeres, car l'abbé De Feller dit dans son Itinéraire ou voyages: « J'ai un long et très-curieux mémoire sur ces moeres. » Il est à regretter que ce mémoire n'ait pas été publié, il renfermait peut-être des choses intéressantes qui nous sont inconnues. Nous avons publié en entier les octrois accordés pour le dessèchement, ils contiennent les conditions stipulées par les gouvernements français et belge et constituent pour ainsi dire à eux seuls l'histoire de l'exécution de ce grand ouvrage. Nous avons fait dlnutiles recherches pour découvrir l'octroi des archiducs Albert et Isabelle, donné en 1620, et celui de Philippe IV, accordé deux anneés plus tard. Un registre des archives de Furnes, intitulé: Registre inhoudende eenige besondere archivai der stede ende cas- selrie van Feurne, nous a fourni plusieurs renseignements sur le dessèchement opéré par le comte d'Hérouville. Nous avons puisé nos documents, en partie dans un ouvrage manuscrit du pensionnaire Heyndrickx, sur Furnes et sa Châtellenie, et en partie dans les ouvrages imprimés que nous avons eu soin d'annoter au bas des pages.

Le conquérant des Gaules, César, soumit avec la plus grande peine les Morins et les Ménapiens, parceque défendus naturellement par leurs forêts et leurs marais, leur retraite était inaccessible à l'armée romaine (4). Les anciens ont décrit ce pays comme sujet au flux et au reflux de la mer: Quâque jacet littus dubium, quod terra fretumque Findicat alternis vicibus, quùm funditur ingens Oceanus, vel quùm refugis se (luctibus aufert (2). C'est ce qui a donné l'idée au géographe Danville de désigner notre côte maritime par les mots: Penè non terra, et qui a probablement donné le nom aux Morins, comme le dit Camden dans sa Britannia (3) , où il fait dériver ce nom de Mor, mer. D'autres font dériver le nom des Morins de Moeren, marais (4). Toujours est-il certain

(1) Perpehtit paludibut tylvisque munit i,

(2) Lacan. Lib. i, V. 410 et seqq.

(3) Quia Mare britannicè Mor tocatur.

(4) Pulgo iamen recepta est eorum opinio, qui à paludibuê, quœ Hoeren Belgis, Morinoa dictot volunt, quaêi Moringos, belgicè Moeriogen, paludanoa, sive qui circà paludes commorantur et verè non eolùm ato Casant eontintntet sylvat et paludet habebant, ttd hodièqut non esigwu habent, quibus vocobulum commune Moere. (7. J, Chiffletii, Portu* Ieciue).

que toute la côte maritime de la Flandre est couverte d'anciens marais desséchés , nommés Moeren et quelquefois Daring-Moeren , lorsqu'ils contiennent de la tourbe. Le dessèchement de plusieurs de ces Moeren ne date pas de longtemps, telles sont la Moere de Meetkerke et celles situées près de Furnes, dont nous nous proposons de nous occuper ici. L'on donne communément le nom de Polder à une terre couverte par l'eau de la mer, qu'on desséche au moyen de digues dont on l'entoure; le nom de Moere est donné à des marais d'eau douce (4). J'ai cru devoir établir cette distinction de noms entre les marais salés et ceux d'eau douce , parceque le dernier nom a été appliqué de temps immémorial aux marais situés entre Furnes, Bergues et Dunkerque, tandis qu'on connaissait très-bien dans la même contrée le nom de Polder j ce qui servira à établir plus tard que les Moeren ne sont pas un reste de la mer qui s'est retirée. Les marais de Furnes sont au nombre de deux , connus sous le nom de grande et de petite Moere. La grande a un pourtour de sept lieues. Le sol est composé de la même glaise que le reste de la bande maritime et se trouve à plus de sept pieds au-dessous des terres environnantes (2). Sous la couche de glaise on en trouve une autre très-épaisse de vase bleue et nulle part on ne trouve de la tourbe (3). M. Belpaire, dans son mémoire couronné par l’Académie de Bruxelles prétend que les Moeres

(1) Moer, Moertand, Palus biturninoea et nigra: locui paluitrit et vliginoeue. Kiliaen.
(2) Report on the agriculture of Flandere, par M. Radclif. Londres 1850, p. 50. (3) Belpaire, Mémoire eur le» changements de la côte.

sont des restes de la mer qui s'est retirée de nos côtes et il se fonde sur l'absence de la tourbe dans tout le bassin occupé par ces lacs. Si l'opinion de M. Belpaire était vraie, que serait devenue l'eau salée délaissée par la mer? Les Moeres avant leur dessèchement étaient couvertes d'eaux douces et il ne se trouve pas de vestiges de coquilles Ynarines, de sables ou d'autres résidus qui attes- tent la présence de la mer. Il n'est pas étonnant qu'on ne trouve pas de tourbe dans ces endroits jadis recouverts de sept pieds d'eau, où, avant le dessèchement Ton ne remarquait que peu de végétaux. Pour que la tourbe puisse se former, il faut au moins des résidus de matières végétales, qui, agglomérés dans un fonds marécageux, se condensent. Le savant De Feller, dit en parlant des Moeres, que ceux qui disent que toute cette contrée était autrefois sous les eaux, se trompent, à moins qu'ils n'aient recours à l'époque du déluge (1). Les Marais dont nous nous occupons, n'ont pas porté le seul nom de Moeres, ils figurent, dans une charte de 1227, sous le nom de Siboudeneze (2). Dénomination qui semble indiquer une origine marine; cependant la grande plaine d'Adinkerke, grande 248 mesures, d'autres terres encore et de larges dunes séparent les Moeres du grand océan. Il faudrait, voulant soutenir la communication de l'ancienne Siboudenze avec la mer, supposer un phénomène semblable à celui qui se passe en Suède , où le sol s'exhausse peu-à-peu; ou dire que

(1) Mm. H 909099», t. II, p. 581.

(3) Voir la pièce juêtif. III, à la tuite de mm Notes sur la mite etv culture de la Flandre-0ccidentale.

notre littoral a subi le sort de la côte occidentale de l'Italie, où, d'après un grand nombre d'observations et principalement de celles du géologue napolitain, M. Niccolini, un changement important s'est opéré dans le ni- veau de la mer et du sol sur ce littoral. De 1825 à 1838 le terrain s'y est exhaussé de 412 millimètres. Le mouvement de hausse continue et ce qui prouve qu'il n'est pas accidentel, c'est qu'il se fait avec une extrême régu- larité, absolument comme sur le litttoral de Suède. Quelques légendaires attribuent la formation des Moeres à saint Willibrord, qui par cette inondation, disent-ils, détruisit le culte des idoles établi dans cette plage et dont les sectateurs résistaient à toutes ses exhortations. Les Moeres étaient navigables comme l'est le lac de Harlem, leurs eaux étaient sujettes aux tempêtes à tel point que Jacques Waverans, bourgmestre de Nieuport, y fit naufrage vers la fin du xvi° siècle et y périt (1). Elles étaient aussi très poissonneuses, et la pèche, qui appartenait aux comtes de Flandre, était affermée. Cependant le poisson était, de mauvais goût , car il pro- venait d'eaux stagnantes, qui, au fort des grandes cha- leurs se desséchaient en partie et infectaient l'air par leurs exhalaisons malsaines. Il y avait donc une double utilité à dessécher ces marais infectes, d'assainir la contrée voisine et de mettre en culture une quantité considérable de terres qui jusqu'alors n'avaient rien produit. Le règne si glorieux des archiducs Albert et Isabelle dut voir se réaliser cette grande entreprise , et l'honneur de l'exécution en revint à Wenceslas Goberger, dont le (1) Marchantiut in sud Flandrid. nom se rattache a tout ce que cette époque a produit de grand en fait d'arts. L'ingénieur Bruno Van Cuyck avait été chargé, au mois de Septembre 1617, de mesurer le terrain qui devait servir de digue de circonvallation et l'on publia au mois de Mai suivant l'entreprise des ouvrages à exécuter. Le magistrat du métier de Fumes , observant que l'ingénieur avait enclavé dans les travaux 2936 mesures de bonnes terres de leur châtellenie, dont faisaient partie plusieurs fiefs et trente six fermes, envoya desuite des députés à Bruxelles. Ceux-ci s'adressèrent aux membres du conseil privé et leur exposèrent que si l'on n'empêchait l'exécution de l'entreprise telle qu'elle était projetée, ils se pourvoi- raient en justice pour soutenir les droits de leurs admi- nistrés. Goberger avait exposé aux archiducs , aux membres du conseil privé et à ceux des finances que les terres qu'on devait enclaver dans les travaux de dessèchement étaient de peu de valeur, qu'elles étaient souvent recouvertes par les eaux qui débordaient des Moeres. Ceux de Fumes ordonnèrent une enquête à ce sujet, et envoyèrent le devis estimatif de la valeur des terres, que l'entrepreneur devait employer, à Bruxelles. Cet incident fit arrêter l'exécution de l'ouvrage.

Coberger fit de nouvelles instances près de leurs Altesses qui, au commencement de 1619, députèrent deux commissaires, Pierre Van Den Broucke et N. Stalens, conseillers au conseil de Flandre, pour inspecter les Moeres et les terres adjacentes. Le gouvernement ordonna d'après l'enquête de ces commissaires de reculer jusque contre l'eau de la Moere les jalons, qui indiquaient la construction de la digue de circonvallation. Cependant plusieurs terres basses du métier de Bergues furent incorporées à la petite Moere. L'octroi des archiducs Albert et Isabelle, permettant le dessèchement des Moeres, est daté du 22 Avril 1619. L'entreprise des travaux eut lieu desuite et fut cédée à Roland Geerard, en qualité de procureur de Messire Louis de Beaucles, président de Calais. Mais comme il avait été stipulé dans l'accord que les entrepreneurs ne seraient pas obligés de recevoir dans la Moere les eaux des villages circonvoisins, ce qui n'aurait pu avoir lieu qu'au détriment de ces villages, le roi d'Espagne, Philippe IV, en confirmant l'octroi de 1619, en donna un autre le 8 Août 1622, par lequel il fut accordé, que la petite Moere, contenant trois cent et une mesure, 148 verges appartiendrait aux entrepreneurs et que les terres de la grande Moere, qu'on parviendrait à dessécher seraient partagées par moitié entre le Roi et Goberger. Le roi cédait en outre 350 mesures moyennant quoi Coberger s'obligeait à recevoir les eaux étrangères dans le lac desséché (1). Le premier octroi de 1619 n'accordait à Coberger que les deux cinquièmes des terres qu'on parviendrait à dessécher, les trois autres cinquièmes plus cinquante mesures de préciput revenaient au gouvernement. Le Roi députa en même temps Messieurs Rolland, maitre des requêtes, et Gilles Staflens, conseiller au conseil de Flandre, pour entendre et régler toutes les difficultés qui pourraient survenir au sujet de cette entreprise , tant entre les particuliers, qu'entre les communautés et les entrepreneurs.

(1) Voir les Arrêta notabUs du Parlem. dê Fkmdr$, par Matthieu Pinault de Jaunauz, t. III, p. 306.

L'on commença les ouvrages en 1620 par le creusement d un canal et l'élévation d'une digue nommée Ringsloot, qui servaient à faire écouler les eaux des terres voisines. L'on creusa anssi le Moervaert ou Zeegracht qui servait à conduire les eaux jusqu'à Dunkerque où l'on construisit l'écluse dite de Coberger.

En 1622, la Moere était presqu'entièrement à sec et l'on creusa dans son fond des fossés pour conduire les eaux des bas fonds dans le Ringsloot. Pour élever les eaux on se servit de vis d'Archimède et d'autres instruments hydrauliques et l’on construisit dix moulins à vent qui ne cessaient de pomper les eaux à hauteur convenable pour leur écoulement. Ces moulins étaient à double usage, on s'en servait aussi pour moudre le blé. Le dessèchement étant opéré après sept ans de travaux, le partage en fut fait entre les Archiducs et Coberger. A celui-ci échut la [partie occidentale dite West-Mœre. La partie occidentale ou Konings-Moere , fut cédée au roi d'Espagne. Dès que l'écoulement des eaux fut terminé, on sema sur la boue une espèce de colza, dit en flamand Heet-Kool-zaed, qui y réussit à merveille. L'on y flt aussi des plantations d'arbres de toute espèce. II était curieux de voir cette étendue de terre recouverte d'eaux, il y a peu d'années, transformée en gras pâtu- rages et en terres labourables, entrecoupées de superbes allées d arbres, de plus d'un quart de lieue de long.

Un différend surgit, en 1627, entre les Magistrats du métier de Fumes et les propriétaires de la Moere à l'occasion de la jurisdiction à exercer sur les nouvelles terres. Les commissaires délégués par le roi jugèrent ce différend de la manière suivante: « Sont comparus les députés de sa Majesté et les entrepreneurs des Moeres d'une part et Jacques Spierynck, escuier, bourgmestre et landhouder des ville et châtellenie de Furnes, avec M. Cornil Pierin, pensionnaire et Roland Schynkele escuier, greffier de la garde orpheline au dit lieu d'autre. Lesquelles parties/* après plusieurs conférences au fait de leurs différends, savoir le différend de jurisdiction des terres au dedans du Ringsloot et au fait de quinze cents florins promis par appointement du sont convenus de la manière suivante, savoir: que les dits de Furnes, leur grand bailli et officiers retiendront leur jurisdiction, droit de cottisation et tous autres, comme sur d'autres terres situées sous la dite châtellenie, si avant que la châtellenie s'étend, appar- tenant à des personnes particulières soit par voie arnicable, par appointement ou par transaction, mais sur les terres au-dedans du dit Ringsloot appartenantes à sa Ma- jesté et aux entrepeneurs ou ayant leur action et partant aussi point sur les digues ou levées (ficelles et les deux Ringsloot, d'autant qu'iceux appartenant aux entrepreneurs, ils n'y auront aucune jurisdiction , droit de cottisa- tion, ni semblables, mais ils demeureront à sa Majesté et aux entrepreneurs en conformité de leur contrat. » Quant aux dits quinze cents florins, ceux de Furnes les payeront promptement aux entrepreneurs et pour intérêt quatre cents florins; qui font ensemble mille neuf cents florins une fois. De cette manière les parties sortent des dits deux différends avec compensation et dépens. En vertu de l'octroi, Coberger avait droit de justice haute, moyenne et basse , avec le droit de pèche, de chas- se, d'oisellerie, avec la nomination à la cure de la paroisse à ériger. Il y avait alors dans la Moere deux Magistrats qui avaient chacun leur bailli et leur greffier pour » Signé: Roeland et Stalkins. »

L’administration de la justice.

L'un de ces magistrats était à la nomination du roi d'Espagne et était dévolu à ceux de la ville et cbâtellenie de Fumes jusqu'au mois de mai 1644, lorsque le roi y nomma un autre personnel pour cette administration. L'autre magistrat était à la nomination de Goberger, qui vendit bientôt tous ses droits au baron de Noirmont. Celui-ci flt bâtir pour les habitants de sa seigneurie, en 1644, une église en l'honnur de la sainte Vierge. L'année suivante, Gérard Fleurkin, religieux de l'abbaye de St. Nicolas à Furnes et alors vicaire de la paroisse de Houthem célébra la première messe dans cette nouvelle église , dont il fut nommé le premier curé. Le baron de Noirmont fit bâtir près de l'église quarante maisons et fit tracer plusieurs rues. Un marché hebdomadaire y fut tenu. Les grands privilèges accordés par les archiducs à tous ceux qui habiteraient la Moere, y attirèrent une multitude de gens de mauvaise vie. Ces privilèges accordaient exemption d'accises sur les vins, la bierre, et rabattage et sur toutes les autres denrées imposées en Flandre. Ils jouissaient aussi de l'exemption de logements militaires et tous les meurtriers, débiteurs et banqueroutiers réfugiés y trouvaient un asile assuré. Les habitants ne payaient aucune dlme, ils étaient seulement soumis à un droit de quatre sols par mesure de terre labourable et de deux sols par mesure de toute autre terre et cela pour l'entretien du curé et de l'église. La Moere présenta bientôt un tout autre aspect; on y voyait de belles fermes et de petites maisons de campagne , bâties en briques blanches , qu'on fabriquait avec la terre tirée du fond de la Moere. La grande Moere avait une superficie de 7098 mesures et 66 verges. Le roi eut pour sa part 3400 mesures et Digitized by 44 Coberger le restant, montant à 3698 mesures et 66 verges, qu'il vendit successivement à différentes personnes, savoir au baron de Noirmont 336 mesures, aux enfants de M. Salamanca, issus de mariage avec la sœur du baron de Noirmont, 250 mesures, à M. De Corbende à Anvers 730 mesures , au baron de Bouchoute 606 mesures, aux Chartreux à Anvers 800 mesures, à M. Castro 320 mesures, à M. Zegers 250 mesures, à M. Van Kerkewerve 706 mesures 66 verges. Les 3400 mesures, qui constituaient la part du roi étaient reparties comme suit: un certain Rogier Van Ghelder avait en emphytéose 2700 mesures; il en possé- dait 200 autres par achat, le chapitre de Notre-Dame à Anvers en avait reçu 200 en don de sa majesté et les 300 autres avaient été données à Coberger avec la seigneurie de Groenland. La petite Moere contenait 300 et une mesures 148 verges, y compris les terres enclavées du métier de Ber- gues, qu'on devait employer pour opérer le dessèchement, et qui appartenaient à divers propriétaires; lesquels con- tinuèrent à posséder leurs biens à condition de payer une certaine rétribution pour l'amélioration qu'elles avaient subie par le dessèchement de cette Moere. Lorsqu'en 1646 l'armée française se trouvait devant Furnes, ceux de Dunkerque, craignant d'être assiégés et croyant que l'ennemi pourrait tirer grand profit des approvisionnements que renfermaient les fermes de la Moere, ils ouvrirent, le 4 Septembre, l'écluse dite de Coberger, et inondant ainsi une partie de la Flandre maritime par le refoulement des marées, les Moeres furent si subitement mises sous les eaux , que les habitants purent à peine se sauver. Beaucoup se sauvèrent sur les toits de leurs maisons, d'où ils furent délivrés au moyen de bateaux. Toutes Digitized by 48 les maisons et les fermes s'écroulèrent successivement et les belles plantations d'arbres périrent par l'eau salée. Le problème de la mise en culture de ces marais avait été résolu par Coberger, et dès qu'on jouit d'un peu de paix, on songea de nouveau au dessèchement.

En 1664, Jean Van Stryne , grand commerçant d'Anvers, prit des arrangements avec les anciens propriétaires des Moeres, pour mettre ces terres à sec à ses frais, moyennant d'en avoir l'usufruit jusqu'en 1670, et d'en avoir ensuite le bail durant vingt-six autres années, au prix de 50 sols la mesure. Cette convention ne fut jamais exécutée. Au mois de Juin 1669, Louis XIV devenu maitre de toute la Flandre, concéda les Moeres à ses ministres Colbert et Louvois. Plusieurs ingénieurs furent mis à l'ouvrage pour mesurer les profondeurs et pour désigner la place que devait occuper la nouvelle digue de circonvallation, l'ancienne ne pouvant plus servir; mais, soit qu'ils fussent effrayés des dépenses et des travaux auxquels 11 fallait se livrer pour opérer le dessèchement, soit que la continuation de la guerre les en détournât, ils ne donnèrent aucune suite à cette concession.

Le 23 Février 1716, Monsieur le marquis de Canillac et madame la marquise de Maisons devinrent à leur tour concessionnaires des Moeres, mais plus de quarante ans s'étant écoulés sans que les travaux qu'ils avaient com- mencés permissent une espérance de succès, une compagnie à la téte de laquelle figurait monsieur le comte d'Hérouville, sollicita et obtint des lettres patentes de Louis XV, qui révoquèrent toutes concessions antérieures et lui en octroyèrent une nouvelle par lettres patentes du 12 novembre 1738, rendues sur arrêt du conseil du 10 octobre précédent. Le conseil-d'état avait déjà rendu, le 1 février 1746, un avis favorable sur cette affaire, et avait Digitized by ordonné de lever les plans et de dresser un devis estimatif des ouvrages à exécuter. Cette pièce qui renferme plusieurs dates et des renseignements curieux sur l'exécution de ce grand ouvrage mérite d'être conservée en entier. « Sur la requête présentée au Roy en son conseil , par Antoine de Ricoîiart, comte d'Herouville de Claye , maré- chal des camps et armées de sa Majesté et chevalier de l'ordre militaire de saint Louis : contenant, que dans l'étendue de la châtellenie de Bergues et sur les confins de celle de Furnes, il se trouve deux lacs, appelés les grande et petite Moere, qu'il serait possible de dessécher, en y employant beaucoup de frais et de soins : que les terres couvertes par les eaux de ces deux lacs , ayant été desséchés en conséquence d'un traité et octroy des archiducs Albert et Isabelle, du 22 Avril 1619 et de lettres patentes de Philippe quatre, Roy d'Espagne, du 8 août 1622. Elles furent partagées, en 1627, entre le Roy et les particuliers, qui en avaient entrepris le dessèchement; et ils en ont joui jusqu'en 1646, qu'elles furent de nouveau mises sous l'eau, à l'occasion de la guerre. Que les sieurs Colbert et de Louvois, obtinrent le don de ces Moeres, par lettres-patentes du mois de Juin 1669, à condition de faire le dessèchement dans le courant des années 1670 et 1674. Ce qu'ayant négligé de faire, la dame marquise de Maisons et le sieur marquis de Canillac, auraient aussi obtenu le don de ces mêmes terres par lettres-patentes du 23 février 4746, à la charge entre autres, d'en faire achever le dessèchement dans le terme de six années, à compter du jour que le chenal du canal de Mardick , serait suffisamment approfondi; mais que le sieur Marquis de Canillac et la dite dame de Maisons, ont négligé depuis 1746 de profiter de la grâce que le Roy leur avait faite, quoique le canal de Mardick fut achevé de creuser dès le commencement de l'année 1717 et le radier de l'écluse posé d'environ quatre pieds plus bas que la laisse de bassemer en vive-eau, ce qui faisait plus de profondeur qu'il n'en fallait pour exécuter le dessèchement des dites Moeres: et que la grâce accordée à la dite dame Marquise de Maisons et au sieur Marquis de Canillac, étant devenue caduque, faute par eux de n'avoir pas profité dans le délai de six années, porté par les dites lettres patentes: au moyen de quoi, sa Majesté est aujourd'hui en état de disposer des dites Moeres, ainsi qu'elle le jugera à propos : requérait à ces causes le suppliant, qu'il plût à sa Majesté, en révoquant les lettres précédemment accordées aux feux sieurs de Louvois et Colbert, au mois de Juin 1669 et celles accordées au sieur marquis de Canillac et à la dame de Maisons, qui seront déclarées de nul efFet et devenues caduques, faute de l'exécition d'icelles, dans les temps prescrits et sur les offres faites par le suppliant, de faire faire et achever le dessèchement de la grande et petite Moere, dans les termes de six années, à compter du jour de l'enregistrement des lettres qui seront expédiées sur l'arrêt qui interviendra, lui faire concession perpétuelle, pour lui, ses hoirs et ayant-causes, à titre de fief et d'arrentement: le dit fief, titre de Marquisat, avec tous droits de haute, moyenne et basse justice: la dite justice ressortissant mémement au parlement de Flandres, de toutes les terres actuellement couvertes d'eau et qui forment les deux lacs appelés grande et petite Moere, à la charge de tenir le dit Marquisat en fief de sa Majesté, à cause de son domaine de Bergues, lui en rendre foi et hommage, aveu et dénombrement et lui en payer les droits ainsi qu'il est porté par la coutume; et en outre, à la charge d'une rente et rédevance annuelle de cent florins, payable au Digitized by 48 domaine de Bergues, avec faculté néanmoins au suppliant et ses réprésentants d'aliéner, à tel prix, clauses et conditions que bon lui semblera, à titre de fief ou d'ascensement, tous les fonds desdites Moeres, à la réserve seulement de cinquante mesures, qui formeront le domaine utile dudit Marquisat, y demeureront inséparablement unies et ne pourront être aliénées séparément dudit Marquisat, sans que pour raison des aliénations qui seraient faites desdites terres et autres, que lesdites cinquante mesures à titre de fief ou de roture , avec retenue de la directe au profit du dit Marquisat: sa Majesté ni ses officiers, puissent prétendre aucun droit, ni que les terres fussent revenues dans la direction immédiate de sa Majesté. »

Réquerant en outre, que pour faciliter au suppliant les moyens de faire faire le dit dessèchement et de peupler les dits fonds d'habitans pour les cultiver, il plaise à sa Majesté, déclarer tous les dits fonds ensemble, ceux qui viendront habiter dans l'étendue des dites Moeres, exempts de toutes impositions réelles , personnelles et mixtes, pendant le temps et espace de vingt-cinq années, à eompter du jour de l'enregistrement des lettres qui seront expédiées sur l'arrêt qui interviendra, sans préjudice néanmoins des droits des quatre membres de Flandre, qui seront payés à la manière accoutumée par les habitants des Moeres: ordonner pareillement que sll vient par la suite à être établi des églises paroissiales dans l'étendue des dites Moeres, le suppliant y aura tous droits de patronages; et en conséquence, le droit de présenter aux cures et que les curés et autres ministres préposés à la déserte des dites églises, seront tenus de se contenter pour tous droits de dlme, du quarantième des fruits décimables, qui se recueil- lera dans Tétendue de leurs dites paroisses: ordonner que les terres adjacentes aux Moeres, exposées à l'inondation, et qui en souffrent du dommage, seront estimées par experts, convenus entre les propriétaires des dites terres et le suppliant, ou nommés d'office et qu'après le dessèchement, il en sera fait une nouvelle estimation dans la même forme et que les propriétaires seront tenus de payer au suppliant la somme dont leurs héritages seront améliorés, si mieux n'aiment en céder la propriété au dit suppliant; à la charge par lui de leur rembourser comptant et en un seul paiement le montant de la première estimation , ce qu'ils seront tenus d'opter dans la quinzaine du jour de la sommation qui leur en aura été faite après la seconde estimation; faute de quoi, ils en demeureront déchus et l'option déférée au suppliant; comme aussi, en cas que le suppliant et ses représentants soient obligés d'acheter quelques terres hors de l'étendue de leur concession, soit des particuliers, soit dès communautés ecclésiastiques ou séculières, qui soient nécessaires pour parvenir audit dessèchement, ou a la conservation des terres desséchées, les propriétaires seront tenus de les lui vendre au prix qu'elles seront estimées de gré à gré, si faire se peut; si non, par experts. Que le suppliant ne sera contraint de recevoir dans l'étendue desdites Moeres les eaux étrangères, qui n'ont pas actuellement leur écoulement dans la Moere.

« Que le suppliant, les ayant-causes , pourront user libre- ment et sans empêchement du droit de se servir pour l'écoulement des eaux des dites Moeres, de toutes les écluses, canaux et bouches de mer, qui sont dans l'étendue du pays de Flandres ; qu'il sera permis au suppliant et à ses ayant-causes, d'établir sur les canaux qui seront creusés dans les pays desséchés, telle navigation qu'ils jugeront à propos; comme aussi, d'y établir des foires et marchés , pourvu qu'il n'y en aie pas les mêmes jours à quatre lieues à la ronde et que les octrois et autres lettres I. 4 80 patentes des archiducs et rois d'Espagne, concernant l'ancien dessèchement des Moeres, seront exécutés en faveur du suppliant, ses hoirs et ayant causes, dans tous les points et articles où ils ne se trouveront pas contraires à l'arrêt qui interviendra; et ordonner, que pour l'exécution d'icelui, toutes lettres nécessaires seront expédiées. Vu la dite requête et les lettres de concession y énoncées, ouï le rapport du sieur de Machault, conseiller ordinaire au conseil royal, contrôleur-général des finances: Le roi étant en son conseilla déclaré et déclare les lettres de concession des grande et petite Moere, précédemment accordées aux feux sieurs Colbert et De Louvois , au mois de Juin 1669, ensemble celles accordées au sieur Marquis de Canillac et à la dame de Maisons, caduques et de nul effet; faute par les dits concessionnaires, d'avoir usé du bénéfice de la dite concession dans les temps prescrits par icelle. Fait sa Majesté concession au suppliant, à perpétuité pour lui, ses hoirs, successeurs et ayant-causes, à titre de fief, d'arrentement de toutes les terres actuellement couvertes d'eau, appartenantes à sa Majesté et qui forment les deux lacs appelés grande et petite Moere, pour les tenir en fief de sa Majesté, à cause de son domaine de Fergues, sous la redevance de cent florins de rente, payable au dit domaine de Bergues et a la charge par le suppliant de faire et parachever le dessèchement des dits lacs dans six années, à compter du jour de l'enregistrement des lettres patentes qui seront expédiées sur la dite concession. « Ordonne sa Majesté, qu'avant que le dit sieur d'Herouville puisse faire aucuns ouvrages pour le dit dessèchement, il sera par celui ou ceux qui seront commis par le sieur ntendant et commissaire départi en Flandres, dressé un plan figuratif des dites Moeres et des terrains adjacens et inondés, ensemble de ceux sur lesquels il faudra ti?-, pour parvenir audit dessèchement et ensuite dressé des devis et estimations desdits ouvrages à faire -, comme aussi, que la requête sera communiquée aux châtelenies de Bergues et de Furnes, aux propriétaires des terres adjacentes inondées et à tous ceux que le dit sieur inten- dant et commissaire départi, jugera avoir quelques intérêts opposés, pour être par lui dressé procès-verbal des dites réquisitions et contestations des parties ; et pour le tout , envoyé au conseil avec son avis, être ensuite statué par sa Majesté, ainsi qu'il appartiendra. «Fait au conseil-d'état du Roy, sa Majesté y étant, tenu à Versailles, le premier février mil sept cent quarante-six. «Collationné par nous subdélégué-général de l'Intendance de Flandres, à Anvers, le 44 juin 1746. Signé: Massaut.» A Monsieur de Sechelle, conseiller-d'état, intendant de Flandres et des armées du Roy. Le Comte (d’Herouville de Claye, maréchal des camps et des armées du Roy, chevalier de Tordre militaire de saint Louis, vous remontre, Monsieur, qu'il a obtenu de sa Majesté des lettres patentes le premier du mois de février de la présente année, par lesquelles sa Majesté en déclarant les lettres de concession des grande et petite Moere, précédemment accordées aux feux sieurs Colbert et de Louvois, au mois de juillet 1669, ensemble celles accordées au sieur de Ganillac et à la dame de Maisons , caduques et de nul effet; faute par lesdits concessionnaires, d'avoir usé du bénéfice de la dite concession dans les temps prescrits par icelles ; a fait concession au suppliant a perpétuité pour lui, ses hoirs , successeurs et ayant-causes , à Signé: d'Argenson. titre de fief, marquisat et d arrentement, de toutes les terres actuellement couvertes d'eau, appartenantes à sa Majesté et qui forment les deux lacs appelés grande et petite Moere, pour les tenir en fief de sa Majesté, à cause de son domaine de Bergues , sous la rédevance annuelle de cent florins de rente, payable audit domaine de Bergues et à la charge par le suppliant de faire parachever le des- sèchement desdits lacs dans six années, à compter du jour de l'enregistrement des lettres patentes , qui seront expédiées sur ladite concession; et comme par les dites lettres de concession, il est ordonné que le suppliant ne pourra faire aucuns ouvrages pour ledit dessèchement avant qu'il ait été par nous dénommé une personne à l'effet de dres ser un plan figuratif desdits Moeres et des terrains adjacens inondés, et sujets à l'inondation, ensemble des terrains sur lesquels il faudra travailler, pour parvenir audit dessèchement; qu'il serait ensuite dressé des devis et estimations des ouvrages à faire; comme aussi, que la requête sur la- quelle les lettres de concession dont s'agit ont été obtenues, serait communiquée aux magistrats de Bergues et de Furnes, aux propriétaires des terres adjacentes inondées et à tous ceux que vous jugeriez avoir des intérêts opposés , pour être par vous dressé procès-verbal, des dites réquisitions et contestations des parties, pour le tout, rapporté au conseil, être par sa Majesté statué ainsi qu'il appartiendra; Le suppliant qui se propose de profiter de l'effet desdites lettres de concession, se retire vers vous, à ce qu'il vous plaise en conformité desdites lettres, dénommer tel arpenteur-juré, ou autres personnes capables, que vous jugerez convenable et qui prêtera le serment en vos mains, à l'effet de lever un plan exact des deux Moeres, des terres y adjacentes inondées et des héritages et terrains sur lesquels on sera obligé de travailler, pour parvenir audit dessèchement; 53 de même que pour dresser relativement audit plan un devis des ouvrages qui seront jugés nécessaires; en outre, ordonner que la requête du suppliant contenue en l'expositif des dites lettres de concession, sera communiquée aux magistrats de Bergues, à ceux de Furnes et à tous autres qui pourraient être intéressés par ledit dessèchement: en déclarant que dans le cas où les dites significations ne pourraient être faites aux personnes ou domiciles, on pourra y procéder par affiche à la brétèque, suivant l'usage du pays, autorisant pour ce le premier huissier-royal requis; et attendu, qu'il doit aux termes dudit arrêt , être dressé un procès-verbal des moyens des parties et même des oppo- sitions s'il en intervenait: il réquiert encore, qu'il vous plaise de subdéleguer à l'effet d y procéder pour ce fait et le tout à vous renvoyé en être référé au conseil au désir desdites lettres de concesssion. Quoi faisant etc. Signé: d'Herouville de Claye. Vu la présente requête et les lettres de concession y mentionnées, nous, en conformité des dites lettres de con- cession, avons dénommé et dénommons le sieur Gabriel Cocquart, arpenteur, ci-devant inspecteur-général des bâtimens et domaine de la comté d'Eu, à l'effet de lever le plan des deux Moeres , des terres adjacentes inondées , de celles qui seront améliorées et soulagées par l'effet du dessèche- ment des dites Moeres et des terres et héritages sur lesquels on sera obligé de travailler pour parvenir audit dessèche- ment; de même, que pour dresser relativement audit plan un devis des ouvrages nécessaires. Ordonnons en outre, que la requête du suppliant, sera communiquée aux magis trats de Bergues, à ceux de Furnes, et à tous autres qui dourront être intéressés par ledit dessèchement, aux personnes et domiciles, dans le 'cas où il sera praticable et à la brétèque, suivant l'usage du pays dans tous les autres cas , pour produire leurs réponses pardevant le sieur De Hau, notre subdélegué de la Flandre-maritime, que nous avons commis à l'effet de recevoir le serment dudit sieur Crocquart , au cas requis; et de dresser procès-verbal de la présentation desdits plans et devis, et des moyens des parties, même des oppositions s'il en intervenait: le tout au désir des dites lettres de concession, qui seront exécutées selon leur forme et teneur. Déclarons qu'en cas d'empêchement légitime dudit sieur De Hau, le sieur De Hau de Staplande, notre subdélegué à Bergues , lui sera subsitué pour les mêmes fonctions, à l'effet des présentes, sans qu'il soit besoin d'autre ordonnance que de la présente. Fait à Anvers, le 9 Juin 1646. Est comparu par devant nous subdélegué de la Flandre-Maritime, le sieur Gabriel Cocquart, arpenteur, ci-devant nspecteur-général des bâtiments et domaine de la comté d'Eu, lequel en exécution de l'ordonnance ci-dessus de monsieur De Sechelle, conseiller d'état, intendant de Flandres , et des armées du roi , a prêté entre nos mains le serment de bien et fidèlement procéder à la levée du plan y mentionné , appartenance et dépendance. Fait à Bergues, le 8 Juillet 1646.

Un obstacle politique s'opposa à la réalisation de l'exécution des plans projetés par d'Herouville. La totalité des Moeres n'était plus sous la domination française; diverses Signé: De Sechelle. Signé: De Hav. parties formant ensemble environ 2800 mesures étaient cédées, parle traité d'Utrecht, aux Pays-Bas Autrichiens, et dès lors la compagnie d'Herouville dut demander des lettres-patentes à l'impératrice Marie-Thérèse. Le magistrat de la châtellenie de Furnes fut consulté et il n'opina pas favorablement, sous prétexte que le dessèchement occasionnerait des épidémies par l'exhalaison fétide que produirait le fond de ces marais. Malgré ces réclamations, la cour de Bruxelles donna un octroi en faveur de l'entreprise de M. d'Herouville, et des commissaires furent envoyés sur les lieux pour indiquer la délimitation entre les deux pays.

Voici l'octroi accordé, par Marie-Thérèse, tel qu'il se trouve dans un registre des archives de Furnes intitulé: Register onthoudende eenigfœ besondere archive*, der stede ende casselrie van Veurne :

« Marie-Thérèse, par la grâce de Dieu, impératrice des Romains, reine d'Allemagne, de Hongrie etc., etc., à tous ceux qui ces présentes lettres verront salut. Nous avons reçu l'humble supplication et requête du comte d'Herouville de Claye … lieutenant-général des armées du roi très-chrétien, contenant: qu'ayant obtenu de S. M. Très-chrétienne l'octroi pour dessécher les lacs des Moeres, situés sous sa domination, il nous suppliait de lui faire dépêcher un pareil octroi pour la partie des- Moeres sous notre domination et attendu les grands frais qu'il a déjà faits et qu'il devra encore faire pour parvenir au dit dessèchement, de lui accorder aussi les articles suivants.

Article premier. Que notre boq plaisir serait de lui donner, céder et transporter dès à présent et à toujours la propriété de toutes les terres qui nous appartiennent dans les lacs des Moeres situées et enclavées dans notre ehâtellenie de Furnes, pour en jouir, user et disposer pour lui, ses héritiers ou ayant cause, sans pouvoir en être dépossédé par qui que ce soit, pour quelque cause, occasion, ou sous quelque prétexte que ce puisse être, à condition de faire par le dit comte d'Herouville le dessèchement des dits lacs à ses frais et sans aucune répétition contre nous et ce dans le terme de quatre années sur le pied que nous lui ferons prescrire.

Art. 2. Que les dites terres seront et demeureront érigées en sa faveur en seigneurie , avec haute, moyenne et basse justice, avec ce qui en dépend, sous le nom de la seigneurie de Moerlandt; laquelle seigneurie avec cinquante mesures de terre pour le gros du fief le dit comte d'Herouville tiendrait relevant de nous et de notre chambre légale, à foi et hommage, sous la redevance annuelle de cinquante livres du prix de quarante gros, monnaie de Flandre, la livre, payable à notre recette générale de notre pays rétrocédé et au relief ordinaire de dix livres parisis et vingt sols parisis de chambellage a chaque mutation, sans que le dit comte d'Herouville, ses héritiers ou ayant cause puissent être tenus des droits du dixième ou autres, en cas de vente, échange ou transport.

Art. 3. Qu'à l'égard des terres inondées et couvertes par les eaux dans l'étendue des Moeres , dont la propriété appartient à des communautés ou particuliers, il nous plaise ordonner pour indemniser ledit comte d'Herouville des dépenses auxquelles il sera obligé , qu'il aura la jouis- sance pleine et entière desdites terres pendant le temps de vingt-cinq années , à compter du jour que le dessèchement sera achevé, avec tous les droits en dépendant; qu'en conséquence il ne pourra être troublé dans ladite jouissance par aucun des propriétaires ou créanciers , en vertu de quelque titre que ce puisse être, sauf à eux à se 57 pourvoir à l'expiration des dites vingt-cinq années, ainsi qu'ils le trouveront convenir.

Art. 4. Que les propriétaires des terres des Moeres qui voudront y rentrer à l'expiration des dites 25 années de jouissance, seront tenus de contribuer au remboursement et entretien des machines , servant et nécessaires à l'essuie- ment journalier des Moeres , afin que chaque propriétaire ne soit tenu de payer qu'au prorata de ses occupations , qu'ils seront aussi tenus de prendre et rembourser audit comte le prix des bâtiments qui seront jugés nécessaires à l'exploitation de leurs terres comme ils se trouveront alors existant.

Art. 5. Qu'afin que la justice soit administrée à ceux " qui habiteront les dites terres , il sera permis audit comte de nommer, pourvoir et commettre un bailli , un lieutenant- bailli, une cour féodale à plein banc de sept échevins et autres officiers nécessaires pour l'exercice de la dite justice, laquelle sera exercée par lesdits officiers sur toutes les terres des Moeres qui se trouveront sous notre domination.

Art. 6. Que lesdits juges ainsi établis seront tenus de suivre et se conformer dans leurs jugements à nos ordonnances et édits et aux coutumes de la ville et châtellenie de Furnes, lesquelles coutumes, ensemble celles de la cour féodale dudit Furnes, en ce qui concerne les fiefs, seront suivies et observées comme la loi municipale dans toute l'étendue de la dite justice, tant au fait des successions, qu'es autres matières.

Art. 7. Que le dit comte d'Herouville , ou ses ayant- cause et ceux qui habiteront les dites Moeres, seront exempts tant des impositions , qui seront faites en exécution de nos ordres, soit à titre d'aides ordinaires, extraordi- naires ou autrement, sur les terres voisines, que des droits établis par les états de Flandre, pendant le terme de 40 années , ensemble des tonlieux pour tout ee qui sera du cru desdites terres , à Finstar des exemptions ci-devant accordées par les archiducs aux habitants des Moeres, par l'article 23 de l'octroi du 22 avril 1619 et par les lettres patentes du 8 Janvier 1620.

Art. 8. Que les dites terres feront un territoire séparé et indépendant d'aucune châtellenie , lequel territoire sera contribuable après les dites 40 années d'exemption avec la dite châtellenie de Fumes, sans que toutefois le dit territoire sera alors dépendant de la dite châtellenie.

Art. 9. La permission d'établir dans le dit territoire des foires et marchés, pourvu qu'il n'y en ait point les mêmes jours à quatre lieues à la ronde.

Art. 10. Le droit de vent et d'eau.

Art. 11. Que pour la subsistance des curé et vicaire et clerc, ensemble pour l'entretien de l'église, qui sera construite dans l'étendue des Moeres, il sera imposé au lieu de dismes usitées au dit pays de Flandre, dont les habitans des dites terres seront exempts à perpétuité, quatre patars chaque année par mesure de terre labourable et deux patars par mesure de prairie ou pâturage, conformément à la délibération des anciens habitans des Moeres, approuvée et autorisée par le conseil des finances, établi à Bruxelles, le 18 janvier 1642.

Art. 12. Qu'après le dessèchement il sera permis audit comte d'Hérouville et à ses réprésentants d'aliéner les terres qui leur appartiendront, à toutes personnes, même aux étrangers faisant profession de la religion catholique, apostolique et romaine, à tel titre, prix, clauses et conditions que bon leur semblera, à la reserve toutefois de 50 mesures qui formeront le gros du fief de la susdite seigneurie.

Art. 13. Qu'il sera ordonné que si le cessionnaire , ses 59 héritiers ou ayant cause , sont obligés d'acheter quelques terres hors de l'étendue de leur concession, soit des particuliers , soit des communautés , pour parvenir au dessè- chement et même à la conservation des terres desséchées, les propriétaires seront tenus de les leur vendre au prix qu'elles seront estimées par arbitres ou commissaires, qui seront délégués par nous, si les parties ne peuvent en convenir sans que le refus d'acquiescer au jugement des dits arbitres ou commissaires, puisse retarder les ouvrages nécessaires, lesquels pourront être faits immédiatement après la consignation des sommes auxquelles la valeur des dites terres aura été réglée.

Art. 14. Qu'il sera permis au concessionnaire de refaire et relever l'ancien Rynckslot ou digue de ceinture, sur Je pied que cela a été fait lors de l'ancien dessèchement.

Art 15. Que la consistance et l'étendue des Moeres relativement au territoire de la châtellenie de Furnes sera constatée authentiquement et fixée par Nous.

Art. 16. Que s'il survenait des discussions sur l'exécution des ouvrages, relatifs au dessèchement, ou sur la propriété des terres, notre bon plaisir soit de nous en reserver la connaissance, ou de déclarer qu'il sera nommé des commissaires pour en décider.

Et le dit comte d'Herouville nous ayant très humblement supplié de lui dépêcher, pour ce que dessus, nos lettres patentes en forme, savoir faisons qu'inclinant favorablement à la dite supplication et demande, nous avons de notre certaine science et propre mouvement par avis de nos très chers et féaux les trésorier-général, conseillers et commis de nos domaines et finances, à la délibération de notre très cher et féal cousin Charles, comte du St-Empire romain de Cobenzl, baron de Proseek, St-Doniel, Mossa et Eestenbourg, seigneur des seigneuries de Hasberg, Steenberg, Loitsch, Lueg, Reiseniz, Isernico, Flambrouzzo et Sivigliano; grand-échanson héréditaire du duché de Carniole et de la Marche des Vandales; grand fauconnier héréditaire et grand porte-plat du comté de Gorice, chevalier de Tordre de la Toison d'or, chambellan, conseiller-d'état intime actuel et ministre plénipotentiaire pour le gouvernement général de nos Pays-Bas, en l'absence de notre très cher et très aimé beau-frère et cousin , Charles-Alexandre, duc de Lorraine et de Bar, de Calabre, de Gueldre, de Montferrat, de Tesscben en Silésie, prince de Charleville, marquis de Pont-à-Mousson et Nomeny, comte de Provence, de Vaudemont, de Blanckenberghe Zutphen, de Saarwerden, de Salin, de Falckenstein, etc. etc. chevalier de l'ordre de la Toison d'or, maréchal des armées du St-Empire Romain et des nôtres, colonel d'un régiment d'infanterie, lieutenant gouverneur et capitaine-général de nos Pays-Bas, permis et permettons par les présentes au dit comte d'Herouville, de faire travailler au dessèchement des Moeres situées sous notre domination et lui accordons de plus les faveurs et avantages suivans, savoir: Nous donnons, cédons et transportons au dit comte d'Herouville, dès à présent et à toujours, la propriété de toutes les terres qui nous appartiennent dans les lacs des Moeres situées et enclavées dans notre châtellenie de Furnes, pour en jouir, cesser et disposer par lui, ses héritiers ou ayant-cause sans qu'il pourra en être dépossédé par qui que ce soit, pour quelque cause, occasion ou sous quelque prétexte que ce puisse être, à condition que le dessèchement desdits lacs se fera à ses frais et sans aucune répétition contre nous et ce dans le terme de quatre années, sur le pied que nous trouverons convenir de lui prescrire et sans obligation de notre part à aucune garantie, au cas que quelqu'un voulut lui disputer la propriété des dites terres, mais sera le suppliant tenu de soutenir à ses risques, frais et périls les procès qui pourraient s'élever sur la dite propriété.

2. Permettons que les dites terres soient et demeurent érigées en sa faveur en seigneurie, avec haute, moyenne et basse justice et ce qui en dépend sous le nom de la seigneurie de Moerlandt, à charge de tenir la dite seigneurie avec 50 mesures de terre pour le gros du fief, relevant de nous et de notre chambre légale de Flandres, à foi et hommage, de payer annuellement à notre recette générale du pays rétrocédé la somme de 50 livres, du prix de 40 gros monnoye de Flandres la livre, à titre de reconnaissance et au relief ordinaire de dix livres parisis et vingt sols de chambellage à chaque mutation, sans que lui ou ses héritiers et ayant-cause soient tenus au droit de dixième ou autres en cas de vente, échange ou transport.

3. Notre intention est que pour indemniser le dit comte d'Herouville des dépenses auxquelles il sera obligé, il ait pendant le temps de vingt-cinq ans, à compter du jour que le dessèchement sera achevé, la jouissance pleine et entière des terres inondées et couvertes par les eaux dans l'étendue des Moeres, dont la propriété appartient à des communautés et particuliers , avec tous les droits en dépendant. Voulons en conséquence qu'il ne puisse être troublé dans ladite jouissance par aucun propriétaire ou créancier, en vertu de quelque titre que ce soit, soit sauf à eux à se pourvoir à l'expiration des dites vingt-cinq années, ainsi qu'ils le trouveront convenir. Déclarons aussi que les propriétaires des terres des Moeres qui voudront y rentrer à l'expiration des dites vingt cinq années , seront tenus de contribuer au remboursement et à l'entretien des machines servant et nécessaires à Tessuiement journalier des dites terres des Moeres dont la répartition sera faite sur toutes les terres des dites Moeres, afin que chaque propriétaire ne soit tenu qu'au prorata de ses occupations, qu'ils seront aussi tenus de prendre et rembourser audit comte d'Herouville ou ayant cause le prix des bâtiments, qui seront jugés nécessaires à l'exploitation de leurs terres comme ils seront alors existants. Permettons également que pour l'administration de la justice sur les terres des Moeres, qui se trouvent sous notre domination, il nomme et commette un bailli, un lieutenant-bailli, une cour féodale à plein banc de sept échevins et autres officiers nécessaires pour l'exercice de la dite justice. Bien entendu que les dits juges ainsi établis, seront tenus de suivre et de se conformer dans leur jugement aux ordonnances et édits émanés et à émaner de notre part, et aux coutumes de notre ville et châtellenie de Furnes, lesquelles coutumes comme aussi celles de la cour féodale du dit Furnes, en ce qui concerne les fiefs, seront suivies et observées, comme la loi municipale dans toute Tétendue de la dite justice, tant au fait des successions qu'ès autres matières. Déclarons que le dit comte d'Herouville, les ayant-cause et ceux qui habiteront les dites terres seront, pendant le terme de 40 années, à commencer du jour que le dessèche- ment sera achevé, exempts de toutes impositions, qui seront faites en exécution de nos ordres, ou de notre part, soit à titre d'aide ordinaire ou extraordinaire, ou autrement sur les terres voisines, ainsique de nos droits de tonlieu , pour tout ce qui sera du cru des dites terres. Consentons que les dites terres, après le dessèchement, cessent d'être dépendantes d'aucune de nos châtellenies, bien entendu cependant, qu'après les dites 40 années d'exemption, ce même territoire sera contribuable avec notre châtellenie de Furnes , sans que le dit territoire soit alors dépendant de la dite châtellenie.

9. Comme aussi qu'il pourra établir dans ledit territoire des foires et marchés, pourvu qull n'y en ait point les mêmes jours à quatre lieues à la ronde. 40. Accordons audit comte d'Herouville , ses hoirs , successeurs et ayant cause la permission d'ériger sur le terrain de la dite Moere jusques à 25 moulins à vent. Permettons aussi que pour la subsistance des curé, vicaire et clerc ainsi que pour l'entretien de l'église, qui sera construite dans l'étendue des Moeres , aulieu de dixmes, dont nous exemptons les habitants des dites terres à perpétuité, il soit imposé chaque année quatre pattars par mesure de terre labourable et deux pattars par mesure de prairie ou pâturage. Nous consentons pareillement qu'après le dessèchement le dit comte d'Herouville et ses représentons pourront aliéner les terres qui leur appartiendront à toutes personnes, même aux étrangers, faisant profession de la religion catho- lique et romaine à tel titre, prix, clauses et conditions que bon leur semblera, à la réserve de 50 mesures, qui formeront le gros du fief de ladite seigneurie et bien entendu aussi, que cette permission d'aliéner ne pourra pas avoir lieu à l'égard des mains mortes. Au cas que pour parvenir au dessèchement et même à la conservation des terres desséchées, ledit comte, ses héritiers ou ayant cause soient obligés d'acheter quelques terres hors de l'étendue de celles que nous lui cédons, soit des particuliers, ou dès communautés, nous voulons que les propriétaires les leur vendent au prix qu'elles seront estimées par des arbitres ou commissaires à dénommer par nous, si les parties ne peuvent en convenir de gré à gré sans que le refus d'aquiescer au jugement desdits arbitres ou commissaires puisse retarder les ouvrages nécessaires, lesquels pourront se faire immédiatement après la consignation des sommes auxquelles la valeur desdites terres aura été réglée. Déclarons en outre qu'il sera permis au dit comte de refaire et relever l'ancien Rynckslot, ou digue de ceinture, sur la partie orientale , enclavée dans notre châtellenie de Fumes, de façon cependant, qu'il aura une communication a celui à construire sur la partie occidentale, enclavée dans la châtellenie de Bergues, afin de procurer par ce moyen un avantage égal aux terres adjacentes du territoire de la châtellenie de Fumes, comme â celles de la châtellenie de Bergues, par un écoulement commun à la station de leurs eaux vers Dunkerque. Nous déclarons au reste que nous ferons faire incessamment les dispositions nécessaires pour constater et fixer la consistance et l'étendue des Moeres relativement à notre châtellenie de Furnes. Finalement, nous décfarons, que nous reservons la con- naissance des discussions qui pourront survenir sur l'exécution des ouvrages relatifs au dessèchement ou sur la propriété des Moeres et qu'il sera nommé des commissaires pour en décider sous notre agréation. Nous nous réservons néanmoins sur toutes les terres men- tionnées dans les présentes le droit de souveraineté et de régale et de tout ce qui en dépend et les avons éclissées et séparées , éclissons et séparons par ces présentes des autres parties de nos domaines quant à la propriété pour en laisser jouir le dit comte d'Herouville, ses hoirs, successeurs et ayant cause, en propriété absolue, comme dit est, et afin que cette cession aux clauses et conditions ci-dessus, soit de plus de force et valeur et qu'elle puisse sortir son plein et entier effet, nous avons promis en parole d'Impératrice et Reine et promettons par ces présentes, pour nous, nos hoirs et successeurs, inviolablement les garder et entretenir et par tous nos officiers et autres qu'il appartiendra les faire garder, maintenir et observer et qu'ils n'iront directement ni indirectement, ni ne souffriront que qui que ce soit aille au contraire sous quelque prétexte que ce puisse être. Autorisons en outre par ces présentes, nos conseillers fiscaux et notre province de Flandre de se deshériter en notre nom et de notre part des dites terres qui nous appartiennent dans les lacs des Moeres, situées et enclavées dans notre châtellenie de Fumes et d'en adhériter ledit comte d'Herouville. Si donnons en mandement à nos très chers et féaux les chefs , présidents et gens de nos privé et grand conseils, à ceux de notre conseil des finances, président et gens de notre conseil en Flandre, à ceux de notre chambre des comptes et à tous autres nos justiciers, officiers et sujets, à qui ce regardera, que de la cession et transport desdites terres, aux charges et conditions selon et en la forme et manière que dit est, ils fassent, souffrent et laissent ledit comte d'Herouville, ses hoirs, héritiers, successeurs ou ayant cause, pleinement et paisiblement jouir et user sans leur faire, mettre ou donner, ni souffrir leur être fait, mis ou donné aucun trouble ou empêchement; au contraire, en procédant par lesdits de nos finances et de nos comptes, à la vérification et entérinement de ces dites présentes, selon leur forme et teneur, sans contredit ni difficulté, nonobstant que par les ordonnances ci-devant faites sur la conduite de nos domaines et finances, soit entre autres interdit et défendu de vendre ou aliéner telles et semblables parties de nos biens, héritages, domaines et finances, ce que nous voulons aucunement préjudicier audit comte d'Herouville, ses hoirs, successeurs , ou ayant cause. Ains les avons relevés et relevons par ces présentes et par icelles déchargé lesdits de nos finances et de nos comptes et tous autres qu'il appartiendra , des sermens par eux prêtés, sur l'entretenement et observance des dites ordonnances, demeurant icelles néanmoins en tous autres Digitized by 67 points et articles en leur pleine force et vigueur, non ob- stant aussi quelconques de nos ordonnances, restrictions, mandemens et défenses à ces contraires, car ainsi nous plait-il. En témoignage de ce nous avons fait mettre notre grand scel à ces présentes, données en notre ville de Bruxelles le quatorzième jour du mois de Juillet l'an de grâce 4760 et de nos règnes le vingtième. Signé: N°. V 1. Par l'impératrice reine, son excellence le ministre plénipotentiaire pour le gouvernement général des Pays-Bas , messieurs le baron de Cazier, trésorier général, Louis de Keerle, Henri de l'Escaille, conseillers et commis des domaines et finances de Sa Majesté et autres présens. Signé le baron de Lados et scellé du grand scel de sa Majesté, pendant à queue de parchemin en cire rouge. »

Le premier ouvrage à exécuter était la construction de la digue de circon vallation, dite Ringsloot, à la partie est des marais, ouvrage des plus importants, puisqu'il s'agissait de l'écoulement des eaux des terres contigues et de celle de la Moere même. Le comte d'Herouville demanda une nouvelle autorisation pour l'exécution de cet ouvrage, autorisation qui lui fut accordée par le gouverneur général des Pays-Bas, le 5 Juillet 4762, aux conditions suivantes: 4° Que le travail sera dirigé de façon qu'il y aura com- munication avec la digue de cireonvallation de la partie ouest, enclavée dans la châtellenie de Bergues, afin de procurer par ce moyen un avantage égal aux terres adjacentes du territoire de la châtellenie de Fumes, comme à celles de la châtellenie de Bergues, par un écoulement commun de leurs eaux vers Dunkerque. Digitized by 68 2° que l'opération faite par les commissaires de S. M. k 6 Août 1760, pour constater l'étendue des Moeres, fixera les limites de la châtellenie de Furnes, relativement à ces lacs. 3° Que conformément à la dite opération les terres qui doivent servir à l'emplacement du Ringsloot, et celles qui y seront enclavées, demeureront sous la jurisdiction de la châtellenie de Furnes et seront cotisables comme les autres terres de la châtellenie. 4° Que le comte d'Herouville sera obligé de procurer aux habitants de la châtellenie, sans aucun frais de leur part, le passage libre pour l'exploitation de ces terres. 5° Que s'il arrive que l'excavation qu'il se propose de donner au fossé ne soit pas proportionnée à la facilité qu'exige l'écoulement des eaux, le comte sera responsable des dommages et intérêts qui en résulteront et qu'il devra l'approfondir convenablement à ses frais. 6° Que l'entretien de ces fossés sera toujours à charge du comte d'Herouville ou de ses successeurs. Ces conditions ne contentèrent ni le comte d'Herouville ni le magistrat de Furnes, et les réclamations de part et d'autre ne discontinuèrent pas. Cependant d'Herouville avait fait creuser une partie du nouveau fossé et la digue de circonvallation était à peu près achevée a la fin de 1764, lorsque des digues venant à se rompre par la violence des eaux, qui inondèrent beaucoup de terres voisines, de nouvelles plaintes furent faites au gouvernement et par les particuliers et par le magistrat de Furnes. Dès lors l'exaspération fut grande contre le comte d'Herouville, qui , de son côté, fit continuer les ouvrages sans trop s'inquiéter des griefs qu'on mettait à sa charge. Des dommages-intérêts furent exigés à plusieurs reprises par ceux qui avaient souffert du débordement des eaux et le comte Digitized by 69 fut même condamné à payer une certaine somme aux intéressés. Malgré toutes ces contrariétés, d'Herouville fut assez heureux de voir terminer les travaux du dessèchement et il s'empressa d'annoncer cette bonne nouvelle au ministre de Cobenzell, à Bruxelles, par la lettre suivante:

Bergues, le 14 Juin 1766. Monsieur, L'opération du dessèchement des Moeres que votre Excel- lence a bien voulu honorer par sa protection, est enfin heureusement terminée, les deux Moeres sont entièrement à sec. J'ignore si j'ai quelques formalités à remplir encore, j'espère que votre excellence aura la bonté de me donner ses ordres à ce sujet. La position de mes machines m'ayant obligé à faire mes magasins de bois , mes forges et une briqueterie sur la partie française, je me trouve aujourd'hui dans le cas de payer les droits pour les faire passer sur les terres de la domination de sa Majesté l'Impératrice reine , où j'ai beaucoup de censés à bâtir. Les dépenses excessives que les contrariétés civiles, militaires et politiques m'ont contraint de faire pour le dessèchement des Moeres me forcent aujourd'hui à la plus grande économie. Si j'osais supplier votre excellence de vouloir bien apprêter aux bon- tés dont elle m'a honoré jusqu'ici, celle de m'accorder une exemption de droits pour, un temps limité, pour tous les matériaux que je dois employer à la construction de mes censés, ainsi que pour les ustensils de labeur et de ménage que j'y ferai transporter, attendu que ne pouvant trouver dans l'année le nombre de bons censiers nécessaires pour les affermer, je serai obligé de faire cultiver mes terres Digitized by 70 pour mon propre compte pendant quelque temps. Si je puis obtenir l'exemption que je prends la liberté de deman- der a son Excellence, je puis l'assurer que je tiendrai la main à ce qu'il n'en soit fait que l'usage le plus nécessaire. La côte septentrionale de la grande Moere est bordée par une plaine élevée, formée d anciennes dunes, très sabloneuse et très stérile, elle s'étend sur la partie française dans la paroisse de Gyvelde et continue dans le Fumes- Ambachtsur la paroisse d'Adinkerke; il m'a paru qu'avec de la dépense et le voisinage des Moeres, il serait possible de tirer quelqu'utilité et quelques fruits de cette terre. J'en ai parlé à M. Vander Meersch, landhouder de Furnes, oserais-je espérer que son Excellence voudra bien me faire connaître ses intentions à ce sujet. Je pars pour Paris ou je serais bien heureux, si elle voulait m'y honorer de ses ordres et me charger de ses commissions. J'ai l'honneur etc. Signé: dHerouville.

Cette lettre fut bientôt suivie d'un mémoire envoyé de Paris au gouvernement belge, le 12 juillet suivant. « Il y a sur les conGns des dominations françaises et autrichiennes, en Flandre, entre la grande Moere et le canal qui va de Dunkerque à Furnes, une plaine, dont une moitié est de la châtellenie de Bergues et l'autre de celle de Furnes, qui a environ une lieue de longeur, sur à peu près un quart de lieue de largeur, laquelle est inculte, sablonneuse et parait formée par d'anciennes dunes. Il serait possible de mettre ce terrain en valeur, soit en y semant et plantant du bois, soit en y faisant quelques pâturages dans les parties qui en seront le plus susceptibles. Mais, outre que les dépenses à faire pour cet objet pourraient être considérables et les fruits incertains et éloi- gnés, il y a une autre raison qui y met un obstacle encore plus puissant. Suivant ce qu'on appelle le transport de Flandre, qui est l'ancien cadastre du pays , sur lequel sont reparties toutes les impositions , toutes les terres doivent payer ; mais les propriétaires ont la liberté quand leurs terres ne leur produisent pas assez pour les dédommager des frais de culture, et des taxes quelles doivent supporter, de les abandonner à la paroisse, dont la communauté est obligée dans ce cas de payer les impositions pour ces terres abandonnées, sauf à elles à en tirer les fruits qu'elles peuvent produire. La paroisse de Gyvelde, qui est la dernière de la domi- nation du roi de ce côté-là, qui fait partie de la châtellenie de Bergues et qui dans son étendue comprend beaucoup de ces terres incultes , se trouve tous les ans surchargée par l'abandon de ces terres dont elle paie sa quote-part sans en tirer aucun profit. Cependant il y a encore des parties de ces terrains ari- des que plusieurs propriétaires n'ont pas eu la liberté d'abandonner à la paroisse , parce qu'ayant fait de tous tems une seule et même propriété avec d'autres terres voisines , qui sont bonnes et bien cultivées , les propriétaires ne pourront abandonner la mauvaise partie de leurs terres , sans abandonner en même temps la bonne à la paroisse. C'est la loi du pays. Ainsi ils sont forcés d'en acquitter les impositions; mais en même temps ils ne sont tenus de les payer que sur le pied de deux ou trois mesures. Je propose de mettre ces terres en valeur , soit en y semant ou plantant différentes espèces de bois, dont la consommation nè peut être que fort considérable par le voisinage de la mer, en y faisant des pâturages propres 72 à y élever des moutons et surtout des chevaux. En général l'espèce en est bonne en Flandre, principalement quand les maquignons achètent les poulains fort jeunes et les font passer en Normandie. L'on pense qu'en donnant aux poulains des pâturages moins gras , que ne sont ordinairement ceux de Flandre , on y élèverait des chevaux plus vigoureux et dont les pieds se formeraient mieux qu'ils ne le sont aujourd'hui. Pour me dédommager des grandes dépenses que je serais obligé de faire pour mettre ces terres en valeur , je deman- derais. 4° Que le roi voulut bien me faire don en toute propriété de toutes les terres appartenant à sa Majesté et qui se trou- vent entre le village de Gyvelde, la grande Moere, la limite des deux dominations et les terres cultivées qui sont au nord de la pleine de Gyvelde. 2° Que les terres abandonnées à la paroisse me fussent données de même. 3° Qu'il fut libre aux particuliers , communautés et même aux mineurs, propriétaires des terres, dans cette partie inculte, de me les céder de gré et non autrement. 4° Que toutes les dites terres qui m'appartiendraient, à ces différents titres , seraient annexées à la seigneurie du château des Moeres , et jouiraient des même* privilèges et exemptions accordées aux terres et aux habitants des Moe- res. Les dites terres des Moeres sont exemptes de toutes impositions pendant 40 ans. 8° Que les dites terres cependant continueront d'être de la paroisse de Gyvelde pour le spirituel. 6° Que pendant les quarante années d'exemption dont jouiront lesdites terres, la paroisse ou communauté de Gyvelde sera déchargée du paiement auquel elle est tenue et obligée aujourd'hui, pour raison des dites terres. 7° Qu'après l'expiration des 40 années, le»dites terres recommenceront de contribuer au paiement des tailles et impositions avec la paroisse des Moeres , sur le pied de deux mesures de terre de la plaine de Gy velde , pour une mesure de terre de l'ancien lac des Moeres. 8° Qu'au surplus mes propositions seront communiquées aux bourgmestre et échevins de la ville et châtellenie de Bergues, ainsi qu'à l'hoofdman et officiers de Gyvelde. A Paris le 12 Juillet 1766. Signé: d'Herouville. Le magistrat de Fumes ne s'opposa pas aux propositions de M. d'Herouville, mais il demanda que la chasse de la plaine à cultiver restât libre , que le demandeur ne pût y bâtir aucune maison ni ferme à l'usage des exploiteurs des Moeres , afin de ne pas grèver la table des pauvres de la paroisse d'Adinkerke, et qu'enfin il serait conservé des chemins pour communiquer facilement entre les villages et les propriétés attenantes. D'Herouville rencontra de fortes oppositions, pour l'exécution de son projet , de la part de la régence d'Adin- kerke, de M. Duchatel de Bertevelt et d'autres particuliers qui étaient en possession des meilleures parties de la plaine à défricher; oppositions d'autant plus vives que tous les riverains de la Moere élevaient encore des prétentions pour dommages contre le marquis d'Herouville. Les Moeres étaient loin d'être dans l'état prospère où elles s'étaient trouvées lors du dessèchement de Coberger et cependant les entrepreneurs n'avaient épargné ni peines , ni argent. Un moulin mu au moyen du feu fut construit non loin de Bergues pour faire écouler les eaux vers Dun- kerque ; mais cette machine ne satisfaisant pas au but qu'on s'était proposé, d'autres moulins à vent furent élevés, entre 5. Bergues et Hondschote, pour faire évacuer les eaux par le Moervaert. Ceux qui étaient intéressés dans l'entreprise, firent entre eux le partage des terres desséchées. L'acte de ce partage fut passé à Paris, le 30 Janvier 1767 , par devant le notaire Luideguive et les parts furent distribuées comme suit: M. de Duc de Chaulne Mesures 840-0-00 Le même comme acquéreur du chev. d'Arcy 410-0-00 M. De Vintinulle 94-0-00 L'abbé Hervagault 300-0-00 M 0,,e d'Herouville 403-2-57 M. Kavanac 50-0-00 M. Quirenet 504-0-00 L'abbé Marquet 50-0-00 M. Giros 50-0-00 M. Lalouette 100-0-00 Le Comte d'Artagneau 100-0-00 M. Foullé: . . . . 100-0-00 M. Taquet 50-0-00 M. De Clerac 50-0-00 M. Denis 50-0-00 M. Coutois 100-0-00 M. De Monge 150-0-00 Mesures 3101-2-57 Une nouvelle rupture de la digue de circonvallation eut lieu en décembre 1770 et occasionna l'inondation de beaucoup de terres à l'entour de la grande Moere; des plaintes furent faites au gouvernement et la compagnie française songea sérieusement à se défaire de son entreprise, qui rapportait bien peu de chose à cause de la difficulté continuelle de l'écoulement des eaux, qui causaient le plus grand dégât aux fruits. Une nouvelle compagnie, dite Courtois, qui avait mo- mentanément tenu, à titre de bail, de la société d'Herouville , une partie des Moeres, obtint d'elle, en 1771, la vente de 1025 mesures appelées aujourd'hui les milles mesures, appartenant à M. le comte Du Maisnil, demeurant à Lille. En 1779, après s'être entendu avec M. Henri Vander Mey, avocat, demeurant à la Haye, la compagnie d'Herou- ville fit la rétrocession au gouvernement belge, des 1,700 mesures restantes des Moeres belgiques, qui, par lettres patentes du H mai 1780 les céda au dit Van der Mey. Ces 1,700 mesures sont actuellement la propriété de M. le comte De Chastenet Puysegur, demeurant à Beugny, près de Tours. Quant au surplus des 8,000 mesures, elles composent maintenant les Moeres françaises, dont M. Van der Mey avait également obtenu des lettres de concession du roi de France, et appartiennent maintenant à divers. Après dix ans d'essai et de pertes pour parachever le dessèchement, la compagnie Courtois afferma les milles me- sures à Messieurs Hervvyn, frères, pour un espace de douze ans, par bail en date du 23 Juin 1781. Ces messieurs ont continué de les occuper au même titre jusqu'en 1816. Monsieur Van der Mey, à son tour , imita l'exemple de la compagnie Courtois , de sorte que par deux baux, l'un du 24 Décembre 1787 et l'autre du 16 Mai 1789, il afferma également les 1700 mesures à MM. Herwyn, frères, qui les ont exploitées jusqu'en 1824.

En 1793, les événements politiques enlevèrent aux frères Herwyn tout ce qu'ils possédaient dans les Moeres jusqu'à leurs bestiaux et leurs instruments aratoires. Lors du siège de Nieuport, les terres desséchées furent recouvertes par l'eau salée , qui, en quelques jours, détruisit plus de 35,000 pieds d'arbres de la plus belle venue et presque toutes les habitations furent renversées. Ces malheurs ne purent décourager les entrepreneurs ; persuadés qu'il suffisait que le gouvernement connut leurs pertes, pour qu'il les aidât à les réparer , ils empruntèrent des capitaux pour reprendre leurs travaux et parvinrent à rendre à la culture une partie des terres qui étaient sous les eaux. Depuis les époques respectives indiquées ci-dessus y que MM. Herwyn ont cessé l'exploitation des Moeres belgiques, divisées en plusieurs fermes, affermées à autant de locataires , les propriétaires respectifs font exécuter directement pour leur propre compte tous les travaux nécessaires au dessèchement. Ils emploient à cet effet deux moulins hydrauliques à vis d'Archimède, et pour les 1700 mesures on fait fonctionner une machine à vapeur de la force de douze chevaux. L'ancienne digue de circonvallation ou Ringsloot, entoure encore les Moeres. La digue a près de sept verges de largeur et indépendamment de cette digue, il en existe encore d'autres à l'intérieur du lac, primitivement établies pour opérer successivement le dessèchement. Les eaux se déchargent encore dans la mer par l'écluse de Coberger , placée sur le chenal du port de Dunkerque. Pour effectuer tous les dessèchements dont nous avons parlé, il a fallu construire des moulins à palettes et à vjs d'Archimède, qui élevassent les eaux à la hauteur de sept à huit pieds , niveau des terres voisines, ouvrir un large canal qui peut recevoir les eaux et les conduire dans les canaux de navigation; entrecouper le terrain d'une immen- sité de petits fossés et établir des digues à Tentour de cette vaste plaine , pour empêcher l'eau d'y entrer. Le lac est depuis longtemps desséché, mais il n'est pas moins exposé aux inondations partielles, lorsqu'il survient de grandes Digitized by 77 pluies par une stagnation de vent qui empêche les moulins de manœuvrer. Les Moeres sont traversées par plusieurs chemins, crées par les propriétaires sur leur propre terrain , provenant tant de la concession primitive du lac que des acquisi- tions particulières faites des terres adjacentes. Ces chemins ne s'étendent que jusqu'à la grande digue. Toute la superficie est divisée en parties, ou cavels, de 60 à 65 mesures, séparées par de larges fossés et subdivisées en parcelles de cinq et de deux mesures et demie de terre. Dans chacune des propriétés des 1000 et des 1700 mesures il existe une maison de maître, indépendamment des grands bâtiments servant à l'exploitation des fermes et autres maisons. Les plantations consistent en peupliers , ormes et frênes; le peuplier est l'arbre, qui par sa rapide sève, parait le mieux approprié au sol. Le sol se compose de terre glaise , sablonneuse et tour- beuse, sans néanmoins contenir de combustible. La nature consiste en pâtures, prés, terres labourables et oseraies. Les principaux fruits qu'on y récolte sont le blé, le seigle, l'avoine, les fèves, les vesces, les treffles, le soucrillon, le colza, la camomille et le lin. Nous avons cru indispensable, pour l'intelligence de ce Mémoire, de donner le plan des Moeres desséchées, telles qu'elles sont actuellement. Nous avons dressé ce plan, en partie d'après celui qui fut dressé pour le partage de la partie française, en 1767, et en partie d'après le plan qu'en donne Sanderus dans sa première édition de sa Flandre illustrée. Lorsque Sanderus publiait cette édition, Coberger opérait le premier dessèchement et il n'y a pas de doute que l'illustre chanoine d'Ypres n'ait vu les plans d'après lesquels travaillait Coberger, car comment se serait-il hasardé à publier les plans d'un terrain qui était sous les eaux? Il a indiqué dans son plan jusqu'aux moulins hydrauliques qui ont servi à ce premier dessèchement. Le dessèchement des Moeres de Furnes ne serait pas si admiré, si le fond était à peu près de niveau avec les autres terres environnantes. Il est sept pieds plus bas que ces terres et il a fallu par conséquent avoir recours aux ma- chines hydrauliques. Presque toute la Hollande septentrionale a été reconquise sur les eaux; la Zype, le Purmer, le Beemster, le Wormer, sont des lacs desséchés, dont Fécoulement se fait régulièrement dans le Zuyder-Zee. Le lac de Harlem qu'on desséche actuellement, écoulera ses eaux dans la mer du Nord par un canal, et l'on ne rencontrera pas les mêmes difficultés qu'ont surmontées Coberger, d'Herouville et les frères Herwyn, lorsqu'ils durent faire écouler vers Dunkerque les eaux si profondes des Moeres.

BIOGRAPHIE DE WENCESLAS COBERGER.

Wenceslas Coberger (4) naquit à Anvers de parents fortunés, vers le milieu du seizième siècle. Dès son enfance il donna des marques de son goût prononcé pour les beaux-arts et il s'adonna tout à la fois au dessin et à l'architecture. Il étudia la peinture sous Martin De Vos, qui avait passé plusieurs années en Italie , et finit par se rendre lui-même à Rome, où il se perfectionna sous les maîtres les plus habiles. De Rome il se rendit à Naples et y fit la connaissance d un Brabançon nommé Franco, dont il épousa la fille. De retour dans sa patrie, l'artiste Anversois s'établit à Bruxelles. Ses talents lui valurent les titres de conseiller domestique, de peintre et de premier architecte des archiducs Albert et Isabelle. Les principaux grands ouvrages exécutés d'après les plans de Coberger, sont l'église de Notre-Dame de Montaigu, qu'il bâtit sur le plan de St-Pierre à Rome. Il parait avoir montré heaucoup de désintéressement dans la bâtisse de cette église, puisqu'il avança des fonds qui

(1) Presque tous les écrÎTains qui se sont occupés de ce personnage ont écrit Coe berger; Paquot est le seul qui a écrit Coberger, et je crois qu'il a raison, car dans les actes publics ce nom est toujours écrit de cette manière. Voir les Placards de Brabant, tome III, page 175 et suite.

ne lui furent remboursés que plusieurs années plus tard. Ce fait est constaté par un compte, où il est dit: « A Wensel Coberger, surintendant général des monts-de- piété, pour remboursement des sommes payées par lui, depuis huit à neuf ans , pour les peintures des six chapelles, en l'église Notre-Dame de Montaigu, 6,000 livres (1). » Cet édifice, qui coûta plus de trois mille écus d'or, ne fut terminé qu'en 1625. On avait employé douze ans à le bâtir. Il construisit aussi l'église des Augustins à Bruxelles, le mont-de-piété à Gand et plusieurs autres édiûces à Louvain, à Anvers et ailleurs. Il donna les dessins de la plupart des ornements du château et des fontaines de Tervueren. Mais le projet le plus vaste qu'il conçût et flt exécuter, fut le dessèchement des Moeres ou lacs d'eaux stagnantes , situés entre Furnes, Bergues et Dunkerque. Nous avons parlé , dans le Mémoire qui précède, de la part que prit Coberger à l'exécution de ce vaste projet, nous pourrions ajouter encore, qu'il se montra fort désintéressé dans le partage qui fut fait après le dessèchement. Il avait obtenu le titre de seigneur des Moeres avec la moitié des terres, qui certes devaient lui procurer une subsistance des plus honorables. Tout cela ne le tenta pas, il céda sa part et son titre à des particuliers et à des couvents, moyennant des sommes modiques et cela pour que les terres fussent mieux cultivées. La pension accordée par les archiducs à leur architecte et ingénieur montait à Ï500 florins par an; le compte de l'an 1609 nous l'apprend: « A Wensel Coberger, (1) Le compte de Liéûn Wonten (A. la chambre des comptes à Lille). architecte et ingénieur de leurs Altesses, pour ses gages de 125 florins par mois, 1,500 florins (1). » Ce qui a acquis à Coberger un nom immortel , c'est la part qu'il prit à l'institution des Monts de piété en Belgique. Cet homme, vrai philanthrope, avisa tous les moyens possibles pour soulager le sort des malheureux, qui, poussés par la nécessité, tombaient entre les mains d'usu- riers qui finissaient par les ruiner totalement. Les archiducs et leur conseiller Coberger s'assurèrent avant tout de la légalité du prêt fait dans les Monts de piété. Us consultèrent l'archevêque de Malines , Matthias Hovius et Tévéque d'Anvers, Jean Malderus, qui donnèrent un avis favorable pour la légalité de la nouvelle institution projetée. Le projet fut bientôt réalisé; les archiducs, par deux décrets, l'un du 9 Janvier 1618, l'autre du 14 Janvier 1619, défendirent tout prêt fait parles particuliers et érigè- rent les Monts de piété sous la direction de Coberger , qui obtint le titre d'intendant-général de toutes les fondations de ce genre en Belgique. Le premier des Monts de piété fut fondé à Bruxelles par la libéralité des archiducs, en 1619. D'autres villes se virent aussi bientôt dotées de pareilles institutions; Anvers et Malines en 1620, Gand enJ622^ Ath en 1624, Tournai, Bergues, Valenciennes et Cambrai en 1625, Bruges, Lille et Douai en 1628, Namur en 1621, Courtrai en 1630, Bergues-St-Winoc en 1633 (2). Ce fut Coberger qui contribua par son zèle et son activité à toutes ces érections ; aussi lui donna-t-on le nom d'Atlas de ces monts, calembourg qui paraîtra ridicule aux uns et honorable aux autres, qui ne considé-

(1) Rolle des noms, gages et pensions des conseillers, ministres et autres officiers de leurs altesses sérénissimes, fait en Tan 1609.

(2) Chrystin, Délices des Pays-Bot , tome I, page 128.

reront que le jeu de mots relativement aux grands services rendus par celui qui en fut le sujet. Par ordonnance des mêmes archiducs, tous les Monts de piété furent déclarés comme ne faisant qu'une même institution (1). Cette ordonnance parait ne pas avoir plu à tout le monde, car il parut la même année 1621 un ouvrage flamand ayant pour titre: Apologia, ofte bescherm- redenen teghen het kekelen der onredelycke vyanden ende ooek teghenraeders van de Berghen van Bermhertigheyt, mitsgaders vertooeh aen de redelycke persoonen, aengaende de voorghenoemde Berghen, ontanckx opgerecht in de Nederlandsche provincien onder de ghehoorzaemheyt van haere doorluchttgste hoogheden, door Wenceslas Coebergher .... in vermaeckelyke didit ghesteld door Amator Pietatis. Mechelen, A. Jaye, 1621 , in-4°, pages 58. Paquot remarque fort bien que le titre de cet ouvrage semble indiquer qu'il vient d'une autre main. Les connaissances de Coberger étaient très-variées; il était grand amateur de la numismatique et était particulièrement estimé pour cette science par l'archiduc Albert. Il a laissé un ouvrage manuscrit sur les arts et les sciences qu'il cultivait. Cet ouvrage, dont on ignore le sort , était divisé en quatre parties; la première traitait de l'architec- ture, la seconde de la peinture et de la sculpture, la troisième des statues des faux dieux , et la quatrième des médailles de bronze, de Jules César à Gallien. L'année de la mort de cet homme tout philanthrope est incertaine, Foppens (2) dit qu'il mourut en 1630, âgé de 70 ans , et qu'il fut enterré chez les Pères Recollets ,

(1) Plac. du Brabant, tome III, page 180.

(2) BM. Bel,., tome H , pf° 1162. à Bruxelles, dans la chapelle de Notre-Dame de la Portioncule, où l'on voyait avant le bombardement de 1693, par les Français, l'épitaphe suivante: HIC JACET SEPULTUS DNUS WENCESLAUS DE COEBERGER, EQUES AURA TU 8 , TOPARCHA S. ANTONII , ARCHIDUCUM ARCHITECTES, ET MONTll/M PIETATI8 IN BELGIO t GENERALIS, MORTUUS An NO H D C XXX. Cependant , M. Gachard se fondant sur un compte de l'an 1635 9 fixe la mort de Coberger au 23 Novembre 1634 (2). Ce qui nous fait présumer que l'épitaphe rapportée par Foppens a été copiée fautivement, ou a été placée plusieurs années après la mort de celui en l'honneur de qui elle fut érigée. Elle nous apprend du moins que celui dont elle recouvrait les cendres avait eu l'insigne honneur d'être décoré de l'ordre de la Toison d'or, si non pour sa naissance, au moins pour ses grands mérites. Van Dyck peignit le portrait de Coberger, qui fut gravé en grand par L. Voestermans, avec cette inscription: Wenceslaus Coeberger, prœfectus generalis Montium pietatis Bruxellis, Mberti Jrchiducis quondam Pictor humanarum figurarum. Ce portrait le représente âgé d'au moins 60 ans, d'une stature très-grande, le front large et élevé, la barbe épaisse et louchant un peu de l'œil gauche.

(2) Trésor national, tome I, page 180. 84 On fit en son honneur ces vers: Quœ valido unius molimine Cobergert Fiunt, non hominis crede sed esse Dei. Imposuit montem monti, ceu Pelion Ossœ, Jtque gigantceum sternit ad astra viam. Erroj piam sternit; valeat Titania pubes: t Quœritur hic pietas, sed pietate Deus. Nunc minus est migrare lacus et cedere terrœ: Montes qui movit, nonne movebit aquas? Il eut plusieurs enfants, dont l'un, Jacques, fut capitaine au service de Philippe IV et se fit ensuite chartreux. Le jésuite Jacques Wallius lui dédia, à l'occasion de sa première messe, une élégie intitulée: Jacobo Cobergher è régis catholici militis, in qua cohartem duxerat, ad Carthusianum ordinem nuper transgresso, nunc etiam triumphalem hostiam Deûm Deo ad aras primum offerenti. 'Deux vers de cette élégie Tu patrios, ut ne patriœ non utilis esses, Jdmisso undantes œquore perdis agros. font allusion à l'inondation des Moeres, desséchées par son père et qu'il mit sous les eaux en ouvrant les écluses de Dunkerque, pour se défendre contre l'ennemi.

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Pauwel Heindericx – De drooglegging van de Moeren  

1620. De twee Moeren die tussen de steden van Veurne en Sint-Winoxbergen naast elkaar liggen zijn al sinds eeuwen ver in de tijd twee reusachtige waterpoelen geweest, gevuld met stilstaand water die op sommige plaatsen een diepte heeft van 1,5m tot 2m. De stank en de kwade damp die het brak water veroorzaakt kan onmogelijk gezond zijn voor de mensen die in de omgeving wonen. De Moere in het oosten kennen de mensen als de Grote Moere terwijl de plas aan de westkant de Kleine Moere voorstelt. Met uitzondering van een hoeveelheid vis van slechte smaak brengen de Grote en de Kleine Moere weinig profijten voor de omwonenden.

Er zijn hier al vaak verstandige lieden en ingenieurs naar deze gewesten afgezakt om metingen uit te voeren aan de Moeren. Ze wensen de diepten te weten in een poging om die reusachtige plas droog te leggen. Maar is nooit iets van terechtgekomen tot een zekere Wenceslaus Coebergher, hoofdintendant van de liefdadigheidsinstelling de ‘Bergen van Barmhartigheid’ in de Nederlanden het plots in zijn hoofd krijgt om de drooglegging op eigen kost en verantwoordelijkheid te laten uitvoeren. Coebergher sluit een deal met Albrecht en Isabella; als hij er in slaagt zullen ze de drooggelegde gronden 50/50 met elkaar delen. Dat is bepaald intelligent gedacht, de Moeren zijn van niemand. Meer dan erveloze grond die al die pestdampen produceert die op hun beurt de gesel van koorts en ziekte verspreidt over heel Veurne-Ambacht.

Hoe de Moeren er visueel uitzien krijg ik ook te lezen: aanhoudende watervlakken met een waterspiegel die men als meren bevaren kon, ze lijken wel grenzeloos als de zee, vooral omdat er zich geen duinen aan de overkant bevinden en het wel lijkt of het water wegzinkt in de einder. In die watervlakken verheffen zich hier en daar kleine meerslanden begroeid met biezems, distels en dokkeplanten. De plassen verspreiden zich over een oppervlakte van 3.500 hectare. Als Coebergher er in slaagt om die stinkplas te transformeren tot vruchtbare landbouwgrond dan zal zijn broodje zeker gebakken zijn.

De voorbereiding van Coeberghers plannen dateren al van september 1617. Zijn ingenieur Bruno Van Cuyck begint dan al aan het afstaken van het ‘Ringslot’ om daarna te gaan uitbazuinen dat hij vanaf mei 1618 zal beginnen aan de werken. Het magistraat van Veurne-Ambacht kijkt argwanend toe. Na een bezichtiging van de geplande werken komen ze tot de vaststelling dat Van Cuyck zich naast de waterpartij ook nog om en bij de 1400 hectare landbouwgrond van Veurne-Ambacht zal toe-eigenen om zijn Ringslot te realiseren. Met inbegrip van 36 hofsteden waarvan sommigen toch wel hele schone lenen zijn.

Dat kan natuurlijk niet door de beugel! Veurnse gezanten haasten zich als de bliksem naar de Brussel om zich te verzetten tegen de plannen van Coebergher. De ‘Raad van Financiën’ buigt zich over de kwestie. Het blijkt dat de aannemer hen wel enigszins misleid heeft met zijn bewering dat de landen van de kasselrij die hij in zijn werken zou meenemen van kleine waarde waren omdat ze voortdurend bedorven werden door de wateren van de Moeren. Terwijl het magistraat nu pretendeert dat het wel gaat om waardevolle landbouwgrond. Wie nu het gelijk aan zijn kant heeft zal nu deel uitmaken van een grootschalig onderzoek en dat betekent meteen dat de geplande werken absoluut niet kunnen doorgaan in 1618.

Ook vanuit Bergen-Ambacht stromen er gelijkaardige klachten binnen. In 1619 beslist het hof dat de raadsheren van de Raad van Vlaanderen, Pieter Vanden Broucke en N. Stalins als commissarissen ter plekke moeten komen om de gronden te onderzoeken en conclusies voor te bereiden voor het hof. Dat heeft voor gevolg dat de palen van het Ringslot moeten verzet worden tot naast het Moerwater. Dat is toch het geval aan de zijde van Veurne-Ambacht. Aan de overzijde in Bergen-Ambacht blijkt de waarde van de lege en waterachtige gronden te verwaarlozen en blijven de palen netjes staan.

De werken van de drooglegging kunnen nu eindelijk van start gaan in 1620. De arbeiders beginnen de werken met het delven van een vaart die een verheven dijk krijgt, het is die hoge oever die men omschrijft als het ‘Ringslot’. Door die ingreep vloeit het water van de omliggende gronden niet langer naar de Moeren en krijgt dit enorme reservoir niet langer het overtollig grondwater uit de omgeving te verwerken.

Een tweede stap is nu het uitgraven van een diepe vaart, de Moerevaart die het water nu van de Moeren naar Duinkerke moet leiden. In Duinkerke is er een sluis voorzien om het water dan in de Noordzee te pompen. De infrastructuur in Duinkerke is bepaald indrukwekkend. Twee jaar later zijn de effecten van de werken al heel goed te zien. Grote oppervlakten van de Moeren staan al droog. Om de rest van het water nu nog weg te leiden graven de mannen nu wijde grachten dwars door de Moeren. Om het water uit de lege plaatsen op te halen gebruiken ze een aantal speciale werktuigen.

In 1622 vangt Coebergher aan met het delven van vaarten van het ene einde tot het andere uiteinde van het overgebleven moeras. Van een ‘vijver’ is er dan al geen sprake meer, er blijft alleen een modderige massa over. Naast de nieuwe kanalen komen er nu brede straten zodat er nu vervoer kan plaatsvinden. De grond wordt daarna door kleinere vaarten nog een keer in min of meer gelijke rechthoeken gesneden. Kavels van 200 m x 100 m. Maar liefst 20 windmolens die voorzien zijn van waterschroeven werpen nu de rest van het water in de omleidingsvaarten. Tot algemene bewondering is de superintendent er in geslaagd om de Veurnse Moeren droog te leggen.

De bewuste windmolens hebben dan ook nog een dubbele bestemming: koren malen en indien nodig ervoor te zorgen om nieuw water in de diepste kavels weg te pompen. Van typische landbouw te bedrijven op de gewonnen gronden is er in eerste instantie nog geen sprake. In de modder gooien ze massale hoeveelheden koolzaad zoals dat vaak gebeurt op waterachtige of nieuwe bedijkte polderlanden. Dat betekent voor het eerste jaar meteen een opbrengst. De eerste proef lukt wonderwel, de mannen van Coebergher oogsten een ongelooflijke hoeveelheid koolzaad. Na dat eerste succes blijken de drooggelegde gronden uiterst bekwaam te zijn om houtgewas en bomen te kweken, behalve waar er sprake is van deirink (turfgrond).

Het resultaat oogt al na enkele jaren verbluffend. De Moeren ondergaan een heuse metamorfose. Zeer schone dreven beklant met bomenrijen van zes of acht rijen breed met telkens lengte van honderden meters flankeren aangename boerenhoven en zeer vruchtbare boomgaarden. Ondertussen hebben de heer Coebergher en aartshertog Albrecht de grond verkaveld en conform de afspraken onder elkaar verdeeld. De superintendant krijgt de westelijke zijde van de Grote Moere, ook wel de ‘West-Moere’ genoemd. Dat gebeurt na lottrekking. Albrecht gaat lopen met de ‘Oost-Moere’ die nu natuurlijk ook de naam van ‘Konings-Moere’ toegemeten krijgt.

Coebergher bezit als heer alle rechten op de West-Moere. Hij kan er hoge en lage justitie organiseren en bezit alle autoriteit om het recht van verbeurte, van wind, jacht, vogelrie, visserij, bestaardgoed te regelen en er bovendien een pastoor aan te stellen. Beiden Moeren krijgen elk hun magistraat, een baljuw en hun griffiers zodat er justitie kan gebeuren. Tot in 1644 zal de magistraat van de Oost-Moere aangesteld worden op last van de koning zelf. Coebergher zelf zal in datzelfde jaar 1644 zijn rechtsgebied verpatsen aan de baron van Noirmont. De nieuwe eigenaar laat er al direct een kerk bouwen, de Onze-Lieve-Vrouwekerk.

In augustus is er sprake van een eerste misviering in de nieuwe kerk. Die wordt voorgedragen door Geeraard Fleurkin, een geestelijke van het klooster van Sint-Niklaas en de kapelaan van Houthem en voortaan de priester van de Moeren. Noirmont ontwikkelt een nieuwe agglomeratie in de buurt van de kerk. Nieuw aangelegde straten krijgen nog in 1645 veertig woningen en het ligt in de bedoeling om het geheel uit te bouwen tot een fraaie stad. Het valt me op dat de schrijvers het woord ‘zou’ in hun mond nemen. Ik kijk dan ook met belangstelling uit naar de verdere gebeurtenissen op dit nieuw stuk Westland.

Om nieuwe inwoners aan te trekken krijgen ze alvast een heel aanbod van vrijheden: zo moeten ze geen accijnzen betalen op bier en wijn. Ze krijgen vrijheid van maalrecht, slechtgeld, beestengeld en alle taksen die de Vlamingen van die tijd plegen te betalen. Verder zijn ze ook vrijgesteld om logies te verschaffen aan soldaten. Fraudeurs, mensen op de vlucht voor hun schulden en zelfs misdadigers die doodslag plegen hebben het recht om zich te gaan verstoppen in de kloosters van de Moeren. Een vrijheid die men echter in 1660 zal herroepen. De Moerenaars moeten relatief weinig bijdragen om hun pastoor te onderhouden en hun kerkelijke diensten te financieren.

Ze betalen geen tienden op hun landgewas. De kosten blijven beperkt tot 4 stuivers kerkrecht per gemet zaailand en de helft voor braakland. Dankzij al die schitterende voorwaarden en natuurlijk vooral te wijten aan de extreme vruchtbaarheid van het land zullen de Moeren op korte tijd goed bewoond zijn. Schone boerderijen, lusthuizen en weelderige boomgaarden schieten uit de grond. De speeltjes van rijke lieden uit Veurne en Sint-Winoxbergen die de Moeren plots als een topinvestering bekijken. Een van de voornaamste bouwmaterialen heeft men bij de hand. Met de grond kan men hier ter plekke een soort witgrijze bakstenen bakken.

Voor de eerste keer in de geschiedenis wonen hier mensen. Die ‘zou’ blijft door mijn hoofd spoken. Al die geweldige exploten zullen in 1646 een plotseling einde kennen. De kroniekschrijver laat het nu uitschijnen dat de Moeren in 1646 opnieuw kopje onder zullen gaan. En dat er bijgevolg sprake is van de periode voor en na dit jaar. De Jaarboeken van Veurne gaan dieper in op de namen van de eigenaars van de diverse percelen. Veel details wil ik daar zelf niet over kwijt. Het valt me wel op dat er sprake is van diverse eigenaars uit Antwerpen.

Anno 1621. Ik keer terug in de logica van de tijd. Ik moet mijn lezers helaas op hun honger laten over het al dan niet welvaren van de drooggelegde Moeren. Het land bevindt zich weer in volle beroering. Het twaalfjarig bestand tussen Spanje en de Verenigde Staten van Holland is afgelopen zonder dat er sprake is van een nieuw vredesverdrag. Op 9 april 1621 nemen beide partijen weer de wapens op. Adieu vrede en voorspoed. Het magistraat van Veurne neemt al onmiddellijk maatregelen om zijn inwoners te beschermen tegen roof en brand van vijandelijke ruiters. De heren nemen er zelf 25 in dienst om de zeekant te bewaken.

De cavaleristen komen onder het bevel van Geeraard Lennes. Enkele ruiters zullen logeren in het vervallen klooster van Ter Duinen. Er komt daar alvast een wachthuis en een stal voor de paarden. De rest van de mannen neemt zijn positie in rond de Kleine Vierboete bij Nieuwpoort.Ook hier bouwen ze een nieuwe paardenstal. De manschappen moeten nu dag en nacht het zeestrand in de gaten houden. Het magistraat treft nog meer maatregelen. Men stelt wachters op de torens van Oostduinkerke en Adinkerke die in geval van nood alarm kunnen klokken zodat de inwoners tijdig hun wapens kunnen grijpen en het land mee kunnen helpen beschermen tegen een onverhoedse inval van de vijand.

Een vreemd voorval brengt nog meer spanning teweeg. De dienstknecht van de abt van het klooster van Ter Duinen is in meningsverschil gevallen met zijn overste en is het afgestapt naar Sluis. Hij spant er samen met de Hollanders, de vijanden van het land om met bekwame middelen het klooster van Ten Bogaarde te komen beroven. Daarbij willen ze de abt gevangennemen en op rantsoen zetten. Voor hem kunnen ze zeker een substantieel bedrag krijgen. Ze trekken te scheep met een zeilboot, een pink volgestouwd met 30 mannen en landen tijdens de nacht op het strand van Koksijde. De knecht toont aan de Hollanders de weg die ze moeten nemen en neemt de voorpost. Maar zonder dat hij zijn plannen kan uitwerken grijpen de zeewachters de verrader bij de lurven. Of de Hollanders kunnen ontkomen is koffiedik kijken.

De knecht krijgt in elk geval loon naar werken. Op de 1ste juli 1621 eindigt hij zijn leven wanneer het magistraat hem laat opknopen. Nu de eerste poging van de vijand realiteit is geworden mogen ze zich in Veurne-Ambacht aan meer van dergelijke invallen verwachten. Het magistraat beslist dat een algemene wapenschouwing noodzakelijk is. Alle inwoners van parochies aan de zeekant die bekwaam zijn om wapens te dragen moeten zich op 26 juni 1621 komen aanmelden. Het betreft inwoners van de parochies van Adinkerke, Bewesterpoort, Sinte-Walburga en Koksijde. Ze dienen zich aan te bieden voor de monstering bij het oud klooster van Ter Duinen.

De mannen van Oostduinkerke, Ramskapelle, Sint-Joris, Wulpen, Booitshoeke krijgen hun wapenschouwing in Oostduinkerke zelf. Ze krijgen allemaal de opdracht om in geval van alarm op te rukken naar de plaats waar de huidige monstering nu doorgaat, ze zullen er gezamenlijk moeten voor zorgen dat de vijand geen inval kan plegen in Veurne-Ambacht. Wie zich niet laat zien mag zich in elk geval verwachten aan een grote boete.–

Verschijnt einde 2020 in deel 10 van ‘De Kronieken van de Westhoek’

 
De twee moeren die tusschen de steden van Veurne ende van Bergen St. Winnocx neffens elcanderen liggen, zijn sedert eeuwen altijdt twee lacken ofte poelen geweest. De selve waren vol van stilstaende water, die in sommige plaetsen tot vijf, ses ofte seven  voeten diepte hadt, ende door de quade dampen die er uut opreesen aen de menschen, welcke de omliggende prochien bewoonden, veel ongesontheden veroorzaeckten. De oosterse moere die men de Groote, ende de westersche, die men de cleene moere naemt, en  brochten geen ander profijt op, dan eene menichte visch van slechten smaeck.  Dickwijls hadden er reeds ingeniarissen ende verstandige mannen van alle gewesten gecommen omme de Moeren ane sien ende de dipten daer van te meten, ten eynde de selve drooch te leggen: maer niemant en hadt dat werck oyt durven aengaen, tot dat den heere Wenceslaus Coebergher, opperintendent van de Bergen van Bermherticheyt in de nederlanden, over eenigen tijdt, het selve t’sijnen coste aengenoen heeft.  Hunne hoocheden Albertus ende Isabella gaven hem daer toe octroy, onder voorwaerde dat den aennemer voor hun de helft vande voorseyde landen, toen sy drooch gheleyt waren, soude laten.  Den voorseyden opperintendent begon sijn ontwerp uut te doen leggen, door den ingeniaris Bruno van Cuyck, die in de maendt van september 1617, den omvangh daer hy het rinckslot wilde doen delven, afgestaeckt heeft. In den naervolghende meyemaendt,  liet hy overal de bestedingen der benoodichde delvingen voor ’t voornoemde rinckslot ende andere wercken vercondigen. Het magistraet van Veurnambacht, de plaetsen besichticht hebbende waer men voornemen was het rinckslot te maecken, bevont, dat den aennemer in sijn werck twee duysent negen hondert ses en  dertigh ghemeten een lyne ende ettelicke roeden lant van hunlieder casselrie medebegreep, daer onder ses en dertigh hofsteden, midtsgaders vele schoone leenen waren.  Om sulcx te beletten, sont het daerom terstont gesanten naer Brussel, omme aen de heeren vanden raedt van finantien ende aen degone vanen geheymen raedt, het bedrijf die den aennemer stont uut te voeren te kennen te geven.  De redenen waerom men sich jegens Coeberger’s plan versette, met de verbeteringen dieder aen dienden gebracht te zijn, gaf men in de camer van finantien by geschrifte over, met versoeck dat de voorseyde bestedinge soude belet zijn, ofte dat ’t magistraet daerom mochte gehoort worden in justitie, om sin gemeente naer recht en reden te helpen.  Den aennemer hadde H. Hoocheden ende de leden vanden Raedt van Finantien eenichsins misleyt: want hy hadt hun te knnen gegven dat de landen vande casselrie (die hy in sijn werck begreep) van cleene weerde waren ende gedeurichlick bedorven wierden door de wateren der Moeren. ’t Was om ’t tegenstrijdige te betoonen, dat de magistraet de weerde daer van deed prijsen ende die prijsien naer den genaemden raedt sont, waer door men sach wie ongelijck hadt.                          Dat verschil bracht te weeg, dat de bestedinge van ’t voornoemde werck tot ander stondt uutgestelt weirt. In dien tusschentijdt, hadden die van Bergenamacht oock hunne clachten, ten selven opsichte als hier vooren verhaelt is, tot Brussel gedaen, waer op datter van wege ’t hof ten jare 1619, Meester Pieter Vande Broucke, ende meester N.. Stalins, beyde raedtsheeren in den raedt van Vlaenderen, als commissarissen ter plaetse gesonden wierden omme de goederen te besichtigen ende van alles kennisse te nemen, midtsgaders het hof daer over in te lichten. Eyndelinghe hadt dit voor gevolgh, dat by last van ‘thof, de palen voor ’t rinckslot gestelt wierden neffens het Moerwater, maer in Berghenambacht wasser soo niet naegesien, vele leege ende waterachtige landen (van cleene weerde) voechde men aen de Cleene Moere.  In 1620 wiert de droochleggingh aengegaen. Men begon het werck met langst de moeren eenen vert te delven, die eenen verheven dijck hadde, den gonen men ’t rinckslot naemde. Door die schickinge was het water van de opperlanden opgehouden ende bleet in de Moeren te vallen. Verders wiertter noch eenen breeden ende diepen vaert gedolven, de Moerevaert genaemt, die van de Moeter totter stadt van Duynkercke liep, alwaer men een sluys maeckte om het water uut de moere door de voornoemden vaert af te trecken. Buytendies dede men noch verscheyde andere delvingswercken tot ‘teygenster ontwerp noodich.  Twee jaren naer dien, den meerderen vande Moere reeds drooge geleyt zijnde, wierdender tot beteren aflos der wateren seer veel wijde grachten dwars door de Moeren gedolven, ende, om het water uut de leege plaetsen op te ahlen ende in de nieu gedolven grachten te doen loopen, gebruyckte men menichvuldige wercktuygen.  Als wanneer het water bynae uut de Moeren getrocken was, plaetste men alsdan daer thien meulen seer constich ghemaeckt, die door den wynt in werckinghe gebracht, dagh ende nacht eene groote hoeveelheyt water ophaelden, om het selve in de bovengemelde vaerten te werpen.  Soo haest de Moeren ten vollen drooch begonnen  te zyn, saeyde men op den modder, sonder lantbau er aen te doen – eene soorte van coolsaet, 
 
Zie artikel over de moeren in Doos Gazette!!

Literatuur

Luc Devliegher, "De molens in West-Vlaanderen", Tielt/Weesp, 1984, p. 80-85 en 390-391 (Kunstpatrimonium van West-Vlaanderen, 9);
Lieven Denewet, "Geschiedenis, techniek en terminologie van de poldermolens in België", in: Molenecho's, XII, 1984, p. 8-20;
Jo De Schepper, "De Frans-Belgische Moeren: enkele gegevens aangaande de windgemalen", in: Monumenten en Landschappen, I, 1982, nr. 3, p. 45-48;
Dirk Bruneel, De Moeren: een historisch-geografische schets (1616-1827), in: De Franse Nederlanden - Les Pays-Bas Français, VIII, 1983, p. 94-115;
Herman Holemans, "Westvlaamse wind- en watermolens. Kadastergegevens 1835-1990. Deel 2. Gemeenten D-G", Kinrooi, Studiekring Ons Molenheem, 1994.
Jozef Ameeuw, "Molens van Veurne-Ambacht", Koksijde, De Klaproos, 2004, p. 55-57;
J. Van Buggenhout, "De Moeren en de overstromingen in Veurne-Ambacht", in: Bachten de Kupe, XXI, 1979, nrs. 4-5, p. 85-144;
R. Van den Haute, "Les Mpëres. Marais plusieurs fois asséchés et remis sous eau", in: Le Patriote Illustré, 17 april 1949;
Bortier, Pierre Louis Antoine, "Dessèchement des moëres par Cobergher en 1622", in: Journal de la Société centrale d'agriculture de Belgique, Bruxelles, Stapleaux, octobre, 1857.
G.K. Kockelberg, "Het droogmalen van de Moeren", in: Ons Molenheem, Opwijk, jg. 34, 2009, nr. 2, april-juni, p.27-30.
Lucien Van Acker, "Overstroming van De Moeren in 1793", Biekorf, jg. 92, 1992.